GAMIQ, Me Mom & Morgentaler, Grand Prix de guitare de Montréal, Psycho Riders, Sacré Talent!
Musique

GAMIQ, Me Mom & Morgentaler, Grand Prix de guitare de Montréal, Psycho Riders, Sacré Talent!

GAMIQ: GALA PROFESSIONNEL DANS UNE TRISTE INDIFFÉRENCE

Comme prévu, la deuxième édition du GAMIQ (Gala de l’Alternative Musicale Indépendante du Québec) fut le gala le plus professionnel de l’histoire de la scène locale. Or, malgré le travail d’arrache-pied des organisateurs, jamais nous n’avions vu une ambiance aussi froide lors d’un tel événement.

Pourtant, la mise en scène au Métropolis était aussi tape-à-l’oeil que réussie. Sur une impressionnante plateforme surélevée, Sunny Duval et son house band ont livré la marchandise, se lançant dans une pléiade de reprises des groupes couronnés dans la soirée. Même s’il faussait par moments (pas évident d’imiter Win Butler et Patrick Watson), Sunny était beau à voir lorsqu’il se prenait pour Jeanbart d’Omnikrom ou Marco Calliari. Dynamiques, les montages vidéo annonçant les artistes en lice pour chaque catégorie étaient dignes des MTV Awards. À l’animation, Rémi-Pierre Paquin et Kim Bingham se sont contentés de présentations éclair, efficaces et sans flafla. Ainsi, la cérémonie avait un rythme rapide et pratiquement irréprochable.

Mais comme si, chauffée à blanc, la locomotive avait quitté la gare en oubliant ses wagons derrière, le public n’a tout simplement pas suivi. Réunis en assez grand nombre pour bonder le Métropolis, les acteurs de la scène fourmillaient à l’arrière, discutant sans se soucier du GAMIQ à l’avant. Le son manquait d’ailleurs de décibels, si bien que, près du bar, les blablas du public étaient tellement forts qu’ils enterraient ce qui se passait sur scène.

Seul endroit où l’on pouvait sentir un peu d’ambiance, le parterre était quasi vide, si l’on considère la foule présente. Catherine Leduc de Tricot Machine en a d’ailleurs fait le constat lorsqu’elle a ramassé l’un des deux prix gagnés par sa formation (Révélation de l’année et Album chanson): "Il y a tellement de place en avant qu’on organise un concours de break dance", s’est-elle exclamée lors de ses remerciements.

Ce désintéressement est même devenu gênant lorsque Me Mom & Morgentaler s’est vu décerner le Prix-hommage de la soirée. Après une prestation des Stomp All Stars et un court vidéo faisant l’éloge de la défunte formation montréalaise, Rémi-Pierre Paquin a invité le groupe sur scène, suscitant de timides applaudissements. On ne s’attendait pas à une ovation aussi soutenue que celle reçue par Maurice Richard au Centre Bell, mais tout de même… Peut-on, au minimum, applaudir jusqu’à ce que Me Mom soit monté sur scène? Rémi-Pierre a dû reprendre le micro pour réanimer la foule avec un "Make some noise!". Gênant également lorsque, vers 23 h 15 – pas une heure du mat’ (!) -, le Métropolis était pratiquement vide au moment où des prix importants, ceux qu’on garde pour la fin, n’étaient toujours pas attribués.

Mais encore une fois, le travail des organisateurs n’est pas à blâmer, ni le choix des groupes en prestation. Bravo aux impressionnants musiciens de Negativa, au toujours aussi intense Bloodshot Bill et à Xavier Caféïne qui, tel un soldat, a sauté dans le public pour le réveiller.

Alors pourquoi? Qu’est-ce qui explique l’accueil froid à un gala fort bien monté? Est-ce le choix d’une salle plus vaste qui a coupé l’esprit de party? Peut-être, mais la foule nombreuse a prouvé que le Métropolis n’était pas trop grand pour l’événement. D’ailleurs, 1500 billets ont été donnés aux gens de l’industrie. Est-ce que le fait d’entrer gratis empêche le spectateur de se sentir concerné? Est-ce l’absence d’Arcade Fire (en tournée aux États-Unis) et de Patrick Watson (en tournée promotionnelle en Europe), qui ont reçu au total six prix?

Réflexion plus délicate: est-ce le manque d’impact que procure l’obtention d’un prix GAMIQ? Sur les onze gagnants du gala de dimanche, huit sont aussi finalistes à l’ADISQ. Dans les cas de Patrick Watson et Arcade Fire, on parle même de nominations aux Junos et au prix Polaris. Faudra voir avec le distributeur Outside si la victoire au GAMIQ de Numéro#, Omnikrom ou Tricot Machine (qui obtiennent déjà beaucoup d’attention médiatique) aura un impact sur leurs ventes de disques. Pas convaincu.

Avec le nouveau rayonnement qu’obtient la scène locale, entre autres à l’ADISQ et dans les grands médias, a-t-elle toujours besoin d’un gala à son image? J’ose espérer que oui, mais à voir le manque d’intérêt de l’industrie émergente face au GAMIQ dimanche, on commence à se poser la question.

Liste des gagnants:

Artiste de l’année: Patrick Watson

Auteur-compositeur de l’année: Patrick Watson

Carrière internationale de l’année: Arcade Fire

Spectacle de l’année: Arcade Fire

Révélation de l’année: Tricot Machine

Meilleur album chanson: Tricot Machine

Album électro: Numéro#

Album expérimental: Les Georges Leningrad

Album folk/country: Les Fréres Cheminaud

Album hip-hop: Omnikrom

Album indie pop: Patrick Watson

Album indie rock: Arcade Fire

Album métal/hardcore: Voïvod

Album punk: Vulgaires Machins

Album rock’n’roll: Xavier Caféïne

Album world/trad: Marco Calliari

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ÉCHOS DES LOCAUX

– Tel qu’annoncé dans la chronique de la semaine dernière, Me Mom & Morgentaler a profité de son passage au GAMIQ pour annoncer son retour sur scène: les 14 et 15 novembre prochain au Club Soda. Seul hic, via le réseau Ticketpro, les billets se vendent 43 $ chacun!

– Organisé par Spectra, le Grand Prix de guitare de Montréal est à la recherche du meilleur guitariste en ville. Vous avez jusqu’au 28 septembre pour soumettre votre candidature au Ticketpro.ca.

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CONSEILS CONCERTS

– Les Psycho Riders présenteront les pièces de leur nouvel album (sortie le 30 octobre) le 22 septembre à L’Escogriffe.

Fredric Gary Comeau, 3 Gars su’l sofa, Stéphane Côté, Tricot Machine, Paul Cargnello, Mathieu D’Astous, Alfa Rococo et Catherine Major seront en concert gratuit lors du lancement de la série Sacré Talent!. Le 25 au National.