LOCAL Distribution, WD-40, Trip The Off, The Vasts, Ripcordz, Maître J, With All Due Respect
Musique

LOCAL Distribution, WD-40, Trip The Off, The Vasts, Ripcordz, Maître J, With All Due Respect

LA SÉLECTION NATURELLE

Le 10 septembre dernier, LOCAL Distribution, qui plaçait près de 400 albums autoproduits chez les disquaires, est devenu une étiquette distribuée par Outside, qui souhaitait toutefois réduire ce nombre d’autoproductions disponibles en magasin. En tordant le bras d’Outside, Martine Groulx, directrice de LOCAL, s’est assurée que 95 titres demeureraient en magasin, une sélection influencée par les ventes et la présence médiatique des groupes.

La nouvelle a bien sûr fait réagir. L’auteure-compositrice-interprète Lise Villeneuve m’a envoyé un courriel intitulé "Local Distribution abandonne ses artistes". Dans l’édition d’octobre de Bang Bang, le chroniqueur Simon Jodoin s’inquiétait: "Il me semble qu’on assiste ici à un curieux détournement d’intention qui faisait l’originalité et la valeur de LOCAL Distribution (…). Faut-il croire que finalement les règles de la concurrence ont eu raison de la recherche d’alternatives économiques?"

Au risque de déplaire à Lise Villeneuve, qui finalement distribuera son disque-livre via le Web, LOCAL était financièrement au bord du gouffre et n’avait pas d’autre choix.

Lorsque la SOPREF a mis sur pied la branche de distribution en 2000, il était pratiquement impossible pour un groupe émergent de signer avec une étiquette et voir son album sur les tablettes de HMV. Avec les Disques MPV qui battaient de l’aile, seuls Mont Real, Stomp, Farmer, Indica et La Tribu, qui à l’époque comptait dans ses rangs Gros Méné, WD-40 et Les Chiens, se spécialisaient dans le créneau alterno. Les jeunes musiciens manquaient cruellement d’attention et la naissance de LOCAL était nécessaire.

Sept ans plus tard, la donne a changé. La scène jouit d’une bonne quinzaine d’étiquettes souvent mieux organisées et distribuées par des joueurs majeurs. Ironiquement, c’est maintenant La Tribu qui semble avoir besoin d’un bon directeur artistique branché sur la scène alors que même Audiogram, GSI et Tacca suivent de près les activités de la relève.

Les musiciens de la scène ont maintenant les outils nécessaires à leur développement. La démocratisation des procédés d’enregistrement permet de réaliser un maxi démo à peu de frais dans sa cuisine. En se servant d’Internet (merci, MySpace) et en se produisant à répétition dans les bars de Montréal, un BON groupe trouvera son public. Il générera un engouement et finira par rencontrer un label qui l’aidera à atteindre les magasins. Malajube, Les Dales Hawerchuk, Gatineau, Le Husky, Navet Confit et Alex Champigny en sont des exemples probants.

Nous sommes donc rendus à l’ère de la sélection naturelle. Votre groupe fait partie des 300 obscurs qui ne seront plus en magasin via LOCAL? C’est peut-être que votre album ne se démarque pas (c’est souvent le cas!) ou que vous n’avez pas travaillé adéquatement (concerts, développement Web, relations publiques). Dans un cas comme dans l’autre, la sélection naturelle a eu raison de vous. Bien sûr, vous pouvez continuer de jouer de la zik dans vos temps libres, mais partir en tournée, se faire interviewer par les médias, jouer sur les ondes des radios et vendre son disque en magasin, ce n’est pas un droit. En 2000, il s’agissait d’une chasse gardée, une quasi-utopie pour les artistes émergents québécois. C’est maintenant un privilège réservé aux meilleurs groupes repérés par les multiples radars d’une industrie ouverte et en santé. Cet équilibre assure un niveau de qualité essentiel à la survie du buzz scène locale. Le discours "La musique aux artisans! À chacun sa chance!" est bien utile lorsqu’une scène est ignorée, mais ce n’est plus le cas. Il faut changer son fusil d’épaule.

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LES 13 ANS DE WD-40

WD-40 célèbre ses 13 ans de carrière le 25 octobre au Lion d’Or. Pour l’occasion, Alex Jones et sa bande ont invité Fred Fortin, Urbain Desbois, Éric Goulet, Marjo, Les Camionnettes, Mara Tremblay et Marc Déry à fêter avec eux. Un solide party qui sera filmé en vue d’un documentaire bientôt lancé sur la formation country-rock-trash. Des extraits du film seront d’ailleurs projetés lors de la soirée.

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CONSEILS CONCERTS

Trip The Off au Petit Campus le 18 octobre avec I.An.Eye (Toronto) et The Hangers.

The Vasts et les prometteurs Roi Poisson (pop dégourdie) au Quai des Brumes le 20.

Ripcordz, The Treblemakers, Sacs à Gnôle, La Bonne, la brute & le truand et El Patron au Petit Campus le 21 (concert-bénéfice pour le Café Chaos).

Maître J au Quai des Brumes le 23.

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DISQUE LOCAL

With All Due Respect
Blueprint For Destiny
(Indépendant)

Duo montréalais formé de Stéphane Lavallée et Nicolas Cousin, With All Due Respect fusionne ses références dub, électroniques et shoegaze sur ce premier album complet. Entouré d’invités dont Millimétrik, Vander et Kali, le groupe plonge dans un univers introspectif. Contrée par la chaleur des rythmes dub et des guitares électriques, la froideur des ondulations électro et des échantillonnages crée des ambiances déformatées, parfois industrielles, mais d’où émerge une quiétude lumineuse (Blueprint for Destiny, Solydaris). 3.5/5