Musique

Tight, la compil?

Avec le succès de DJ Champion et les Félix remis à Numéro# et Omnikrom dans les catégories Album électronique et Album rap de l’année, on suit de près les activités de Saboteur, maison de disques des trois gros joueurs. Dernier projet du label, la compilation Tight, Modern at the Moment a pour but de faire connaître une nouvelle vague d’artistes, recrues potentielles de Saboteur.

Disque au titre prétentieux, surtout qu’il croise des distorsions rock à des rythmes électroniques – un mélange que l’électro-clash nous a donné il y a déjà quelques années -, Tight a le mérite de délier les jambes grâce à une énergie efficace. Seule Denis’ Beach, la fameuse nouvelle pièce de DJ Champion, tombe à plat avec ses guitares atmosphériques et ses boucles rythmiques. Dans le genre, on préfère de loin Ratatat.

Autrement, quelques groupes tirent leur épingle du jeu, dont Femme (qui semble avoir retiré le «Plante ta» de son nom) et ses allures de Muse shooté aux stéroïdes. L’attitude nonchalante de Mathias Mental et Ghetto Pony détonne également, et le talent mélodique de Leo Cruz, patron de Saboteur, est à saluer.

Mais aucun des groupes présentés n’a la fraîcheur et cette personnalité forte qui distinguent Omnikrom et Numéro#. D’ailleurs, sur 11 groupes, seul Gigi Transistor, groupe incluant JF des Jardiniers, chante en français.

Prisonnier d’un style dance au goût du jour – voilà peut-être qui explique le terme «Modern» -, Tight demeure une autre preuve du haut calibre musical montréalais.

Concert-lancement le 23 novembre à la Sala Rossa avec Femme, Les Jardiniers, Mathias Mental et les D.J. Leo Cruz et Jordan Dare.

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RETOUR ME MOM & MORGENTALER

À voir la réaction de la foule lors du quatrième concert donné à guichets fermés par Me Mom & Morgentaler dimanche au Club Soda, on constate qu’il y a toujours de la place à Montréal pour un bon groupe ska-punk-pop rassembleur. Plusieurs annoncent la fin du ska depuis longtemps? Les descendants des Planet Smashers peinent à tenir le haut du pavé? Peu importe, si Cat Empire est capable de s’imposer au Québec au point de remplir deux Métropolis en moins d’un an, c’est que le public est toujours prêt à se dandiner au son d’un ska énergique et festif.

Chose certaine, il y a de la place pour Me Mom, qui, avec la même fougue d’antan, a su faire danser une foule heureuse de revivre une jeunesse qui tire à sa fin. Avant de se lancer dans une folle version d’Everybody's Got AIDS, le guitariste et chanteur Gus Van Go s’est d’ailleurs moqué du fait que, pour plusieurs, son groupe soit synonyme des années 90: «Comme ça, Me Mom fait tellement 1990. Est-ce qu’on dit la même chose du sida?» Je veux bien, mais si Me Mom souhaite se défaire de cette étiquette temporelle, la formation devra imiter la maladie en refusant de disparaître à nouveau. Pas convaincu que Gus et le trompettiste Baltimore Bix Berger aient toutefois envie de quitter leur studio new-yorkais pour s’établir à Montréal une fois de plus. Revenir jouer sur une scène extérieure cet été serait déjà un beau cadeau.

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CONSEILS CONCERTS

Carl-Éric Hudon et Dany Placard se produiront conjointement le 23 à la maison de la culture Maisonneuve.

Li'l Andy and Karaoke Cowboy montera sur les planches du Divan Orange le 23.
 
-Formation influencée par la pop intelligente britannique, Plajia souligne la parution de son album Beautiful Explosion le 23 au Bar St-Laurent 2 (5550, boulevard Saint-Laurent).

-Enfants bâtards des Tricky Woo, Soft Canyon, Bliss, Local Rabbits, Blood Sausage et d’Amy Dynamite, les déjantés Mongrels lancent leur album rock Oshawa le 24 au Lambi (voir critique en page Disques).

-Si l’on croyait que l’apparition du Royal Mountain Band dans le film I’m Not There du réalisateur Todd Haynes allait propulser la carrière internationale du groupe montréalais, nous avions tout faux. La formation s’est récemment séparée. Quelques anciens membres se produiront sous le nom de Jason Kent and Spoon River à L’Escogriffe le 24.

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Kid Sentiment
Le rock’n’roll est un bâtard
(Méga Fiable/Indépendant)

Enregistré en une seule journée, ce maxi de six titres est l’ouvre de musiciens expérimentés ayant fait leurs preuves avec Les Séquelles, Les Macchabées et Les Vautours. Si ce C.V. laisse présager une facture ancrée dans le rock garage francophone yéyé, sachez que Kid Sentiment s’éloigne justement du carcan pour flirter avec des influences plus new wave surtout perceptibles dans le traitement aérien des guitares. Les mélodies accrocheuses et l’accent du chanteur Stéphane Plante trahissent bien son penchant sixties, mais Kid Sentiment s’avère moins maniéré que les formations précédentes. Très bien fait. En concert le 27 novembre au Divan Orange. 3.5/5