Musique

L’ordre des choses

Le 8 décembre dernier, Malajube bouclait une année éprouvante passée sur la route avec un concert à la maison, au Métropolis, devant plus de 2000 personnes fort heureuses de retrouver les Montréalais en un seul morceau. À une quarantaine de kilomètres de là, devant une cinquantaine de spectateurs, O Linea s'attaquait le même soir au Metric de Saint-Jean-sur-Richelieu, sa ville natale.

La date était encerclée sur mon calendrier depuis des mois, et Malajube n'avait aucune chance de me voir la face dans l'enceinte de la rue Sainte-Catherine. Aussi fébrile qu'une mineure devant Linso Gabbo, j'ai fait le voyage en voiture, tentant de convaincre ma fiancée de la pertinence punk d'O Linea. Se rendre dans la ville natale d'un groupe prometteur pour le voir sur scène, c'est comme faire le voyage jusqu'à Rimouski pour regarder jouer un hockeyeur que l'on croit supérieur à la moyenne. On peut revenir avec la ferme impression d'avoir perdu son temps, ou ébloui, heureux même d'avoir manqué les Jubes.

Avec la cohésion de ses trois guitares électriques, l'urgence de la voix haut perchée de Julien Vézina, l'architecture brillante de ses pièces en crescendo et la force de frappe des textes franco de son deuxième album, L'Ordre des choses, O Linea m'a secoué au point de me sortir de mon inoffensif, mais intense, trip Tricot Machine. Un exploit pour un disque lancé sur Slam Disques, label plus habitué au succès populaire que critique avec eXterio dans ses rangs.

Montés sur scène vers minuit passé, les cinq membres du groupe ont vite chassé la gêne qui les habitait lors des deux premières chansons pour gagner en confiance. Visiblement, leur expérience scénique reste à bâtir, mais leur livraison a l'aplomb nécessaire pour propager la rage de leur album. Tout comme celles des Sainte-Catherines ou des Vulgaires Machins, avec qui O Linea forme aujourd'hui la première ligne d'étoiles punk québécoises, leur prestation nous attire vers la scène. Poing levé, les yeux fermés, on chante avec Julien les refrains de Les Hostilités ou de Posture de valet, qui fait l'objet d'un vidéoclip. Tout comme La Descente du Coude à ses débuts, la formation a hérité des qualités de la filière punk nerveuse d'At The Drive-In/Mars Volta.

Pratiquement inconnu à Montréal, O Linea est donc à l'heure des premières parties. Il doit jouer, jouer et rejouer pour se bâtir une réputation dans la grande ville. Se produire avec les Dirty Tricks, La Descente du Coude ou Jacquemort à l'Esco. Ouvrir pour les Vulgaires Machins au Club Soda. Participer aux Francofolies. Partir sur la route avec les Ste-4 ou avec la tournée 123 Punk de Rej Laplanche. Il doit joindre un public prêt à se faire rentrer dedans. Convaincre davantage de gens que le chroniqueur "scène locale", Nelson Roberge du Bang Bang ou Renaud Bastien de Malajube, autre fan avoué d'O Linea, qui pour une raison ou une autre, ne pouvait être à Singe Jean le 8 décembre dernier.

La formation se produira avec The Imports et Down on Bedford, au Bar St-Laurent 2 (5550, boulevard Saint-Laurent) le 18 janvier à 21 h.

ÉCHOS DES LOCAUX /

Le Divan Orange subira une cure de jeunesse et devra ainsi fermer ses portes pour quelques semaines dès le 1er février. "On réaménagera l'endroit afin d'offrir un espace plus adéquat pour la tenue de spectacles. On parle de refaire la scène, de surélever le plancher à l'entrée et de reculer la console de son", nous explique un communiqué. Afin de tourner la page, Gatineau donnera un dernier concert dans la configuration actuelle du Divan le 31 janvier. Les Amis au Pakistan, qui devaient aussi se produire lors de la soirée, ont annulé leur prestation à cause d'un conflit d'horaire.

CONSEILS CONCERTS /

Shapes & Sizes, Telefauna, The Luyas (membres de Torngat et Miracles Fortress) et Sister Suvi se produiront à la Sala Rossa le jeudi 17 janvier.

Mia Verko donnera deux concerts au cours de la prochaine semaine: le 17 au Café Chaos et le 24 à la Casa Del Popolo.

Ghislain Poirier, Pheek, Millimetrik, Mateo Murphy et plusieurs autres artistes de la scène électro participeront à l'Igloofest, les 18, 19, 25 et 26 janvier. Programmation complète: www.quaisduvieuxport.com.

-Deux mois avant la sortie de son album Au Contraire, Pas Chic Chic jouera le 19 janvier au 435, rue Beaubien Ouest.

Disque Local /

Les Dots

Suce ma mousse!

(Indépendant)

Les Dots, c'est trois immatures adeptes de sexe, de culture pop, de bière cheap et de punk rock simplifié à l'extrême. Mélangées ensemble, ces quatre passions donnent un disque à prendre avec un grain de sel. Dans un registre punk mélodique à trois accords, non loin de celui de Dorothée (Est Une Salope), le quatuor porte un regard cocasse, vulgaire et épais sur son quotidien. "Merci au Chinois du dépanneur qui vit avec sa famille dans le backstore pour économiser et offrir des rabais sur la bière", chante le groupe sur Dépanneur chinois. Pas de deuxième degré, rien de plus à comprendre. Le 26 janvier au Bistro de Paris. 3/5