La 11e édition du gala MIMI s'est déroulée sans cérémonie samedi dernier au Lion d'Or. Comme si les organisateurs avaient compris que les gens de l'industrie préféraient discuter, bière à la main, plutôt que de suivre ce qui se passe devant, les animateurs Catherine Mathys et Dave Cool se sont contentés de présentations sans flafla.
Plusieurs pauses de 15 minutes ont même séparé les différentes remises de prix, empêchant tout rythme à la soirée sans réels discours et sans performances. À l'origine, quelques formations devaient se produire pendant le gala, mais elles ont été décommandées lorsque le MIMI a abandonné sa formule souper à 70 $ le couvert pour devenir un simple cocktail gratuit sur invitation. De toute façon, en revenant à sa première mission, donner des bourses aux plus méritants, le MIMI n'a plus à divertir ou assurer un réel spectacle. À ce chapitre, la relève est prise par le GAMIQ. La scène a donc tout avantage à ce que le MIMI investisse dans les prix plutôt que dans la production.
Parmi les 20 groupes en nomination, 7 se sont partagé quelque 5550 $ dollars en bourses, des microphones et des heures de studio. We Are Wolves a remporté le prix International, The Dirty Tricks, le Diffusion média, The National Parcs, le National, Gatineau, le Découverte, Mahjorbidet, le Prêt-à-enregistrer, Misteur Valaire, l'Indépendant et SoCalled, la Meilleure chanson pour son duo avec Katie Moore (These Are) The Good Old Days.
Bonjour Brumaire devra donc patienter jusqu'à l'année prochaine avant son possible couronnement. Le jury a préféré attendre la sortie de son premier disque avant de s'emballer; une sage décision.
En tournée sur le Vieux Continent, Gatineau et We Are Wolves n'ont pu assister à la soirée. Idem pour SoCalled qui se trouvait le même soir à Banff pour une rencontre entre musiciens indé canadiens.
Admis au Lion d'Or vers 23 h, le public de la Nuit Blanche était convié à l'after-party du MIMI qui s'est terminé vers 5 h du matin. En lever de rideau, The National Parcs a présenté un spectacle semblable à celui qu'il avait offert au National il y a deux semaines. Énergique, le trio électro organique, accompagné en concert de deux autres musiciens, gagne en efficacité sur scène grâce à ses projections en parfait synchronisme avec sa musique. Sur écran panoramique, on aperçoit Vincent Letellier, Chimwemwe Miller et Ian Cameron briser des branches, frapper des roches ou battre la mesure sur le dos d'un canot, des sons joués simultanément par la troupe grâce à des échantillons. Ce travail de précision confère une certaine originalité aux National Parcs et fait presque oublier la linéarité de leur répertoire. Ne s'étant exprimé qu'en anglais lors de leur dernière prestation, les musiciens bilingues ont cette fois communiqué en français avec la foule, heureusement. Prochain concert: le 12 mars au Café Campus avec aRTIST oF tHE yEAR et Sexyboy.
Beast s'est ensuite amené pour une première performance en carrière. Né dans la tête de la chanteuse Betty Bonifassi et du batteur Jean-Phi Goncalves, le duo, complété par le guitariste Serge Nakauchi (Pawa Up First) et la bassiste Manon Chaput (DJ Champion), suscitait sa part d'attente. Les musiciens s'en sont fort bien tirés, profitant de leur signature sonore particulière. Betty possède cette voix soul digne des plus grandes chanteuses noires. Capable de rythmes lourds de jeux très inventifs, Goncalves impressionne à tout coup. Chapeau également à Serge qui, avec ses guitares ambiantes très "ennio morriconesques", relève la sauce trip-hop expérimental de Beast. Quelque part entre l'intensité de Rage Against the Machine et la noirceur de Portishead, le combo présente déjà l'aplomb d'un groupe en pleine ascension. À voir le 14 mars au Divan Orange.
Profitant de la Nuit Blanche, je me suis ensuite rendu au foyer de la Salle Wilfrid-Pelletier pour voir Misteur Valaire. Je n'étais pas le seul. Des centaines de noctambules ont dû être refoulés à la porte. Sapés de jeans trop larges et de chandails de laine à carreaux, les kids de Misteur Valaire avaient de la gueule et juste assez d'arrogance. Leurs hymnes dance-hip-hop-électro ont frappé dans le mille, survoltant une foule passablement éméchée qui n'avait besoin que d'une étincelle pour perdre la tête. S'envoyant plusieurs cigarettes et calant leur mix maison de vodka/Guru en pleine Place des Arts, les spectateurs avait encore le sourire à 5 h du mat. Magique et juste assez décadent.
CONSEILS CONCERTS /
–Lesbo Vrouven et Chernobyl Cha-Cha le 7 mars à l'Escogriffe.
-Katie Moore (en duo avec Mike O'Brien) et Angela Deveaux Band le 8 au Divan Orange.
DISQUE LOCAL /
The Blue Seeds
(L-Abe / Select)
Il y a longtemps qu'on ne cherche plus l'innovation chez les nombreux groupes folk descendant de Neko Case, Lucinda Williams et autres Gillian Welch. Dans un registre alt country féminin où tout finit souvent par se ressembler, The Blue Seeds se démarque en flirtant avec la noirceur de Mazzy Star et le penchant noise expérimental de Wilco. La voix d'Amélie Laflamme a beau rappeler celle de Beth Gibbons (Portishead) ou de Neko Case, on se laisse tout de même envoûter par la profondeur de ce premier disque complet. 3.5/5