Le cas Mathias Mental est le portrait type d'une hype née trop rapidement de blogueurs/groupies sans nuance et de journalistes enthousiastes à l'extrême. En moins de deux, le jeune musicien qui confectionnait en catimini des albums maison tirés à 12 exemplaires (pour sa mère, sa sour, ses voisins) a vu sa photo apparaître dans quelques imprimés et ses chansons encensées par différents blogues et Web TV. Aimer le délire folk, rock et électro de Mathias Pageau est soudainement devenu le meilleur moyen d'être dans le coup. De prouver à tout le monde qu'on était là avant les autres.
S'il profite à court terme au musicien, l'engouement spontané met beaucoup de pression sur les épaules d'un artiste qui doit toujours faire ses preuves et gagner en efficacité.
Oui, Mathias Mental a du talent. Il rappelle le New-Yorkais Adam Green de la formation anti-folk The Moldy Peaches. Même nonchalance et même aptitude mélodique supérieure à la moyenne. Le message envoyé par ces deux qualités combinées est contradictoire et diablement sexy: mes mélodies sont dignes des pros, mais vous ne pourrez jamais me prendre pour un pro parce que trop insouciant, trop imprévisible.
Cette attitude, sincère ou voulue, confère une personnalité attachante aux pièces de Mathias comme She's a Character ou la plus sérieuse The Happiest Boy of Montreal. Or, en concert lors du dernier gala MIMI après le professionnalisme des National Parcs et de Beast, le Montréalais a perdu l'attention de la foule. À moins qu'elle ne soit générée par un profond nihilisme intérieur, la simple nonchalance passe mal sur scène. Elle doit être maîtrisée, et c'est sur quoi Mathias doit travailler, en plus de livrer un vrai disque distribué convenablement, le prochain pas à franchir s'il souhaite dépasser le simple engouement virtuel. Un maxi est attendu pour le mois de mai.
Le 28 mars à L'Escogriffe et le 19 avril au Zoobizarre.
SUNNY DUVAL RENCONTRE DAMIEN ROBITAILLE
Ancienne propriétaire du magasin de disques Les Anges Vagabonds, Michèle Méthot organisait en décembre dernier les Duos de l'Ange, un cabaret vagabond. Comme l'indique son nom, l'événement présentait différents couples d'artistes jumelés le temps d'une courte prestation. Michèle remet ça cette fin de semaine en présentant de nouveaux tandems musicaux.
Ainsi, Olivier Langevin (Galaxie 500) rencontrera Michel "Away" Langevin (Voïvod); Sunny Duval (les Breastfeeders) se frottera à l'imagination de Damien Robitaille; Vander servira le rap de Séba (Gatineau); Michel-Olivier Gasse (Vincent Vallières, Caloon Saloon) sera jumelé à Skip Jensen; Éloi Deit (Jérémi Mourand, Jerry Snell) se produira avec Chris Burns (Crackpot); et Alex Jones (WD-40) délirera avec Johnny Pilgrim (Pilgrim).
La soirée animée par Urbain Desbois se déroulera le dimanche 30 mars au Cheval Blanc.
ÉCHOS DES LOCAUX /
Vous jouez dans un groupe local et prévoyez partir en tournée aux États-Unis? Deux choix s'offrent à vous: 1) Accrocher une croix au rétroviseur de votre camionnette et expliquer au douanier que vous donnez dans le rock chrétien pour mieux camoufler votre illégalité quant au visa de travail exigé. 2) Vous rendre à la séance d'information sur les douanes américaines et les visas donnée par le ministère du Patrimoine canadien dans le cadre du programme Routes commerciales. Deux conférenciers vous expliqueront comment pénétrer l'oncle Sam en toute quiétude. Le lundi 31 mars, de 8 h 30 à 12 h, à la SAT.
RADAR WEB /
MC La Sauce
Je ne suis pas le plus grand fan des émules de Peaches ou des M.C. au discours vulgaire et provocateur, mais MC La Sauce me fait sourire avec son ton de voix doux mais arrogant et ses beats subtils et éclectiques. La rappeuse met présentement la touche finale à Société parfaite, son premier album, réalisé par Chafiik (Loco Locass), à paraître en mai 2008. À entendre sur MySpace et à voir sur scène le 29 mars au Petit Campus, à 23 h 30.
CONSEILS CONCERTS /
Polipe, L'Étranger et Aquaplane participeront à l'avant-dernière soirée des préliminaires des Francouvertes. Le 31 mars au Lion d'Or.
DISQUE LOCAL /
Buddy McNeil & The Magic Mirrors
Buddy McNeil & The Magic Mirrors
(Indépendant)
Selon la légende, Alexis Roberge, chanteur et guitariste des Mod's, aurait rencontré le Texan Buddy McNeil lors d'une soirée arrosée à Peterborough, Ontario, en 2006. Quelques mois plus tard, le vieil Américain aurait envoyé au Montréalais un paquet d'enregistrements maison contenant plusieurs compositions inédites. Désireux de propager l'ouvre de l'inconnu, Alexis a contacté des membres de Nitrosonique, du Nom et des Navajo Code Talkers afin de former les Magic Mirrors et d'enregistrer quelques pièces de M. McNeil. Le résultat: un premier disque éponyme nourri au courant blues-rock des années 50. Le groupe montréalais n'a peut-être pas la même folie que Heavy Trash et Jon Spencer, mais il partage cette même attirance pour les sonorités garage et l'exubérance rockabilly. Le quatuor reste un peu trop collé aux standards, mais avec le temps (et un peu de magie), il pourrait bien se forger une identité propre et s'affranchir des comparaisons. À voir le 27 mars au Quai des Brumes. 3/5