Chaque semaine un nouveau buzz. La chanteuse et pianiste Béatrice Martin n'a que 18 ans, et déjà, quelques étiquettes québécoises bien en vue frappent à sa porte pour lancer le premier album de son projet solo: Cour de Pirate.
Cette fois, l'engouement ultra-rapide pour la musicienne, aussi membre de Bonjour Brumaire, témoigne de la nouvelle industrie de labels qui s'est organisée autour de la scène locale. Personne ne veut passer à côté du prochain Malajube, Pierre Lapointe ou Pascale Picard. Et puisque la compétition entre maisons de disque est forte, les signatures de contrat se font à la presse, histoire de damer le pion à la concurrence. Tenez, bien que Béatrice m'ait confié être encore "agente libre", c'est tout de même Grosse Boîte qui présente son concert en première partie du Husky le jeudi 10 avril au Zoobizarre.
Plus facile à dire qu'à faire, il revient donc aux musiciens de mettre la pédale douce et de s'assurer qu'ils sont enfin prêts à lancer un album complet. Un premier disque, surtout lorsque poussé par une machine établie, est une pierre d'assise dans une carrière. Comme me l'expliquait Pascale Picard en entrevue: "C'est mon nom qui est sur le poster, c'est moi qui perdrai la face si ça flope."
Pour revenir à Béatrice, son fragile timbre de voix rappelle celui de Stéphanie Lapointe, mais ses compositions folk bien personnelles et sa façon atypique de mordre dans les mots pourraient en faire une CocoRosie ou une Joanna Newsom francophone. À voir sur scène entourée de Julie Brunet (violon, voix) et du Malajube Renaud Bastien (guitare, percussion).
Des Montréalais dans le collimateur de Perez Hilton
Je n'ai jamais écrit à propos de Mission District dans cette chronique. Trop pop, trop près de Simple Plan. De son propre aveu, même le sympathique chanteur David Rancourt ne considère pas sa formation comme liée à la "scène locale". "Pis c'est ben correct. Ça empêche les gens d'avoir de fausses attentes envers le groupe. Disons qu'on sonne pas très Mile End." Laissons ainsi nos goûts musicaux de côté, juste deux minutes, le temps de vous raconter la vie de Mission District depuis que le célèbre blogueur Perez Hilton (perezhilton.com) a qualifié le sextette de "new favorite Canadian band".
"Avant de recevoir cet appui inespéré, nos pages MySpace et Facebook recevaient entre 500 et 1000 visites par jour. Le lendemain du billet de Perez, on est passé à 15 000. Mais ça nous a surtout aidés auprès des labels américains qui nous contactent sans arrêt. Le gars projette une image médiatique très colorée, mais en personne, il est plutôt timide", rapporte David qui a rencontré Perez après le concert de la formation dans le cadre de la vitrine M pour Montréal lors du SXSW.
Toutefois, n'allez pas croire que Hilton a mis Mission Districk au monde. Le groupe, qui lançait l'album Youth Games au Canada en mars, était déjà sous contrat avec Fontana North (Universal). "On a des chances de se trouver une maison de disque américaine et de lancer Youth Games là-bas." En attendant, on peut voir la troupe en concert le 5 avril au Café l'Inconditionnel.
ÉCHOS DES LOCAUX /
Un peu plus d'un an après la fermeture de leur boutique rue Rachel, les Anges Vagabonds abandonnent leur projet de disquaire en ligne et décident de liquider leur inventaire d'albums scène locale. La vente se déroulera tous les dimanches du mois (6, 13, 20, 27 avril), au Cheval Blanc, de 17 h à 21 h. Copropriétaire des Anges, Michèle Méthot a même invité des bédéistes et artistes en arts visuels pour recréer l'ambiance du défunt magasin.
CONSEILS CONCERTS /
– Fans de noise expérimental style Sonic Youth et de la rage féminine de Bikini Kill, tendez l'oreille à Many Mental Mistake (projet d'Eva Stone) en concert le jeudi 3 avril au Barfly.
– Le Roi Poisson montera sur les planches du Café Chaos le jeudi 3 avril.
– Jeune formation rock pop francophone, Maken Kozapo lance son premier disque, Le Zèbre, le 7 à la Sala Rossa.
– Architecte d'un projet pop éclaté plutôt bien foutu, Petit BIG se produira le 9 au Quai des Brumes.
DISQUE LOCAL /
At Last
(Indépendant/The Orchard)
Gagnant du concours Hip-Hop 4 Ever (2004) et Urban Synergy (2005), house band lors des deux éditions du Gala MU et invité à se produire pendant la dernière remise des prix SOBA, 4DZ Societiez accumule les honneurs bien sagement, sans en faire un quelconque tapage médiatique. Or, en s'inspirant de la musique soul, du rap old school et new school, la formation montréalaise se démarque grâce à son mélange de programmations et d'instruments live chaleureux (cuivres, orgues, guitares). Si quelques titres s'abreuvent d'un sirop commercial un peu trop épais, 4DZ Societiez fait preuve d'un groove convaincant. Maintenant disponible sur iTunes, Napster et eMusic. En concert le jeudi 3 avril au Théâtre Plaza. 3.5/5