Membre de la Sherbrooklyn, La Patère Rose a remporté la douzième édition des Francouvertes. Photo: Michel Pinault
Un vent de fraîcheur souffle sur la scène montréalaise. Un nouveau bataillon composé d'une vingtaine de musiciens s'est sous-divisé en six formations pour mieux s'attaquer à l'île du maire Tremblay. Âgés de 20 à 24 ans, ils sont quasi tous diplômés du programme musical de l'école secondaire Montcalm de Sherbrooke, où ils ont grandi avant de déménager à Montréal. Sur scène, ils sont Misteur Valaire, Le Roi Poisson, Half Baked, Sexyboy, Le Citoyen et La Patère Rose.
La grande ville aidant à forger leur sentiment d'appartenance, ils ont même donné le nom de "Scène Sherbrooklyn" au mouvement, une blague qui tend à rester. Les ramifications sont multiples. À titre d'exemple, tout comme Kilojule, Roboto joue avec Misteur Valaire et La Patère Rose. Son frère Olivier se produit avec Le Citoyen, qui est mené par Jérôme Dupuis-Cloutier, le frère d'Étienne (un ex-Sexyboy aussi membre du Citoyen)…
Depuis une vingtaine d'années, seulement quelques micro-scènes aussi incestueuses ont réussi à se démarquer au Québec. Au tournant du 21e siècle, le Lac-Saint-Jean nous a donné Fred Fortin, Galaxie 500, Les Dales Hawerchuk et Les Fréres Cheminaud. Avant de rimer avec pop moderne (Télémaque, Le Husky, Alex Champigny), Saint-Jean-sur-Richelieu était synonyme de punk au cours des années 90 (Les Marmottes Aplaties, Subb, Thirdfall et Cie). De mémoire, il s'agit de la première scène concrète à émerger de Sherbrooke, et la vague avait des allures de raz-de-marée lors de la finale des Francouvertes 2008. Arrivés respectivement premier et troisième, La Patère Rose et Le Citoyen ont dominé les 19 autres participants inscrits au concours. Il aura fallu un groupe de la trempe de Bonjour Brumaire pour s'immiscer entre les deux finalistes sherbrookois.
Pendant ce temps, Misteur Valaire récolte les honneurs (trophée MIMI, prix Étoiles Galaxie et bourse de la Fondation du maire de Montréal). Son album Friterday Night a été téléchargé légalement par près de 15 000 internautes en seulement huit mois.
Et le plus beau dans toute cette histoire: la Sherbrooklyn en est à ses premiers balbutiements. La Patère Rose n'a pas encore d'album à son actif. Le Roi Poisson et Le Citoyen viennent tout juste de confier leur production de spectacles à l'étiquette Grosse Boîte/Dare To Care. Aucun de ces trois groupes n'a plus de deux ans d'existence.
CONSEILS CONCERTS
– Les formations électro Dandi Wind et Femme monteront sur les planches du Coda Social Club (4119, boulevard Saint-Laurent) le vendredi 16 mai.
– Le collectif 13 % propose des événements où la création de musique électronique et d'art numérique devient accessible à un plus vaste public. Prochaine soirée: le 16 au 377, rue Richmond (angle Notre-Dame) avec Ryan Crosson (Detroit) et le Montréalais Pheek en DJ set.
– Spécialisée dans la composition de chansons à partir de puces retrouvées dans les vieilles consoles de jeux vidéo (ColecoVision, Commodore 64, Game Boy), la scène 8-bit montréalaise se réunira le 17 mai au Zoobizarre, lors de l'événement Toy Company. Matt Fuzz, Aliceffekt, Taxi Nouveau et Xyno s'y produiront, Erreur404 présentera un DJ set, et les artistes visuels Pepe et Jean-Jacques Bourdage se chargeront des projections.
– En 2006, l'album Le truc c'est de tout faire à la botch avait permis aux Temps Liquides de remporter le Gamiq de l'Album inclassable. Depuis, la troupe de Frank Liquide a récidivé en lançant le maxi Begging for Blood (2007) et revient à la charge avec le maxi Chinese Democracy, battant ainsi de vitesse Guns N' Roses qui tarde toujours à faire paraître son album du même nom. Lancement avec Many Mental Mistakes et Half Baked le 17 à L'Escogriffe.
– De retour d'une tournée française, Gatineau sera en concert le 17 à L'Inspecteur Épingle.
– Demi-finaliste aux Francouvertes, Mille Monarques jouera avec Elektrik Bones le 22 au Divan Orange.
DISQUE LOCAL /
EP # 1
(Indépendant)
Si Le Citoyen sert de véhicule aux pièces écrites par Jérôme Dupuis-Cloutier en solo, Le Roi Poisson permet au compositeur de créer en groupe, entouré de quatre autres musiciens. Bien que l'on reconnaisse vite la touche et la voix singulière du Sherbrookois dans Premier Rang et la superbe Ouvrier, Le Roi Poisson se démarque du Citoyen en laissant la chanson dépouillée de côté. Le quintette rock a plutôt accouché d'un maxi de quatre titres enrobés de claviers et de piano. Tantôt disco, la formation se veut plus atmosphérique dans l'instrumentale Nouvelle Instru, et le compositeur J-V Truite alterne entre passages aériens et abrasifs dans J'en veux. Homogène, quoique inégal mélodiquement, EP # 1 nourrit la réputation grandissante de Dupuis-Cloutier. Peu importe leur degré d'arrangements, ses pièces témoignent d'un talent de composition frappant. En concert avec Ariel le 23 mai au Petit Campus. 3.5/5