Alors que j'étais assis dans les marches de l'ancien studio Beatbox, entre l'Escogriffe et le Quai des Brumes, Béatrice Martin de Cour de Pirate est passée m'annoncer le début du concert de la pianiste et chanteuse Caroline Keating au Quai. En ce vendredi de Mini-M, série mensuelle organisée par les gens du M pour Montréal, le programme s'avérait chargé: cinq groupes en alternance sur les scènes des deux salles situées au coin de St-Denis et de Mont-Royal. Ce genre d'événement devrait d'ailleurs se produire plus souvent. Ça demande peut-être une collaboration étroite entre les deux débits de boisson, mais les serveuses de l'Esco vont déjà boire leur shooter avec les barmans du Quai pendant leurs pauses, et vice-versa. Alors, pourquoi pas?
"Moi, j'aime ce que Caroline fait, mais je ne crois pas qu'elle apprécie Cour de Pirate", m'a expliqué Béatrice qui lancera son premier compact le 16 septembre. "Peut-être que nos projets se ressemblent trop…"
Ça oui, ils se ressemblent. Même ton de voix délicat, même sensibilité à fleur de peau, même simplicité désarmante. La petite histoire veut que les deux demoiselles aient commencé leur carrière pour exorciser une peine d'amour, un chagrin qui, de surcroît, aurait été infligé par le même garçon. On se demande qui peut bien être ce bourreau des cours. Ça lui fera une belle jambe si les deux filles finissent au firmament de la scène locale.
Moins avancée professionnellement que Cour de Pirate, Caroline Keating en est toujours au stade piano-voix. Une formule qui l'empêche pour l'instant de se démarquer à son juste potentiel. À moins d'un talent d'interprétation hors norme, Damien Robitaille et Pierre Lapointe me viennent en tête, pas évident de se distinguer dans ce créneau surpeuplé. Mais avec un peu d'enrobage, les pièces de Keating pourraient bien faire du chemin. La Montréalaise de 21 ans enregistre présentement son premier compact.
Se sont ensuite succédé Diamond Sea (un rock shoegaze bien exécuté, quoique encore générique) et Jason Bajada. Ce dernier maîtrise parfaitement l'art de la composition folk rock, mais son manque d'authenticité l'amène à plafonner depuis déjà quelques années. Il me fait penser à la familiarité de Ian Kelly, rockeur aérien sous contrat avec Audiogram, qui "nous prive malheureusement du frisson nécessaire à transcender le routinier pour s'élever vers l'essentiel", comme l'a écrit mon collègue Defoy.
Il en va tout autrement pour The Luyas. Avec Stef Schneider (batterie), Jessie Stein (guitare et voix) et Pietro Amato (cor français), le trio frappe d'emblée par un son qui lui est propre.
Ensuite, prisonnier de la terrasse escogriffienne, j'ai eu ouï-dire que Comme un Homme Libre venait de terminer un album plus rock; que les Breastfeeders prendraient une pause en vue de composer cet hiver, et qu'Esker Mica devra bientôt se passer de son chanteur pour plusieurs mois. Un voyage en Finlande, semble-t-il. J'ai finalement attrapé trois chansons de Polipe en fin de soirée, dont une reprise de Radiohead (I Might Be Wrong). Pas de doute, le trio a tout avantage à salir ses pièces comme il l'a fait en fin de prestation. Un peu plus de distorsion, ça relève toujours l'urgence d'un groupe rock.
Le prochain événement M pour Montréal se déroulera gratuitement le 6 septembre en face des quais du Vieux-Port de Montréal. "Pour l'occasion, nous voulons attirer un plus grand public en invitant quelques formations bien connues", m'a révélé Sébastien Nasra, grand manitou du M pour Montréal. Ainsi, Karkwa, Alfa Rococo, SoCalled, Radio Radio, Torngat et Misteur Valaire se relaieront sur scène dès 19 h. Un autre beau programme précédé d'un 5 à 7 incluant DJs et BBQ.
FME
Jusqu'au lundi 1er septembre, je serai au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue. Consultez le blogue Scène locale sur le site du Voir pour un compte rendu quotidien, ou presque.
CONSEILS CONCERTS /
– Aperçue sur scène avec Rufus Wainwright, Godspeed You! Black Emperor et Annabelle Chvostek, la chanteuse et accordéoniste Jordi Rosen se produira le 28 août, à la Sala Rossa, avec Annabelle Chvostek, Element Kuuda et Teen Seagull.
– Le Mouvement Hep Cat de Montréal, en collaboration avec les Productions Double Concept, présente le quatrième festival rockabilly Red Hot & Blue Rockabilly Weekend. Les formations québécoises Phily and the Flops, Southern Bad Ass et Matchless y joueront le jeudi 28 à l'Escogriffe. The Howlin' Hound Dogs sera aussi du Rassemblement de voitures et motos antiques organisé au 5300, Sherbrooke Est le 31. Détails sur www.rockabillyjam.com.
– Dans le cadre du 13e anniversaire du Café Chaos, la coopérative de la rue St-Denis présentera les concerts d'Accrophone (le 29 août) et le lancement du nouvel album de Chub-E Pelletier (le 31), auquel participera aussi Yvon Krevé et Koriass.
DISQUE LOCAL /
L'Amour, le rêve et le whisky
(Indépendant)
Outre son nom, qui lui a permis de se produire en Chine grâce à l'Alliance française de Chine, Chinatown attire toujours les curieux grâce à son chanteur et claviériste Pierre-Alain Faucon, connu pour avoir écrit l'excellente Retour à Vega des Stills. Sans contenir de bombe aussi efficace, ce maxi de quatre titres, incluant Tour assassine, témoigne de la fièvre pop du quintette montréalais, qu'elle soit d'allégeance french touch ou plus sixties britannique. "Pour toi Pénélope/Je ferai de la pop/Et nous deviendrons riches", explique sans prétention le combo sur Pénélope. Léger, le résultat s'écoute sans anicroche. On ne bouscule rien, et la simplicité l'emporte sur le tape-à-l'oil. Une interprétation plus soutenue, plus incarnée relèverait peut-être la sauce. Le 30 août au Colisée Pepsi, à Québec, avec The Stills et Jean Leloup. 3/5
Est-ce que je lis bien une chronique du Voir ou bien Perez Hilton?
Non mais c’est absurde de potiner de la sorte… Pourrait-on se concentrer sur la musique des deux jeunes filles, plutôt que leur pseudo-conflit et leur passé relationnel?
C’est ridicule de documenter une histoire de crêpage de chignons qui va dans un sens.
Les ragots qui font rage sur internet ne méritent pas d’être commentés. Se fier à ces absurdités est aussi valable que de citer le Docteur Mailloux dans un essai de philo.
Mais on ne peut passer sous silence un tel manque de tact de la part d’un journaliste culturel.
N’a-t-on rien d’autre à faire que de relater les dites »histoire de crêpage de chignons? ».
C’est irrespectueux envers Caroline Keating, mais aussi envers Coeur de Pirate. Ces deux jeunes filles ont l’audace de partager leurs chansons avec le public. Le courage de se montrer vulnérables et de braver les détracteurs qui critiquent tout ce qui bouge, assis confortablement chez eux pendant qu’elles travaillent d’arrache-pied pour peaufiner leur art.
Mais au lieu de parler de tout ça, de leurs accomplissements, de leur talent, de leurs ambitions, on commente leurs histoires personnelles. On créé un conflit sensationnaliste, on déterre des supposées histoires et on les analyse. On consacre trois paragraphes à raconter une histoire digne du Allô Police, mais on se contente de quelques petites phrases pour documenter ce qui compte en bout de ligne, leur travail.
C’est grossier et insultant. Elles méritent bien mieux que ça.
Mais bon, il ne faut pas se leurrer, les filles ne sont que des nunuches qui se disputent sans arrêt à propos des garçons. Et ces derniers, ces bourreaux, sont la grande force qui pousse les jeunes filles naïves à voir au-delà de leurs simples destins, à faire quelque chose de constructif de leurs peaux.
À défaut d’avoir l’air d’une veille fille frustrée (un autre beau cliché), j’implore les véritables mélomanes de voir au-delà des absurdes bavardages de cour d’école et de se concentrer sur ce qui est vraiment intéressant à propos ces deux artistes, soit leur talent.
Moi, j’ai l’ai trouvé vachement bien foutu ce texte! Personnel et contextualisé. Si vous croyez que la vie personnelle des artistes n’a aucun intérêt, vous vous privez d’un des clés nécessaires à la compréhension de leurs oeuvres.
«Mais bon, il ne faut pas se leurrer, les filles ne sont que des nunuches qui se disputent sans arrêt à propos des garçons. Et ces derniers, ces bourreaux, sont la grande force qui pousse les jeunes filles naïves à voir au-delà de leurs simples destins, à faire quelque chose de constructif de leurs peaux.»
Bel élan féministe. Pas besoin de te dire que je suis pas d’accord.
L’un des meilleurs pianistes rockabilly au Canada (si ce n’est le meilleur) IZ! est en concert à la Rockette le 3 septembre prochain. À ne pas manquer!
CAT FIGHT sur le blogue d’Olivier, c’est chou!
Je ne connais pas encore très bien miss Caroline Keating pour l’impliquer dans mes prochains propos aberrants, mais je dois avouer que je préfère encore les histoires de cul de Coeur de pirate à tout le reste.
Ce monde est fou fou fou fou!
Bonne journée!
Oui, c’est vrai, l’image est forte
J’ai caricaturé la situation pour en faire ressortir l’absurdité.
Pour montrer que c’est par ce qu’elles peuvent finir par avoir l’air à force de raconter cette histoire. C’est totalement réducteur.
Est-ce que c’est possible de vouloir composer des chansons simplement pour la passion de la musique, par simple désir de s’exprimer ?
Pourquoi est-ce qu’on s’imagine que c’est nécessairement pour se venger d’un ‘’bourreau des cœurs ’’?.
De plus, Caroline Keating n’a jamais mentionné cette dite ‘‘histoire’’, et donc elle ne mérite qu’on lui colle une telle étiquette. Et si l’on s’attarde à ses propos, on voit très bien que ce n’est pas sa ligne directrice.
Tout cela n’est pas pour dire que ce n’est pas légitime de parler de relations à travers son art. Mais on s’entend que les deux jeunes filles ont plus à offrir que de ruminer sur le dit ‘‘bourreau’’.
Et je pense aussi qu’il est dommage que les gens encouragent une telle polémique en les comparant continuellement, alors qu’elles sont deux artistes aux styles distincts, et qui ont une approche tout aussi différente.
c’est totalement risible d’écrire un article de papotinage comme cela et de prendre des commentaires des gens sur la vie privée des artistes, mais encore pire de les publier.
franchement…
ces artistes débutent leur carrière et, meme si elles ont surement beaucoup de chemin a faire (je n’ai pas encore vu caroline keating, mais le spectacle de coeur de pirate etait vraiment moche), je ne vois pas comment un article de la sorte les aidera.
n’y a-t-il plus de respect pour nos artistes dans les médias?
Malheureusement, ces deux artistes émergentes auraient probablement été noyées dans la mer d’articles et critiques de CD, concerts et performances sans cette anecdote… au départ, oui, c’est frustrant d’être reconnue à cause d’une anecdote comme celle-là, mais à la longue, c’est peut-être ce qui leur permettra de se faire entendre, de piquer la curiosité de fans potentiels et de faire ouvrir les bourses des producteurs et qui sait… de vivre un jour de leur art. Bien sûr, tous les artistes rêvent d’être entendus grâce à la seule force de leur message, mais, ne nous leurrons pas… c’est le marketing qui mène le monde! À nous de changer ça…
Quand un journaliste écrit un article pour faire bien paraître une amie, il assume que son lecteur est ignorant et prêt à avaler n’importe quelle connerie biaisée et mal-informée. Ça fait preuve de journalisme de mauvais goût et d’un manque de respect envers le lecteur et l’artiste concerné.
Je trouve que la façon dont cet article expose Caroline Keating est injuste, et cela m’a beaucoup dérangé. Pour introduire Caroline en tant que musicienne, cet article se base sur l’opinion de Cœur de Pirate, qui semble s’infiltrer dans l’article pour vendre une belle image d’elle-même qui pourrait (quel hasard!) ennuager celle de Caroline au passage. « Moi, j’apprécie ce que Caroline fait, mais je ne crois pas qu’elle apprécie Cœur de Pirate ». Sur quoi est fondé ce jugement? Pourquoi ne pas donner la chance à Caroline d’offrir sa propre opinion au lieu de laisser Cœur de Pirate lui mettre des mots dans la bouche pour rabaisser l’image de Caroline et remonter la sienne?
Ensuite, la façon dont l’article compare le stade « piano-voix » de Caroline à l’avancement professionnel de Cœur de Pirate néglige de mentionner que Caroline est dans la scène musicale depuis 2005, bien plus longtemps que Cœur de Pirate qui devait n’avoir que 15 ans au moment ou Caroline faisait ses débuts. Caroline est une musicienne talentueuse qui prend son temps dans son avancement professionnel; elle se bâtit une réputation sans brûler des étapes. Sa musique n’a pas été crée du jour au lendemain par l’industrie musicale qui efface le vrai talent pour nous offrir un produit commerciale. Cet article semble oublier que le talent ne se mesure pas par la rapidité de l’ascension vers la popularité, mais par l’habileté de persévérer et de se raffiner au fil des ans en offrant une musique authentique.
De plus, en quoi est basée cette « petite histoire » qui a donné vie à leurs carrières? Encore une opinion unilatérale de la part de Cœur de Pirate qui prétend connaître l’origine de l’inspiration de Caroline? C’est sensationnaliste et ignorant d’écrire que la carrière musicale d’une artiste a pris vie pour « exorciser une peine d’amour ». On lui a demandé à Caroline? Bien sur que non, car un journaliste qui n’a pas la compétence de bien s’informer oublie aussi d’avoir l’autre coté de l’histoire, ce qui avantage certainement Cœur de Pirate. On préfère donner une importance non-méritée à ce « bourreau de cœurs » plutôt que de demander l’opinion à la musicienne qui a capturé le publique ce soir-là au Quai des Brumes.
Faire un critique de Caroline Keating à travers l’opinion de Cœur de Pirate est complètent insensé, biaisé et irresponsable en tant que journaliste. D’ailleurs, une vrai artiste avec un talent authentique n’a pas besoin d’un ami journaliste pour rehausser sa propre image et rabaisser celle des autres. Pourquoi ne pas reconnaître les artistes qui ont la persévérance de bâtir leur carrière en restant fidèle à leurs propres inspirations, qui, en passant, ne se résume pas à une histoire d’amour mais à des années de travail, ce que Caroline Keating serait mieux placée pour expliquer que Cœur de Pirate.