Musique

CHRONIQUE SCÈNE LOCALE: retour M pour Montréal

Red Mass au M Pour Montréal. Photo: Sophie Samson Le M pour Montréal est le marathon musical le plus respectueux envers les groupes de la scène locale qu'il m'a été donné de couvrir. Pas étonnant qu'une quinzaine de groupes acceptent volontiers de payer pour y jouer chaque année. Contrairement aux FrancoFolies, au Coup de cour francophone ou au Pop Montréal, lorsqu'on y joue, on y obtient toute l'attention. Impossible de voir un autre groupe nous faire compétition puisqu'il n'y a pas de chevauchement entre les concerts. Avec pour principe d'emprisonner, ou presque, les délégués dans les salles de spectacles, le M assure une visibilité concrète, une visibilité qui se chiffre.

Même constat pour cette activité de speed schmoozing, organisée le vendredi après-midi, alors que les délégués étrangers sont cette fois enfermés deux heures dans une salle avec tout ce qu'il y a de gérants, producteurs et autres bonzes de notre industrie locale. Le principe est simple. Les Québécois sélectionnent les gens avec qui ils souhaitent s'entretenir, par exemple Donna Busch du festival Coachella, et ils ont cinq minutes pour vendre leur salade. Après, au suivant. "C'est le meilleur moyen de se faire des contacts dans le milieu, m'expliquait Gourmet Délice, de chez Bonsound, avant la rencontre. C'est direct, pas de flafla. Tu ne passes pas une heure à parler avec quelqu'un avant de te rendre compte qu'il ne pourra pas t'aider comme dans certains cocktails."

Si le public montréalais est habitué de voir sur scène les Dales Hawerchuck, National Parcs, Duchess Says, Pas Chic Chic ou Beast, tous exportables si vous voulez mon avis, il en allait autrement pour Red Mass (photo) qui donnait l'un de ses premiers concerts le samedi après-midi aux Foufounes Électriques. Mené par Choyce, de CPC Gangbangs, le groupe s'abreuve du même courant rock défonce renforcé par une propension au chaos généré par ses neuf autres membres, dont la chanteuse Giselle Webber (Hot Springs) qui, malgré sa forte présence scénique, ne joue pas un rôle prédominant. Moins expérimental que l'annonce son MySpace, Red Mass aura avantage à jouer dans une salle supérieure au garage des Foufs, où l'on avait peine à discerner ce qui se cachait derrière la masse sonore (la section des cuivres notamment). Laissons également le groupe se structurer et apprendre à maîtriser sa force de frappe, car les mélodies de Choyce laisse entrevoir des pièces efficaces aux multiples possibilités considérant le nombre de soldats en action.

Mon autre interrogation de la fin de semaine était la réaction du journaliste français des Inrockuptibles, Thomas Burgel, face aux formations rap francophones Radio Radio et Gatineau. Ont-elles de réelles chances de percer du côté de l'Hexagone? "C'est exactement la question que je me pose m'a-t-il répondu après avoir vu les deux groupes. Je sais que Gatineau commence à se faire une réputation chez nous (il a entre autres joué au Printemps de Bourges). Par contre, Radio Radio aura peut-être plus de mal à se faire comprendre à cause de son accent acadien. L'étendue de leur succès va dépendre si le milieu rap français les prend au premier niveau ou s'il accepte de voir un peu plus loin. Car musicalement, c'est très bien foutu, ça vaut donc le coup d'essayer."

LE M POUR MONTREAL 2008 EN CHIFFRES

500 $, c'était le prix à payer pour y jouer, à l'exception des formations invitées au Métropolis

22 groupes en concert

11 heures de musique

65 délégués étrangers

3600 spectateurs

CONSEILS CONCERTS /

Mille Monarques et Bonjour Brumaire se produiront dans le cadre de la série Relève la relève le 28, à 20 h 30, à la maison de la culture Maisonneuve (4200, rue Ontario Est).

– Fort du lancement de son nouvel album, Corrozif, le rappeur Mic Life se produira au National le 29. Le MC sera accompagné du plusieurs invités, dont Chub-E Pelletier, Dirty Taz, Clermont et "un trio surprise". Loin de moi l'idée de vendre la surprise, mais le premier extrait de Corrozif, Bon gars, mettait en vedette les membres d'Omnikrom

DISQUE LOCAL /

L'Indice

Le Jour après Noël

(Indépendant)

Derrière L'Indice se cache le réalisateur et technicien de son Vincent Blain qui a notamment travaillé en studio avec Le Husky, Navet Confit et Polipe pour ne nommer que ceux-là. Mettant son expertise d'architecte du son au service de ses propres compositions, Vincent lance un premier maxi de sept titres foisonnant de couches sonores et d'arrangements vaporeux (boucles électroniques, pistes jouées à la renverse, guitares aériennes, piano martelé). En résulte un album chargé qui demande quelques écoutes avant de se laisser apprivoiser. Plutôt unique dans le paysage local, Le Jour après Noël est porteur de chansons atmosphériques, un voyage en contrées sombres, intrigantes, où se répètent certains thèmes, comme cette pièce-titre qui revient à trois reprises, poussant toujours un peu plus l'expérimentation. Mélodiste imprévisible, Vincent y ajoute quelques lignes vocales intéressantes qui allègent la facture. Un disque sans compromis propulsé par un désir d'authenticité. Disponible au www.lejourapresnoel.com. Concert-lancement ouvert au public le 1er décembre, à l'Absynthe, à 17 h (1738, rue Saint-Denis). 4/5