Musique

CHRONIQUE SCÈNE LOCALE: MP6 disparaît, Baromètre sur la corde raide

Dans la journée du lundi 8 décembre, MusiquePlus a tiré la plogue de l'émission MP6, diffusée tous les jours de la semaine à 18 h. Finito illico. Une reprise a été programmée le soir même. Selon le directeur des communications de la station, Philippe Bertout, des cotes d'écoute décevantes ont motivé la décision, ce dernier avouant au passage que le mariage humour et musique de MP6 n'a pas su joindre "son" public. Le tir sera réajusté avec une nouvelle émission, plus musicale, proposée à compter du 12 janvier 2009.

Contrairement aux redondants potins de vedettes pop et cet humour souvent facile, ce sont les entrevues – quoique pas toujours sérieuses – avec de nombreux groupes émergents qui nous manqueront. En recevant les Navet Confit, GrimSkunk, Mic Life, Gatineau, Sans Pression, Beast, Mononc' Serge, Band de Garage et plusieurs autres, MP6 était devenue l'une des rares vitrines télévisuelles de la scène indé. À ce sujet, Philippe Bertout se veut rassurant. "En fait, notre but est d'intégrer la musique émergente à l'ensemble de la programmation plutôt que de la cantonner dans une seule émission thématique." Radar, État critique et Exclusif à MusiquePlus en sont de bons exemples. "Les groupes indépendants nous assurent une diversité musicale qui nous différencie des radios commerciales. Les prestations et entrevues nous tiennent aussi à cour et seront toujours bien présentes dans notre grille horaire." En ce sens, le chroniqueur Baz, qui couvrait avec dynamisme la faune alternative montréalaise pour MP6, reste à l'emploi de la télé musicale.

Mais si MusiquePlus refuse de consacrer une émission entière à la scène locale (Accorde ton look est plus axée sur la mode que sur la relève), c'est qu'il serait difficile d'obtenir de bonnes cotes d'écoute, selon Philippe Bertout.

Le seul exemple du genre à la télévision québécoise est Baromètre, diffusée une fois par semaine sur Vox, cette télé communautaire qui fait de mieux en mieux chaque année. Or, l'émission animée par Catherine Mathys est en sérieux péril. Si elle venait à disparaître, comme l'insinue un groupe créé par l'animatrice sur Facebook, pas certain que Vox reviendrait avec une nouvelle demi-heure consacrée à la relève musicale, et cette fois, la scène perdrait gros.

"C'est une question de budget plus que de cotes d'écoute, m'a assuré Catherine. Vox doit réduire ses frais d'exploitation, et Baromètre risque fort d'écoper puisqu'elle est une des émissions les plus coûteuses de la chaîne."

Au moment d’écrire ces lignes, la seule solution pour sauver Baromètre à court terme serait l'appui d'un commanditaire important qui assumerait une partie du budget de production, comme Miouze.ca l'a fait pendant une période. En ces temps de crise économique, qui peut bien avoir des sous à investir dans la musique indépendante?

Quand ça va mal…

CONSEILS CONCERTS /

Mike O'Brien jouera au Quai des Brumes le 16.– Des cendres de MahjorBidet renaît Mahjor. "Nouvelles chansons, nouveau band, nouveau son…", explique le groupe sur son MySpace où l'on peut entendre la pièce Ping Pong. Le jeudi 11 décembre au Zoobizarre avec Vanesse Pariétaire.

Caniche Hara-Kiri et la formation expérimentale Sharcut se produiront au Divan Orange le 11.

Le Nombre enflammera les planches du Divan Orange en compagnie de Mercy Now le 12.

– Les membres de Misteur Valaire seront en concert sous le nom Les Petits Pauvres (une formule qui inclut moins d'instruments que d'habitude). Le 12 au Gymnase avec Figure 8 (Omnikrom), STERN* et ECP.

Les Dales Hawerchuk monteront sur les planches du Divan Orange le 13.

– Chanteur folk méconnu mais ô combien prometteur, Mike O'Brien (photo) jouera au Quai des Brumes le 16.

DISQUE LOCAL /

Lucien Midnight

Champion des choses en bois

(Indépendant)

À travers ses albums rock anglophones atmosphériques (pensez à Patrick Watson), l'auteur-compositeur-interprète Frank Fuller s'était permis quelques incursions en territoires plus bruts, dépouillant ses pièces jusqu'à l'essentiel (une guitare, un piano, quelques percussions). Le musicien poursuit dans cette veine lo-fi sous le nom de Lucien Midnight (pseudonyme utilisé par un Polonais décédé mystérieusement, selon le myspace.com/Lucienmidnight2). Avec les huit compositions francophones de Champion des choses en bois, Fuller développe une personnalité plus originale que sur ses productions précédentes. Sa voix écorche le cour dans les fragiles Mon voyage et Les Citadins du soleil. Plus sale et bluesy, parfois guidée par une ambiance cabaret (Mouton 1, Pon You), elle étonne et prouve la polyvalence de Midnight qui n'a pas besoin de se prendre au sérieux pour atteindre sa cible. Sans oublier cette reprise minimaliste de Space Oddity de David Bowie (rebaptisée Major Tom) qui rend complètement accro. Prometteur. 3.5/5