Musique

CHRONIQUE SCÈNE LOCALE: Quelques oubliés 2008

Avec ces albums "scène locale" qui s'accumulent sans relâche sur mon bureau, impossible de tout couvrir chaque semaine. L'accalmie de début d'année permet toutefois de se pencher sur certaines parutions injustement oubliées en 2008.

Jake and the Leprechauns
A Long Dash (Followed by Ten Seconds of Silence)
(Landlocked)

S'ouvrant sur un air de flûte évoquant quasi le Moyen Âge, suivi du chant émotif d'une chorale qui s'époumone, le deuxième disque de Jake and the Leprechauns déstabilise. Ses guitares hurlantes évoquent l'expérimentation de Wilco, et puis hop, on nous balance une pièce fragile, teintée de violoncelles, précédée d'un folk-rock americana feutré, raffiné. Mené par les multi-instrumentistes Charles-Antoine Gosselin et Philippe Custeau, le sextuor sherbrookois s'offre même quelques collaborateurs de choix: Bob Egan (Blue Rodeo, Wilco), Andy Creeggan (Barenaked Ladies). Prêts pour la cour des grands, vous dites? À découvrir au www.myspace.com/jakeandtheleprechauns.

Les Incendiaires
Mono No Aware
(Indépendant)

Premier disque de la formation montréalaise Les Incendiaires, Mono No Aware prend une tendance théâtrale en raison des chants maniérés de Rudy Bernhardt. Se promenant dans un vaste univers musical passant de l'électro minimaliste de Kasa Obake au rock atmosphérique de Céans, le groupe demeure fasciné par les années 80, que ce soit la pop d'Indochine, l'introspection des Cure ou les boucles rythmiques des premiers beat boxes bon marché. Un projet éclaté, pas très accessible, mais tout de même avec le désir de ne rien faire comme les autres. Très belle pochette, cela dit. On dirait une annonce de lait. En concert le 20 janvier à L'Absynthe.

Lazarus Moan
Sunrise
(Indépendant)

Ex-Li'l Buck, Lazarus Moan donne dans une pop contemporaine aux accents folk interprétée avec brio. Bien que les atmosphères, parfois audacieuses, voire pompeuses (I Can't Imagine), soient travaillées en profondeur, les mélodies de Mark Goodwin manquent de personnalité, empruntant trop souvent des tics à la pop classique ou misant sur une surinterprétation vocale. On cherche l'étincelle qui distinguerait Lazarus Moan. Le 10 janvier au Brutopia.

Inscription au concours Clic ton band

Liée à l'étiquette de disques NewRock (Les Pistolets Roses, Longue Distance), la Fondation NewRock organise la première édition du concours Clic ton band. Les groupes francophones dont les membres ont au moins 18 ans peuvent s'inscrire en soumettant deux compositions originales. Dix formations seront sélectionnées par un jury et devront alors mettre à jour une page Web que les internautes visiteront avant de voter pour leurs artistes favoris. À première vue, les formations aux influences rock plus commerciales pourraient être avantagées, si l'on se fie à la nature musicale des artistes sous contrat avec NewRock et à la présence de trois employés de CHOI / Radio X2 au sein du jury. Mais mieux vaut tenter sa chance: le gagnant remportera 10 000 $ et l'inscription est gratuite. Détails au www.clictonband.com.

Conseils concerts /

– La Ligue d'improvisation musicale de Montréal présentera la deuxième édition de son Cabaret le jeudi 8 janvier au Lion d'Or. Les musiciens Philippe Brault, Rick Haworth, Guido Del Fabbro, Martin Lizotte et Stefan Schneider auront le mandat d'improviser afin d'accompagner les numéros des acteurs, conteurs et magiciens. Un match régulier de la LIMM suivra le jeudi 15 au Petit Campus.

– Le Club Lambi célébrera son sixième anniversaire le samedi 10 janvier. The Witchies, Giselle Numba One, Random Recipe, MFFFFQ et Khiasma s'y produiront pour l'occasion.

Duchess Says mettra L'Escogriffe à feu et à sang le 10.

Alex Jones offrira un concert sans ses WD-40 le 11 au Quai des Brumes.

Orange Orange montera sur les planches du Quai des Brumes le 15.

Disque local /

Mina May
Mina May
(Le Jardin Collectif/Indépendant)

Déjà repérée par quelques sites et blogues français, la formation Mina May a déserté le Vieux Continent en 2008 pour s'installer dans notre magnifique ville. Et franchement, l'ajout à notre scène est de taille. Sur ce premier album éponyme de dix titres, le groupe originaire de Toulouse adopte diverses sonorités rock indé (guitare, piano, cuivres, claviers, programmations) qu'il façonne à sa manière pour développer des ambiances urgentes, parfois mystérieuses, souvent frénétiques. Si la voix de Flashing Teeth rappelle le grain nasillard de Wolf Parade ou des Pixies, ces mêmes références musicales viennent en tête à l'écoute du compact. Des comparaisons avec le travail électro de Radiohead ou l'univers tantôt déglingué de Syd Barrett peuvent également être établies. Chaque titre fait preuve d'une intensité et d'une recherche d'originalité passant par sa structure. Un groupe anglophone (qui n'a rien à voir avec la star porno du même nom) à surveiller en 2009. En concert le 12 janvier au Quai des Brumes. 4/5