Les étudiants en journalisme me font rire. Deux ou trois fois par année, l'un deux m'appelle pour un travail, me pose des questions sur cette fameuse objectivité supposément inhérente à la critique de disques. À tout coup, ma réponse les ébranle dans leur recherche louable d'impartialité: la critique est un exercice fondamentalement subjectif. Une critique de disque, c'est l'opinion d'une personne qui a écouté un album à une certaine période de sa vie.
Bien sûr, une part d'objectivité entre en ligne de compte. Écouter 300 nouveaux disques par année permet un certain recul au journaliste. Il est plus en mesure de juger si un projet artistique se démarque par son originalité, ses mélodies plus recherchées ou la richesse de ses arrangements, trois éléments au cour d'une critique. Mais interviennent ensuite les goûts personnels du chroniqueur ainsi que le contexte mental dans lequel il s'est envoyé le compact aux oreilles. Les réactions à propos du nouveau disque de Patrick Watson, Wooden Arms, prouvent bien l'inévitable subjectivité d'une critique.
Journaliste d'expérience et fort respecté au Québec, Alain Brunet a accordé à l'album une note quasi parfaite de 4,5 sur 5. "En mettant au point ce Wooden Arms, Patrick Watson (claviers, voix), Simon Angell (guitares, banjo), Mishka Stein (basse) et Robbie Kuster (batterie, percussions, marimba) ont engendré la beauté", écrivait-il dans La Presse du 26 avril.
La semaine dernière, pour le même disque, l'important site Web Pitchfork.com, que plusieurs considèrent comme une référence en matière de musique indé, y est allé d'une note de 3,3 sur 10. "Quand le groupe n'est pas mené par une frustrante logique rêveuse, il me fait somnoler", explique le journaliste Eric Harvey.
Peu importe qui a tort ou raison. Les deux mélomanes ont écouté le même album pour le comprendre de manière opposée. Des visions forcément teintées par des goûts musicaux purement subjectifs. L'un adore, l'autre s'emmerde, mais dans leur critique, les deux arrivent à bien articuler leur point de vue.
Il revient donc au lecteur, et aux groupes eux-mêmes, de faire la part des choses en lisant une critique dévastatrice ou fort élogieuse. Chaque chroniqueur a ses préférences, suffit de trouver lequel vous ressemble le plus. Combien d'étoiles sur cinq donneriez-vous à Wooden Arms? J'y vais pour quatre.
CONSEILS CONCERTS /
– Alex McMahon, Jean-Phi Goncalves, Dan Thouin, Martin Lizotte et JF Lemieux revêtiront leur costume de jedi lors de la soirée d'improvisation Jedi Électro le jeudi 21 mai à la SAT.
– Krista Muir (Lederhosen Lucil) et le site www.indyish.com (un outil de réseautage pour artistes indépendants) présenteront le Ukulele Bizarro Festival le 21 au Il Motore. Faisant suite aux soirées Bizarro organisées jadis par Lederhosen, l'événement rendra hommage au ukulélé en présentant les concerts de Krista Muir, Meb, Miss Dynamite (The Mongrels), Nive du Groenland et Risa Dickens.
– Les formations locales The Sober Dawn, The Head Shrinkers et Captain Finger assureront la première partie du concert de la formation punk française Guerilla Poubelle le 22 à l'Underworld.
– Avant de partir pour New York, où il se produira deux soirs en juin, Claude Lamothe présentera un programme pour violoncelle en solo le 24 mai au Quai des Brumes.
Photo: Luce Tremblay-Gaudette
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La critique de quoi que ce soit, musique, cinéma, peinture, littérature et tout tout tout, ne peut en aucun cas être « objective ». Cela va tout simplement contre la nature humaine. Nous sommes nécessairement pour ou contre, à la rigueur indifférent ou pas intéressé. Et « indifférent » tout autant que « pas intéressé » ne veulent pas dire « objectif » non plus.
Et puis, une critique qui serait soi-disant objective, soupesant les bons et les mauvais côtés, me semblerait bien davantage se rapprocher de « négative » que de « positive », parce que si l’objet de la critique avait plu, ladite critique se serait forcément montrée favorable – et au diable tout le reste!
Cela dit, et sans la moindre objectivité à l’horizon, voilà un très pertinent et intéressant billet de votre part, Monsieur Laveaux…