Les FrancoFolies, le MEG, Osheaga, AC/DC… Décidément, les chroniqueurs musicaux de la ville sortent d'un tourbillon infernal. J'ai pu me rendre sur le site des Francos sept soirs sur onze pour y attraper 24 concerts différents. Carnet de notes:
Cour de Pirate, le 30 juillet
Oui, Cour de Pirate mâche parfois ses mots. Un défaut? Au contraire, tout comme la sincérité et la naïveté du personnage, ça ajoute au charisme de Béatrice. Mon seul reproche concerne le conservatisme de ses chansons. Sans audace, leur enrobage me semble trop classique et trop léché. Un peu d'exploration musicale ne ferait pas de tort. Autrement, la performance scénique est impeccable.
Movèzerbe, le 31 juillet
Grand fan de l'album Dendrophile, j'étais hyper-excité à l'idée de voir Movèzerbe sur scène. Or, le groove et l'inventivité du compact y ont été mal rendus. En fait, le collectif de Québec s'est surtout lancé dans de longs jams reggae affectés par le manque de virtuosité de ses membres. Il aurait été intéressant de voir Movèzerbe "le vent de fraîcheur du milieu hip-hop", plutôt que Movèzerbe "le groupe reggae moyen".
La Confiserie, le 7 août
Premier constat, les gens de La Confiserie ont travaillé très fort pour ce concert (multiples collaborations, invités spéciaux, nouvelles chansons). Loin de moi l'envie de discréditer leurs efforts, mais il règne un marasme suffocant lorsque Navet Confit monte sur scène. Tout devient lourd, écrasant. Vendredi, même le son de sa guitare manquait de nerf. Génie du studio et capable d'albums mordants, Navet doit maintenant faire preuve de dynamisme et d'énergie en spectacle.
The Sainte Catherines, le 7 août
En invitant les artistes à sortir de leur zone de confort, les Francos nous ont permis de voir qui avait bien fait ses devoirs: Martha Wainwright était erratique pendant Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours de Desjardins (apprise la journée même, de son propre aveu); Biz a massacré Passe-moi la puck des Colocs sur la Place des festivals; on m'a raconté que Paul Piché n'était guère mieux pendant La Comète… En revanche, à ce jeu, les Sainte Catherines étaient premiers de classe. Ils ont pris le temps de bien traduire leurs paroles, et même si on ne comprenait pas toujours les mots (punk gueulard oblige), les bribes de textes captées au passage prouvaient tout le sérieux de leur démarche.
12 hommes rapaillés, le 8 août
Mon coup de cour du festival. C'est simple, tout ce que touchent Louis-Jean Cormier et le claviériste François Lafontaine se transforme en or. Capable de rocker avec intelligence et dextérité la veille avec Karkwa au Métropolis, le tandem était aussi magique aux côtés de Michel Rivard, Jim Corcoran et Daniel Lavoie lors du spectacle 12 hommes rapaillés. De la chanson québécoise actualisée? Épatant.
Bernard Adamus, le 8 août
Si la Zone Molson Dry était trop grande pour la majorité des groupes qui s'y sont produits, l'Espace Vert Desjardins était beaucoup trop petit pour le public grandissant de Bernard Adamus. Combinant la nonchalance de Plywood 3/4, la mélancolie d'Avec Pas d'Casque et la personnalité décalée d'un Damien Robitaille, Bernard pourrait réhabiliter le blues au sein de la scène locale, rien de moins. La découverte des Francos.
Band de Garage/Avec Pas d'Casque, le 8 août
Séparés, Avec Pas d'Casque et Band de Garage ont donné de bons concerts, sans plus. C'est une fois réunis que les deux groupes ont conquis la foule. Les pièces de BdG gagnent plus en subtilité qu'elles ne perdent en impact, et les compositions d'APC conservent leur authenticité tout en augmentant leur force de frappe. Le mariage est parfait.
Le fait de s’habituer à des virtuoses sans âmes donne parfois un goût platte à la musique et aux festivités. On oublie alors tout le charme d’un groupe garage tout croche qui foutte le feu.