Bonne année, grandes oreilles! Je nous souhaite à tous une 2010 locale pleine de soirées endiablées, de salles remplies et de reconnaissance méritée pour les stars de l'ombre. Comme tout le monde, je débute le nouveau cycle plein de bonnes intentions, dont celles-ci:
– attraper Sally Paradise en concert;
– mettre la main sur le premier album de Bravofunken/cesser d'écouter abusivement la pièce Les Animaux sur leur MySpace ( myspace.com/bravofunken );
– aller plus souvent sur le MySpace du beatmaker KenLo Craqnuques ( myspace.com/kenlocraqnuques ) de peur de manquer les deux ou trois nouveaux albums gratuits mis en ligne depuis la semaine précédente;
– ne plus jamais croire la maison de disques Audiogram quand elle dit que quelqu'un "se porte bien".
2009: les oubliés
Espace et délai restreints obligent, la chronique Scène locale est parfois forcée de passer certaines choses sous silence, comme des disques. Au terme de 2009, j'étais particulièrement désolé de n'avoir pu aborder certaines parutions de grande qualité. En voici quelques-unes:
Sonic Avenues
Sonic Avenues
(Going Gaga)
Certaines choses dans la vie n'ont pas encore été suffisamment copiées. Le pop-punk préhistorique des Buzzocks, Teenage Head et autres Elvis Costello compte assurément parmi celles-ci. On ne reprochera donc pas à ce quatuor de Sorel de manquer de subtilité dans ses références puisqu'il maîtrise tous les ingrédients de la recette: les mélodies contagieuses, la drive punk bien fumante, les guitares qui sonnent comme un vinyle tournant trop vite et le propos on ne peut plus direct (I Want You Now, Why Can't I Stop Thinking 'Bout You, Waiting for Your Call…). Évidemment, pour l'originalité, c'est raté, mais en fait de brûlot rock au son bien vintage, c'est top. 3.5/5
Hovatron
LTD Digital EP
(Indépendant)
Philippe Aubin-Dionne, alias Phil AD, est membre du tandem de DJ autrefois connu sous le nom Mofomatronix, maintenant Night Trackin' DJ. Quand il produit, il est Hovatron. L'été dernier, il a brièvement lancé ce premier EP de matériel original en ligne. Puis, l'objet a été retiré en prévision d'une réédition numérique, conjointement avec la parution d'un single vinyle sous Lo-Fi Funk, lequel vient tout juste de voir le jour. Toujours pas moyen de savoir quand et si ceci sera relancé et c'est bien dommage: on parle ici d'un bouquet de hip-hop électroïde expérimental de grande qualité, dans la veine de ce que font Nosaj Thing, Megasoid et Robot Koch. Quelqu'un doit rééditer ça. Maintenant. 4/5
Chasing Bright Lights
Stones & Feathers
(Indépendant)
Dans la catégorie "faire beaucoup avec pas grand-chose", J-D Le Blanc brille passablement, sur ce premier effort. Ex-membre de Barricade Project, In the Broken Sound et autres obscurs projets, il érige ici des tubes pop musclés, à mi-chemin entre Dylan et le shoegaze britannique des années 90, sur de simples accords de guitare acoustique, appuyés tantôt de rythmes épars de batterie, tantôt d'opulentes harmonies vocales. Plages rêveuses (Snake), dandineries rock (My Baby Don't Mind), excursion réussie en français (Pas clair?)… Pour une instrumentation aussi limitée, le registre est étonnamment large et le résultat, diablement achevé. 3.5/5
Videoville
Videoville EP
(L'Oil du tigre)
Voilà un groupe qui s'apprécie mieux live puisqu'en plus de puiser son inspiration dans les vieux films de série B des années 80, il accompagne ses prestations d'extraits projetés sur écran. Ce premier EP de six titres lui permet néanmoins de créer en partie ses propres longs métrages douteux, comme en font foi des titres comme Des gars, des filles et un salaud, Richard Séguin pris en otage dans une cheminée à Pointe-aux-Trembles et Paparazzi, roi du désert. Musicalement, on parle d'un rock instrumental tout en crescendos, tantôt austère, tantôt émotif; à mi-chemin entre le post-hardcore de Fugazi et le post-punk de New Order. Une musique plus sérieuse que son enrobage, quoiqu'on ne détesterait pas voir le groupe jouer à Total Crap. 3/5
À souligner /
-Il est encore temps de chanter Vive le vent avec les Pop Winds (photo), Day Sleeper et Knots, le 10 janvier à la Sala Rossa.
–Kid Sentiment parle de ses émotions le 8 janvier à l'Hémisphère gauche avec tut tut rut tut tut tut tut.
photo: Leah Pires