À force de lire à propos de lui sur des blogues américains et britanniques, j'en étais venu à croire qu'il s'agissait d'une nouvelle figure de l'underground hip-hop français, belge ou, que sais-je… Eh bien, non: fils d'un père congolais et "d'une mère Massicotte", Akena Okoko sort tout droit d'Hochelag' (via Québec), et on le connaît déjà en tant que membre du collectif Movèzerbe. Les beatheads gauchisants l'ont découvert via ses Craqnuques – une suite de compilations de pièces instrumentales, offertes gratuitement via son MySpace, dont chaque volume est identifié par une couleur (noir, bleu, mauve, orange et rose). Et diantre, il y a de quoi frétiller: avec ses collages abstraits, ludiques et enfumés, KenLo rappelle parfois Jay Dee, dont il se réclame, d'ailleurs, dans le son comme dans l'idée. "La quantité fait partie de la qualité. Chaque fois que tu crées, tu forges ton organe. L'ouvre en tant que telle, ce n'est pas vraiment la pièce", énonce le spirituel bonhomme. "L'activité est de faire des beats, pis l'effet secondaire, c'est le fichier audio. C'est pour ça que j'ai de la misère avec le concept du droit d'auteur et que je release pas grand-chose. J'écris mon nom là-dessus, mais souvent, c'est le résultat de gens qui passent à travers l'espace de création. Un instant de communion XY qui mène à telle musique… C'est un genre de broadcasting de la vie à travers les beats", poursuit celui qui a aussi déjà rappé sous le nom KenLo Le Narrateur, chose qu'il compte d'ailleurs recommencer à faire cette année, en vue de finaliser un album rap.
En attendant, il lançait fin 2009 un excellent recueil instrumental en duo avec VLooper, intitulé Bulles.Bubbles.II, toujours gratuitement via MySpace, et continuera sa série Craqnuques. "J'en ai d'autres stackées, je vais les libérer à un rythme qui fait du sens. Il y a un aspect de didactique là-dedans, une sorte de langage qui se forge." Il a aussi contribué aux albums à venir de Sarah Linhares et de K6A et lancera, fin mars, un EP gratuit via Error Broadcast. Rare apparition live ce vendredi, 5 février, au 5666, rue Sherbrooke Ouest (dès 19 h dans le cadre d'un vernissage), pour un set qu'il décrit comme du "mi-Djing, mi-collage sonore".
À souligner /
– Du 5 au 12 février, le Festival Voix d'Amériques propose une série de rencontres passionnantes entre la musique et la poésie. Bernard Adamus, Fred Fortin, Ève Cournoyer, Chinatown, Dynamo Coleoptera, Music for Money, Krista Muir et plusieurs autres se produiront en compagnie de poètes ou d'artistes spoken word. Programmation détaillée au www.fva.com .
DISQUE LOCAL
Hovatron
Gold Star Radiation/Let's Get Wet 7po.
(Lo-Fi Funk)
Après un premier EP numérique insaisissable, on peut qualifier ce single vinyle de première vraie parution du beatmaker Philippe Aubin-Dionne. Parlons donc de départ en beauté: Gold Star Radiation est un brûlot robotique à la fois spaced-out et distingué, tandis que Let's Get Wet fonce dans les gros beats déconstruits, façon eDit/Megasoid. Si possible, dénichez la version numérique, sertie de trois remix – Lando Kal transforme Gold Star Radiation en électro-house pas conne tandis que Lunice y ajoute une couche de mélancolie. Aubin-Dionne plafonne vite pour ce qui est de la composition mais côté design sonore, beat et voyage intergalactique, il est solide. Arrêt obligé pour les fans d'électro-rap futuriste et mélodique à la Nosaj Thing. 3.5/5