La peau de L’Ours

Alexandre Leclerc-Bernier: "On fait ça d'abord pour nous, on le sent comme ça, mais on n'est pas non plus les récepteurs de notre musique."

photo: Jean-Miguel Zurita

Les populaires tendances excentriques de Devendra Banhart et autres Joanna Newsom ont mis du temps à infiltrer la francophonie (en particulier la nôtre), mais voilà qui semble fait avec la réincarnation de Giselle C. Webber en Gigi French et l'apparition du mystérieux trio L'Ours. Lors de sa récente participation aux préliminaires des Francouvertes, le combo local n'a laissé personne indifférent. Avec les textes littéraires et le chant surstylisé d'Alexandre Leclerc-Bernier, un kit de timbales en guise de batterie et son recours à un fucking quatuor à cordes, le trio affichait un style frondeur qui semblait mélanger les univers d'Antony and the Johnsons et de Dominique A avec une once de Claude Dubois de la première heure. Vraiment pas banal.

Féru de poésie, pour qui "la musique vient préciser les mots", Leclerc-Bernier confirme qu'il y a un vou de lourdeur chez L'Ours. Il insiste toutefois sur le caractère évolutif de l'affaire. "On remet toujours les choses en question. On écoute énormément les commentaires des gens", signale-t-il. "On fait ça d'abord pour nous, on le sent comme ça, mais on n'est pas non plus les récepteurs de notre musique." Étonnamment, l'étape des Francouvertes marquait le premier concert officiel du groupe, mais une longue période d'incubation l'a précédée. Avant de se rebaptiser, l'automne dernier, L'Ours a en effet roulé pendant environ quatre ans en tant que L'Étranger. "C'était une passe plutôt expérimentale. À certains moments, on était jusqu'à neuf dans le groupe. On a essayé bien des affaires, et on a aussi compris c'était quoi, les éléments principaux de L'Ours", relate le chanteur.

Après avoir enregistré l'équivalent d'un album complet, l'automne dernier à l'Hôtel 2 Tango, le trio mène présentement un autre projet de front: "Ça s'appelle Chansons québécoises… Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais c'est plus accessible." Entre des sessions d'enregistrement additionnelles, il hésite entre lancer son premier album (La Machine infernale), en compléter un second ou fusionner les deux. En attendant le verdict, il faut surveiller les occasionnelles fuites en ligne (au musiquedelours.com) de même que les sorties live, appelées à gagner en fréquence. Pour sa prochaine, L'Ours se la joue acoustique, mais garde à ses côtés son fucking quatuor à cordes. Le 19 mars au Bistro In Vivo.

À SOULIGNER

-On célèbre la naissance des Disques Pluton, le 19 mars au Divan Orange, avec Les Revenants, Buddy McNeil & the Magic Mirrors et The Sound of Sea Animals. Le tout en présence de Donald Seward, auteur de la première parution du label: une réédition du 45 tours Studio B Funk, datant de la fin des années 60.

–Les Cougarettes fêtent le lancement de la version vinyle de leur EP Milk Fangs, le 20 mars au O Patro Vys avec Mathématique et Mathias Mental.

-Les excellents Pom Pom War et les Incendiaires sont à L'Escogriffe le 20 mars.

-Hip-hop weird avec Ira Lee et Héliodrome, le 24 mars à la Casa del Popolo.

–Dany Placard sort de lui-même le 25 mars à la Sala Rossa.

DISQUE LOCAL

Moussette

Le Club Alpin

(Indépendant)

Le discret quintette, dont deux membres font aussi partie d'Avec pas d'casque (parenté prolongée ici par la participation de Stéphane Lafleur aux textes d'un titre), consolide son indie-folk paresseux sur ce quatrième opus savoureux. On voudrait presque parler de "mollesse raffermie", par rapport au plus ambigu Reste en lumière de 2007: chant soupirant, guitares traînardes et piano somnolent sont toujours à l'ordre du jour, mais le parcours semble mieux tracé, simplifié, permettant aux musiques de mieux compléter les images habiles contenues dans Les Panneaux solaires ou Les Ruisseaux. Moussette donne dans la contemplation de haut niveau et donne envie d'après-midi stoner d'été, passés à écouter le chant des gicleurs. Le 19 mars aux Chérubins (6388, rue Saint-Hubert). 4/5