Les dynamiques Micros armés ont épaté lors de la dernière soirée des préliminaires des Francouvertes, le 22 mars.
photo: Michel Pinault
L'étape des préliminaires de la 14e édition des Francouvertes s'achevait lundi, 22 mars, avec les 3 derniers de 21 concurrents, dont on sait maintenant que les 9 suivants se rendront en demi-finales: Alex Nevsky, Violett Pi, Philémon chante, Louis-Philippe Robillard, L'Ours, Micros armés, Monogrenade, Caloon Saloon et Bernard Adamus (classés ici de la neuvième à la première position).
Comme je le disais il y a quelques semaines sur le blogue de la présente chronique, la cuvée a été bonne, un juste assortiment d'occasions attendues de scorer fort et de surprises pures. Les pop-rockeurs "karkwatsoniens" de Monogrenade et le chansonnier rock Alex Nevsky, dans la première catégorie, n'ont pas manqué de transformer une rumeur favorable en fait établi: ils ont des refrains faits sur mesure pour les grosses foules, et le professionnalisme pour les appuyer. Mais le gros fun des concours, c'est encore les sprints inattendus. À ce chapitre, on retient la chanson aérienne atypique et bien ciselée de Philémon chante; la chanson post-rock excentrique de L'Ours; la progression, l'entrain et les nouvelles chansons étonnantes de Caloon Saloon; de même que l'amusant foutoir hip-hop de Micros armés, dont la mouture un peu vieillotte et franchouillarde est passée comme une lettre à la poste grâce à l'usage adroit de breakers, de beatboxing humain et de solide MCing ragga. Quant aux moments de malaise, inévitables dans les concours, ils ont été relativement peu nombreux.
L'autre gros fun des compétitions, c'est de voir qui, des favoris ou des sprinteurs, saura prendre le dessus. C'est cette dynamique que la présence du poids lourd Bernard Adamus vient bousiller, cette année. Les organisateurs et ses partisans auront beau clamer que l'artiste a été admis au concours de façon légitime, et ce, avant d'atteindre des ventes de disques qui surpassent présentement celles de bien des figures établies (3000 copies de Brun), il reste que n'importe qui doté d'une paire d'oreilles pouvait prédire le scénario qui se produit aujourd'hui. Lequel pourrait bien tenir le concours en otage jusqu'à la fin: le jury, dont le vote compte pour 50 %, ne peut ignorer le charisme du bonhomme, et le public, qui assure l'autre 50 %, se masse pour venir entendre La Question à 100 piasses et lui accorde des notes démesurées. Les Francouvertes doivent se doter d'une clause pour éviter ce genre de moquerie.
L'autre déception, c'est l'impossibilité pour des weirdos agréables, comme Meta Gruau ou Jésuslesfilles, d'accéder aux étapes ultérieures du concours. Les deux ont offert des démonstrations probantes, mais doivent laisser place à des présences plus polies, fût-ce la musique incolore (tousse, tousse, Alex Nevsky). On a beau se trouver dans une célébration de la relève, jury et public craquent invariablement pour les grands gestes, la théâtralité, le showmanship 101. On peut se demander où en seraient aujourd'hui bien des grosses pointures si de tels artifices étaient réellement une nécessité…
N'eût été de la présence d'Adamus, Jésuslesfilles aurait peut-être eu sa chance, ayant figuré au classement jusqu'à la semaine dernière… Il serait de bon ton que l'artiste considère ses co-concurrents pour les premières parties de ses prochains concerts.
Les demi-finales auront lieu les 12, 13 et 14 avril prochains au Lion d'Or.
À SOULIGNER /
– Payz Play se sépare.
– Duchess Says et Le Matos démolissent la SAT le 26 mars dans le cadre du festival Neon-High Food.
– Les artistes continuent de se mobiliser pour Haïti. Dramatik, Vox Sambou, Moe Clark et Meryem Saci (de Nomadic Massive) et le DJ Andy Williams seront du concert Artists for Haiti II, le 31 mars au Café Campus.
– Les excellents et rarissimes Dapinknoise seront au Lambi le 1er avril avec Hexes and Ohs.
DISQUE LOCAL /
Filly and the Flops
Filly and the Flops
(Indépendant)
Felicity Hamer a un timbre haut et nasillard qui jure parfois dans le paysage ouvrier des United Steel Workers of Montreal, mais le voilà à sa place dans ces reprises de classiques rockabilly. Entourée du compère Steel Worker Eddy Blake à la contrebasse, des guitaristes Kevin McNeilley et Gabriel Lambert ainsi que du batteur Eric Thibodeau, Hamer reste près des versions originales, mais s'approprie sa matière avec chien, cachet. La sélection est irréprochable, servie dans une réalisation bien croustillante, avec tous les apprêts requis (solos réverbérés, chours doo-wop…). Excellentes versions de Move a Little Closer des Collins Kids, ainsi que de Let's Elope Baby et Love Me to Pieces de Janis Martin. Le 27 mars au Wheel Club. 4/5