Payz Stop
Musique

Payz Stop


Égypto: "À un moment donné, tu te retrouves à 32 ans, pis tu dis: Ouin, le rap, au Québec, c'est pas si jiggy que ça, finalement."

À entendre Julien Cloutier, alias Naes/Toast Dawg, quart rythmique de la troupe, la fin de Payz Play s'est imposée plus qu'elle s'est décidée. "On a essayé de le faire sérieusement pendant le plus longtemps possible. On a eu les subventions, on a eu le p'tit label qui sortait nos affaires… Mais à un moment donné, faire de la musique, c'est faire de la musique… Le côté recherche de fonds, signer des papiers, je commence à trouver ça plate, indique-t-il. Depuis six mois au moins, RU travaille sur son projet solo (Double D), il a eu un bébé… Entre ça et l'école, le temps qu'il avait pour faire de la musique était limité. Étant donné qu'on n'avait pas eu de spectacles depuis septembre – ce qui est normal, on n'est pas tous des DJ Champion -, on a décidé de mettre la switch à off."

Même son de cloche chez le MC Marc "Égypto" Pagliarulo-Beauchemin, lui aussi de retour aux études depuis septembre, en communication, et bientôt papa pour une première fois. "À un moment donné, tu te retrouves à 32 ans, pis tu dis: Ouin, le rap, au Québec, c'est pas si jiggy que ça, finalement. On est quand même assez reconnus dans le milieu, mais on prend le métro. À ce stade-ci, la priorité de fonder une famille passe avant celle de faire de la musique."

Pour Égypto, ce terminus met fin à 12 ans d'activité constante au sein du milieu hip-hop local. D'abord avec Traumaturges, puis avec Atach Tatuq, puis enfin avec Payz Play. Oui, les membres pensent que ça aurait dû "marcher" davantage. Non, ils ne savent pas pourquoi ça n'est pas arrivé. Et non, ils ne sont pas amers. Égypto est fier des idées concrétisées, Naes, d'une productivité longtemps recherchée. "Avec Atach Tatuq, comme on était 12, on avait de la misère à aller plus loin que le centre-ville. Avec Payz Play, on a fait deux fois le tour du Québec en un an et demi. Je pense qu'on a eu un bon buzz", dit-il.

Outre le Double D de RU, Naes et son comparse Ephiks continuent en tant que Payz Play Supa Deejayz. La paire est toujours aux commandes de la soirée mensuelle Pow Wow (à l'Inspecteur Épingle) et compte donner suite à l'excellent mixtape Disco Rocket, lancé il y a quelques mois. Des nouveaux remix continuent d'ailleurs d'apparaître périodiquement en ligne, via leur page SoundCloud ( soundcloud.com/payzplay ). "On s'est fait à l'idée que de donner de la musique plus souvent, c'est encore mieux. SoundCloud, on trouve ça cool. T'as instantanément des commentaires et il y a des DJ de partout qui jouent nos tracks", indique Naes.

Payz Play "droppe ça" une dernière fois ce vendredi, 2 avril, à la maison de la culture Ahuntsic. Il ne s'agira pas que de ressassage: la bande livrera matériel inédit et avant-goûts de l'après-Payz Play.

À SOULIGNER /

Navet Confit et ses Lapins vampires font le 5 à 7 Déplogue du Quai des Brumes le 4 avril. À surveiller en première partie: les Gerrys, un quatuor vocal qui reprend les pièces de Gerry Boulet à la mode a capella. Ces voix, ils nous les donnent.

– Le concert de Sean Nicholas Savage du 7 avril (voir critique ci-dessus) est un concert "apportez votre couverture". Avec Indiensoci (projet secondaire de la chanteuse de Braids), Devon Welsh des Pop Winds et The Crown Vandals.

Torngat est l'invité des Nocturnes du Musée d'art contemporain le 2 avril. La prestation est à 19 h, mais arrivez tôt ou regardez ça sur écran.

Le Kid et les Marinellis soulignent la sortie de leur nouveau vidéoclip (réalisation John Londono) avec un concert le 8 avril à L'Escogriffe.

– Du 2 au 17 avril, c'est le festival Vue sur la relève. Philémon chante, Geneviève Morissette, Jullian et Alex Nevsky occupent le versant pop-rock au Lion d'Or, le 8 avril, tandis que Laetitia Zonzambé, Fabrice Koffy, Mamselle et Emrical composent un menu world, le 2 avril à la maison de la culture Frontenac.

DISQUE LOCAL /

Sean Nicholas Savage
Spread Free Like a Butterfly
(Arbutus)

Il a le timbre chevrotant, un ton romantique souvent naïf, en plus d'être insaisissable (ses concerts sont mal annoncés et ce nouveau coup porte le même titre qu'un autre de ses albums, en dépit d'un contenu différent), mais l'ex-chanteur des Silly Kissers doit impérativement être découvert. Parution vinyle, Spread Free porte la marque d'un mélodiste exceptionnel, qui s'approprie avec couleur et charisme les enseignements d'un Stephin Merritt ou d'un Burt Bacharach. Savage a besoin ici de peu (souvent juste une guitare ou un synthé, avec touches de violon ou de chours féminins) pour faire briller des perles comme My Girl, Heart Wish ou Baby It's You. Attention, les gros canons sont dissimulés sur la face B! Le 7 avril au Club Lambi. 4/5