Moussette poussette
On a l'impression de commencer à entendre parler d'eux, mais il ne s'agit pas de nouveaux venus: voilà dix ans que Moussette roule doucement sa bosse, d'abord en duo (le noyau, c'est Michel, le grand chanteur, et son frère Nicolas, aussi membre d'Avec pas d'casque), puis plus récemment en format quintette (avec Joël Vaudreuil, un autre APC, l'ex-Le Nom Pascal DJ et l'ex-Tragic Mulatto Marc Galipeau). D'autres albums ont vu le jour avant, mais aucun qui n'envoûte autant que Le Club alpin, lancé il y a un mois.
Placide, cartésien, Michel Moussette a plusieurs hypothèses pour expliquer pourquoi ce dernier-né frappe plus que, par exemple, Reste en lumière, le précédent, datant de 2007. "Le Club alpin est plus homogène sur plusieurs aspects, au plan musical, entre autres. Il y a un son plus précis. Au plan de l'écriture, aussi. Il y a beaucoup de références mythologiques; je parle de montagnes, du désert, de mort, d'aller dans l'espace", explique celui qui, de jour, partage son temps entre la menuiserie et la traduction-révision(!). "Dans le temps des premiers albums, je faisais beaucoup de rénovation. Les chansons parlaient plus de mon quotidien: briser des murs, poser du bardeau…" Pour qui voudrait suivre l'évolution, le groupe vient de mettre sa discographie intégrale en écoute sur sa page Bandcamp (moussette.bandcamp.com).
Pour Le Club alpin, le musicien se félicite aussi d'avoir reçu l'aide de Thomas Augustin (Malajube) au mixage. "Il a une approche que certains pourraient qualifier d'anglophone, c'est-à-dire qu'il traite la voix comme un instrument parmi tant d'autres, qui ne vient pas tout cacher. En français, l'habitude est de mettre la voix très en avant."
À son indie-folk fragile Moussette ajoute par ailleurs une aura de mystère en ne se produisant live que rarement. "Je préfère choisir quelques shows que je trouve intéressants et bien les faire, comme notre lancement, qu'on a fait dans un appartement… Je trouvais ça intéressant de sortir du circuit des salles habituelles", décrit Michel. Sa prochaine sortie aura elle aussi un petit quelque chose d'inhabituel: une participation au Bal du printemps de Gigi French, qui sera agrémenté de nourriture haïtienne. Le 29 avril au Club Lambi.
Pendant ce temps, sur la scène roots…
L'explosion roots montréalaise ne s'est pas arrêtée aux United Steel Workers of Montreal et à Lake of Stew. Le vendredi 16 avril au Quai des Brumes, deux jeunes formations étendaient chacune à sa manière le registre des brassages folk, ce qui a résulté en une soirée festive à souhait. En tête d'affiche, les Griffintown Jug Addicts, un projet impliquant l'auteur-compositeur Dan Livingstone ainsi que les membres de Lake of Stew Brad Levia et Julia Narveson, ont livré un bel assortiment de reprises ragtime, blues et country des années 20. Il y avait hélas trop peu de jus pour bien faire passer l'instrumentation particulière – dobro, bassine et percussions en ustensiles de cuisine -, mais le trio lève le voile sur un pan peu connu du patrimoine folk et Livingstone est un chanteur charismatique. La soirée a toutefois été dominée par Canailles, une belle surprise en forme d'octuor tapageur mêlant fougueusement cajun, country, folk et punk. Anciennement nommé Drunken Sailors, le groupe en est clairement encore à apprivoiser son répertoire, mais il y a là une mine de bonnes idées et quelques chouettes mélodies. À surveiller.
À souligner /
– Il y a en ce moment une dangereuse quantité d'albums gratuits qui poppent en ligne: un nouveau Sean Nicholas Savage (déjà!), un nouveau KenLo Craqnuques, l'album des Pop Winds et un nouveau mixtape de Hovatron. Jusqu'à maintenant, ils comptent parmi les meilleures parutions locales de l'année. Allez sur le blogue Scène locale pour dénicher les adresses.
– Colectivo donne un concert gratuit le 23 avril au Théâtre Plaza pour capter un album live.
– Pierre Was An Outsider, un (autre) projet de Joël Vaudreuil d'Avec pas d'casque, donne son premier et son dernier concert le 24 avril à la Réserve phonique (8540, avenue de l'Esplanade).
Tendre et mauve
(Indépendant)
Tendre? Pas sûr. Coloré? Ça, oui. Avec l'aide de Thomas Augustin (Malajube) à la coréalisation et de Philippe Clément (Duchess Says) comme bassiste invité, l'inclassable trio réussit à bien transmettre l'univers croche développé en concert, sur son premier album, fioritures psyché en plus. Tendre et mauve est menaçant, épeurant et invitant tout à la fois, partagé entre les rythmes dansants, les claviers gras, les riffs angulaires et le chant nasillard de Julien Bakvis, porteur de beau n'importe quoi bien rock ("manger des corvettes en cellophane"? Ouais, sûr!). Situé quelque part entre We Are Wolves et Devo, Meta Gruau peut aussi se faire simplement accrocheur, comme sur la guillerette Superball. Le 23 avril à L'Escogriffe. 3.5/5