Chinatown et Meta Gruau décorés
Musique

Chinatown et Meta Gruau décorés

Méta Gruau a ajouté plusieurs teintes à son dancepunk weirdo, le 23 avril à l'Esco. Photo: O. LalandeLes invités, c'est parfois lourd et glam. Parfois, c'est juste ce qu'il faut pour ajouter un petit quelque chose de fastueux à un show. La dernière semaine a donné lieu à deux bons exemples de la seconde catégorie. D'abord, Chinatown, qui effectuait sa "rentrée" montréalaise au Cabaret, le 22 avril. Le quintette a entrepris de faire honneur aux arrangements opulents de son album Cité d'or en invitant une section de cuivres (composée notamment d'Evan Cranley des Stars et de Jérôme Dupuis-Cloutier, du Roi Poisson) ainsi qu'un claviériste additionnel (Liam O'Neil des Stills). Des pièces comme Du jazz avec l'apocalypse en sont ressorties avec tout un panache. Ajoutez à cela les harmonies vocales d'usage, quelques relectures ukulele-voix ainsi qu'une superbe version de la désormais rarissime Retour à Véga, en duo avec Tim Fletcher (des Stills), et vous aviez une démonstration probante des capacités du clan, dont la justesse vocale demeure cependant approximative par moments. On devrait pouvoir revoir le même spectacle aux Francofolies.

Vendredi 23 avril, à L'Esco, Meta Gruau a souligné le lancement de son album Tendre et mauve avec un soin semblable, invitant notamment Thomas Augustin (Malajube) au second clavier pour quelques pièces, ainsi que Yann Godbout (Half Baked) à la basse. On ne sait pas si c'est à cause de L'Esco – un endroit où Meta Gruau sonne particulièrement bien -, de l'impact additionnel du deuxième synthé ou juste de l'éventail d'humeurs assez large trouvé sur Tendre et mauve, mais Meta Gruau a semblé ce soir-là ajouter beaucoup de teintes à son dancepunk weirdo, dont une brève exploration classico-space à la Wendy Carlos particulièrement synthélicieuse. À refaire!

Le mémoire de Mixylodian

"Je suis têtu. J'ai mis du temps à comprendre certaines choses", témoigne le chanteur et claviériste Mike Wray, à propos du long chemin de croix traversé par son véhicule indie-pop, Mixylodian. Actif depuis environ quatre ans, le groupe (dont Wray est le seul membre permanent) lance finalement cette semaine Wild in Church, son premier album véritable, après trois ans de travail sporadique, durant lesquels Wray a enregistré dans quatre studios, avec trois réalisateurs, dans deux pays (une tournée en Australie avec Aleks & the Ramps a débouché sur quelques sessions productives). "Je pense n'avoir jamais travaillé sur quelque chose pendant aussi longtemps. C'est un peu comme si je remettais mon mémoire de maîtrise", compare Wray, natif d'Ottawa mais établi à Montréal depuis une dizaine d'années.

"Mixylodian est mon dixième ou quinzième band, à Montréal. Graham Van Pelt (Think About Life, Miracle Fortress) et moi avons été dans deux ou trois bands ensemble, du temps de l'Electric Tractor (une salle artisanale qui a précédé le Friendship Cove). Lui a décollé dans une direction et j'en ai pris une autre. J'ai l'impression qu'il est allé très vite et qu'il a compris certaines choses avant moi", signale Wray, qui se dit satisfait du souci du détail déployé sur Wild in Church, "un album d'écouteurs" qui rompt avec la rudesse du premier EP lancé il y a deux ans. Parmi ces détails: un assortiment de dialogues d'enfants enregistrés par Wray lui-même quand il avait cinq ou six ans. "Je tenais à avoir ce fil narratif sur l'album. Je sentais que ça s'insérait bien aux chansons." Spectacle-lancement en formule spéciale sextuor le 1er mai au Divan Orange avec S.S. Cardiacs, Cottonmouth et Eleanor Thompson.

À souligner /

– Retour des soirées Mini-M le 6 mai au Café Campus avec Duchess Says, Monogrenade et The Peelies.

– Prolétaires de tous les pays, unissez-vous au spectacle du 1er mai anticapitaliste (c'est le nom, que voulez-vous) au Théâtre Plaza, avec Ivy, Jean-François Lessard, Gadji Gadjo, Balthazar, Micros Armés, Nomadic Massive et Chaotic Insurrection Ensemble.

Lyse & the Hot Kitchen cuisine L'Esco le 1er mai.

Camaromance et Hôtel Morphée sont au menu de la série Révèle la relève, le 30 avril à la maison de la culture Maisonneuve.

The Pop Winds

The Turquoise

(Arbutus)

Les mantras contemplatifs du jeune trio montréalais ont pris du galon depuis le EP Understory, lancé à l'automne. Sur ce premier album complet (et gratuit, via le arbutusrecords.com), les Pop Winds font encore appel au principe du motif répété, mais savent donner corps, mordant et couleur à leurs compositions. Owl Eyes, Fools et Perennial ont plus que d'imparables mélodies beachboysesques et un sax imprévisible à brandir, elles ont aussi un impact rock vaguement shoegaze, des basses fréquences bien lourdes, des couches d'électronique fourmillantes… Étonnant, minutieux et confortable, The Turquoise donne l'impression d'avoir été signé par Animal Collective enfermé dans une bibliothèque d'université, en train de travailler sur les plans d'un navire. 4/5