L'équilibre et l'élastique
Musique

L’équilibre et l’élastique

Hôtel Morphée, le 30 avril à la maison de la culture Maisonneuve: le combo dépeint le doux comme le dur et ne donne à aucun moment l'impression de faire "concept" ou "fusion". Photo: Olivier Lalande Dix musiciens qu'elle avait à ses côtés, la Gigi French (alias l'ex-Hot Springs Giselle C. Webber), pour son Bal du printemps, le 29 avril au Club Lambi. Quelque chose me disait qu'on aurait affaire à quelque chose de plus propret que sur le grouillant et lo-fi Cannelle. Douce erreur: la demoiselle n'est plus du rock, mais tient encore son monde en équilibre sur des murs de son "spectoresques", des gros blocs frétillants, qui menacent de s'écrouler à tout moment mais ne le font jamais. Et elle qui ondule nonchalamment là-dessus… Vivant. L'évidence s'impose sur scène comme sur disque: Giselle a trouvé chaussure à son pied avec ce nouveau projet.

Autre premier contact probant, vendredi le 30, avec Hôtel Morphée, à la maison de la culture Maisonneuve. Je mentirais si je disais que cette chanson lyrique, sorte de Cour de pirate pour adultes, est ma tasse de thé, mais on doit lever son chapeau à l'élasticité du quintette, dont l'instrumentation vient essentiellement de deux violons et d'une contrebasse (souvent jouée à l'archet) sans qu'on y sente quelque limite que ce soit. Le combo dépeint le doux comme le dur et ne donne à aucun moment l'impression de faire "concept" ou "fusion". Pour le genre, la chanteuse et violoniste Laurence Nerbonne assume par ailleurs son rôle de frontwoman avec une fronde intéressante, à la limite de l'air bête. L'air mignon, quossa donne?

L'exercice d'Elephant Stone

Quatre ans après avoir quitté les High Dials, dont il a fait partie pendant dix ans, Rishi Dhir s'étonne de faire encore du rock: The Seven Seas, le premier album de son nouveau projet Elephant Stone, lancé il y a un an, se voulait un exutoire pour les chansons accumulées au fil des ans, un cadeau aux amis, pas tant un moyen d'intégrer la longue liste du prix Polaris. Tant qu'à voir ces choses arriver, aussi bien pousser la chose plus loin: Elephant Stone enchaîne derechef avec The Glass Box EP, un six-titres conçu en à peine un mois! "Je voulais juste voir si je pouvais le faire. Je me suis forcé à écrire cinq chansons. La semaine suivante, j'étais en studio", explique Rishi, qui a précipité le projet après s'être fait offrir une tournée canadienne avec Brian Jonestown Massacre, laquelle aura lieu à la fin du mois. Maintenant entouré de nouveaux collaborateurs, le bassiste (qui empoigne aussi la cithare de temps à autre) estime avoir signé "un disque de power-pop". "Plusieurs journalistes ont dit que notre prochain album devrait contenir davantage de pièces avec de la cithare, mais en ce moment, je suis encore très en amour avec Big Star, Teenage Fanclub et tout ça". The Glass Box EP paraîtra sur vinyle et MP3 le 25 mai, mais quelques vinyles seront prêts pour le coup d'envoi de la tournée, le 13 mai à la Casa del Popolo.

Elfin Saddle: we are the Wurld

L'inclassable duo psychédélique se la joue multimédia dans le cadre de sa participation à la série Nocturnes du Musée d'art contemporain. En plus de donner un concert accompagné de projections, lors duquel il sera exceptionnellement accompagné de Nathan Gage (Shapes and Sizes), Nicholas Scribner (Clues) et de Kristina Koropecki (Mark Berube and The Patriotic Few, David Martel, etc.), la paire présentera en première son film Wurld, une ouvre en stop-motion qui paraîtra en DVD chez Constellation à l'automne. "Emi (Honda) et moi sommes tous deux artistes visuels de formation et on a collaboré pour différentes installations sculpturales par le passé", explique Jordan McKenzie. "Tout a été filmé dans le jardin de notre cour arrière. Le fil narratif, qui raconte l'évolution de la vie primitive à la civilisation moderne, s'est développé par lui-même". Le 7 mai au Musée d'art contemporain dès 17 h, www.macm.org.

À souligner /

– Le palmarès final des quatorzièmes: Bernard Adamus en première place, Alex Nevsky en seconde et Monogrenade en troisième. Retrouvez le compte rendu du père Laveaux de la finale du 3 mai sur le blogue Scène locale.

Mille Monarques fait sa rentrée montréalaise le 7 mai à la Sala Rossa.

Lake of Stew patauge dans le bluegrass le 8 mai à la Sala Rossa, avec Bloodshot Bill et Mark Berube.

Le Couleur

Origami

(Indépendant)

Deux ans après avoir percé les ondes radio alternatives avec le EP Petit Piano électrique, le quatuor ressurgit avec un album démontrant une bien meilleure maîtrise du sujet pop romantique. Chant diaphane de Laurence Giroux-Do, textes stylisés, empreints de références vintage (Floralies), sens du kitsch, grooves de basse étouffés, touches orchestrales et synthétiques, ombres de Gainsbourg, Francis Lai, Françoise Hardy… Le brassage n'est pas neuf, mais tous les éléments sont bien en place, solidement intégrés et richement arrangés. Le Couleur a quelques solides mélodies en poche et aide sa cause à coups d'harmonies vocales denses et d'excursions en territoires synth-pop. Dans ses meilleurs moments, Origami en est même touchant (L'Amour le jour). Le 11 mai au O Patro Vys.