Musique

Vive le vent

Le sextuor country-bluegrass Lake of Stew était en forme, le 8 mai à la Sala Rossa, et il a à nouveau démontré qu'en matière d'énergie, il peut supplanter bien des compères rock. Photo: Olivier Lalande

Écouter The Turquoise, le récent premier album du trio psyché-pop Pop Winds, après avoir entendu son EP Understory, lancé à l'automne, c'est comme rencontrer une plantureuse demoiselle qu'on aurait connue gamine. Un an après la formation du groupe, Devon Welsh, Austin Milne et Kyle Bennett amènent vraiment à un autre niveau leur mélange de mélodies pop, d'effets sonores éthérés, de guitares et de saxophone sur l'opus, par ailleurs disponible gratos sur le site du prolifique label Arbutus (arbutusrecords.com). "Understory a été enregistré après seulement quelques mois ensemble. On en était encore à trouver notre dynamique de groupe, on était juste pressés d'enregistrer", explique le saxophoniste Austin Milne, à propos de l'évolution. "Les chansons de The Turquoise, en contrepartie, datent toutes des huit derniers mois. Elles sont beaucoup plus collaboratives. On "jamme" et les pièces émergent de cela. Tout le monde y met du sien."

Ce qui n'a pas changé, c'est la tendance du groupe (qui dit s'inspirer autant d'Animal Collective que de Simon & Garfunkel ou du punk hardcore) à baser ses pièces sur des motifs mélodiques, qui agissent un peu comme des mantras. Milne décrit le procédé comme involontaire, mais fait sur mesure pour les ambitions de chacun. "Ça donne possiblement plus de liberté. L'idée est de mettre l'emphase sur les mélodies et les textures, moins sur les textes", explique-t-il.

À la veille de participer à quelques festivals bien en vue – NXNE et Fringe Pop sont dans la mire -, le trio pourrait se métamorphoser à nouveau d'ici les prochains mois. "On n'a pas d'idéal ni d'objectif précis en tête, mais nous tendons à traverser des phases où les répétitions deviennent tendues et frustrantes, ce qui nous laisse un peu déprimés. On y remédie en passant quelques jours à explorer assidûment. On en ressort généralement avec des nouveaux sons, des nouvelles techniques, et deux ou trois morceaux qui nous donnent la direction à suivre", explique Milne. Histoire d'attraper le groupe pendant qu'il porte encore du Turquoise, il y a grosse soirée Arbutus faisant office de lancement d'album ce 14 mai, au 155, avenue Van Horne, avec les Silly Kissers et Blue Hawaii.

Lake of Stew: du gâteau

Le sextuor country-bluegrass ne cache pas ses ambitions d'interactivité totale et, le samedi 8 mai, à la Sala Rossa, il n'a négligé aucun moyen pour y arriver: tenue d'un cake-walk (un concours de la danse la plus originale – une tradition amorcée par les esclaves à la fin des années 1800) qui s'est soldé par le tirage de deux gâteaux (l'un s'est bien sûr effondré au sol, ce qui a donné lieu à quelques rires), lancer de gazous dans l'assistance et, évidemment, chours collectifs autour des entraînantes Ride the Bear, Dalai Lama et autres Mean Shakin' Mama. Quelques nouveaux morceaux réussis, des blagues à profusion… Le groupe était en forme et il a à nouveau démontré qu'en matière d'énergie, il peut supplanter bien des compères rock. En lever de rideau, la formation Mark Berube and The Patriotic Few a fait une démonstration probante de son folk minimaliste – mélodiquement pas des plus excitants, mais Berube est un conteur convaincant et son alliage d'accordéon, de basse, de violoncelle et de batterie fonctionne bien. Bloodshot Bill a ensuite grogné, rugi, glapi et imité tous les animaux de la ferme comme il sait si bien le faire.

À souligner /

– Le groupe shoegaze Receivers lance un nouveau single, la pièce Devotional, avec en face B une reprise du thème de James Bond, You Only Live Twice, le 14 mai à la Sala Rossa. Des mini-métrages produits sous la coupole des rassemblements M60 seront projetés durant le concert et le groupe aura un invité aux éclairages et projections: Peter Servos, qui a déjà travaillé avec les Killers, Billy Talent et autres.

Camaromance conte fleurette au Divan orange le 22 mai avec les Darling DeMaes.

Rome Romeo courtise l'O Patro Vys le 14 mai avec Metz et No Joy.

– L'équipe du Petit Campus (Sage Reynolds, Robbie Kuster, Josh Zubot, Rick Haworth et Dan Thouin) et celle du Divan orange (Jean-Phi Goncalves, Mélanie Auclair, Jonathan Dauphinais, Alexis Dumais et Jean-Denis Levasseur) s'affrontent lors de la grande finale de la LIMM, le 13 mai au Café Campus.

Balboa

Buffet

(Benannah/Select)

Premier album attendu du trio rock du comédien Rémi-Pierre Paquin. L'instrumentale Docteur Doom, servie en entrée, annonce quelque chose qui pourrait avoir le mordant de la bestiole sur la pochette: guitares nirvanesques incisives, samples amusants, rythmique féroce… Hélas, le reste de ce Buffet est tiède et fade. Paquin livre un chant mou qui hésite entre l'accent québ et franchouillard, et ses petites chroniques de la vie domestique n'ont rien pour rehausser une proposition musicale sans grand intérêt: des mélodies convenues, un rock faiblard dilué dans une réalisation proprette… Un chapitre oubliable auquel le public devrait réagir comme les blondes à la fin d'un épisode des Invincibles.