Braids: sages tressages
On a pu croire que l'explosion était passée, mais Montréal continue d'être une sorte de Hollywood musical pour la diaspora canadienne-anglaise. C'est ce qui a favorisé l'émergence de la bande d'Arbutus Records (Silly Kissers, Pop Winds, Blue Hawaii, etc.), qui sera vraisemblablement au centre de la prochaine vague, et c'est partiellement ce qui a attiré les Albertains Raphaelle Standell-Preston, Austin Tufts, Katie Lee et Taylor Smith chez nous il y a bientôt deux ans (l'autre raison étant ce passe-temps futile qu'on nomme "études"). Ils n'ont pas seulement trouvé ici un milieu accueillant et propice à la création, comme l'indique Raphaelle: "Nos vies étaient vraiment différentes à Calgary. Sur le plan musical, par exemple, nous étions alors davantage influencés par le folk. Montréal nous a changés. Notre musique, nos vies, nos amitiés… Tout est devenu plus tressé", indique-t-elle. C'est pourquoi The Neighborhood Council, le groupe qu'ils avaient formé dans leur ville natale, a changé de nom pour Braids.
L'année 2009 a fait avancer sa cause. Sa participation à la dernière édition de Pop Montréal lui a permis de se trouver une représentation aux États-Unis, si bien que là-bas et au Canada anglais, on parle déjà de Native Speaker, son premier album complet, même si sa parution n'est pas prévue avant l'automne.
Musicalement, Braids n'est pas sans évoquer une version plus électronique du shoegaze des années 90. Un rapprochement étonnant considérant le jeune âge des membres, et purement accidentel selon eux. "À part moi, personne dans le groupe n'aime les années 90, précise Raphaelle. On a tous aimé Aphex Twin, mais c'est probablement notre seul lien avec cette décennie. Je pense que ce côté de notre musique vient davantage de groupes tels Animal Collective ou Deerhunter. De voir ces groupes sur scène a vraiment marqué un point tournant dans notre musique", poursuit la chanteuse et guitariste.
Austin Tufts ne cache pas l'affection du groupe pour les effets sonores. "Ils nous permettent de reproduire les sons que nous entendons dans nos têtes, d'ajouter de la dimension à notre son et de faire comme si nous étions plus que juste quatre dans le groupe", témoigne-t-il, annonçant que la musique du quatuor ira en reposant de plus en plus sur ces "instruments qui n'existent pas".
Le groupe quitte cette semaine pour une tournée pancanadienne (sa seconde), qui comprendra quatre escales en sol américain (ses premières). Arrêt le 21 mai au Savoy en première partie de Holly Miranda.
À souligner /
– Beaucoup de parutions locales gratuites sont apparues en ligne dernièrement: nouveaux albums de Blue Hawaii, Maxime Robin et Esker Mica, de même qu'une compilation des disques Méga Fiable. Rendez-vous sur le blogue Scène locale pour les liens. Par ailleurs, Maxime Robin souligne son lancement d'album le 21 mai aux Chérubins (6386, rue Saint-Hubert, en haut du défunt Zoobizarre) à 20 h 30 et 23 h.
– Nom d'un synthé, Batman: menu électro-punk de feu le 25 mai au Belmont avec Cougarettes, Pom Pom War et Automelodi! DJ Cherry Cola assaisonne.
– Crash ton rock crashe son rock le 21 mai à l'Hémisphère gauche.
Double Vision
(L'Écurie musique)
Ce EP vinyle et numérique, assorti de chansons bonis en téléchargement, nous fait retrouver le quintette rock en grande forme, partagé entre ses vieilles habitudes et quelques envies de changement. Les pièces de résistance, Double Vision et Coming Back for You, illustrent la dichotomie: la première est un brûlot plus simple, direct et punky encore que ses semblables de l'album Sauve qui peut! (2007), la seconde est un rock noir atmosphérique tout en modulations et en mélodies tragiques, ponctué d'explosions. Les trois démos servis en à-côté suivent les mêmes tangentes. Les Dirty Tricks continuent de rocker aussi ferme sans avoir besoin de toujours brandir ce dense bouclier de guitares lourdes. Belle évolution. Les 21 et 22 mai à L'Escogriffe.
Ouf!
À ne pas confondre avec Braid et The Braids