Le festival d'art numérique MUTEK, dont la 11e édition a lieu du 2 au 6 juin, n'accueille pas juste des grosses pointures internationales. C'est aussi l'occasion de prendre le pouls de la scène électronique locale et d'en retrouver des figures importantes qui jouent peu, sinon pas du tout, durant le reste de l'année. Parmi ces ermites, on pense notamment (surtout, en fait) au roi du noise-ambient, Tim Hecker, qui n'a que très peu joué à Montréal depuis la parution de l'excellent album An Imaginary Country, l'an dernier. Le programme du 5 juin à la SAT vise à lui permettre d'entamer une collaboration avec l'Australien Ben Frost. En plus de leurs prestations respectives, les deux hommes s'y rejoindront le temps d'un duo. On pense aussi au synthélicieux trio Citofono, qui célébrera le krautrock et l'électro préhistorique à trois claviers analogiques croassants, le 4 juin au Monument-National. Lui aussi s'est fait rare depuis le lancement du sympathique Signature, en novembre dernier. On pense enfin au projet ambient AUN, de l'ex-Jardiniers Martin Dumais, maintenant devenu un duo. Il y aura lancement d'un nouvel album lors du 6 à 8 gratuit du 3 juin au Monument-National.
D'autres en profiteront pour tenter de nouvelles combines. Le 2 juin, en 6 à 8 gratuit, Stephen Beaupré étrennera son projet Gemmiform, une expérience multidisciplinaire impliquant également la musique du Banjo Consorsium et l'art visuel de Nancy Belzile, Patrick Bernatchez et David Fafard. Également le 2 juin, au Monument-National, l'ex-Georges Leningrad Dominique Pétrin offrira une prestation où les sons qu'elle émettra seront traités par Georges Rebboh. Jusque-là, rien d'inhabituel, sauf un détail: elle sera alors sous hypnose! Le Montréalais exilé à Berlin Guillaume Coutu Dumont (voir texte en page ??) présentera lui aussi une première: une prestation avec son nouveau groupe The Side Effects, le 5 juin au Métropolis. Quant à Mossa, il alternera entre le solo et des duos avec les invités ayant participé à son nouvel album, Festine, le 3 juin au Métropolis.
Autres recrues locales à surveiller: Jacob & Francis (4 juin, Monument-National, 6 à 8 gratuit); le programme triple unissant le bruyant Drainolith (alias Alex Moskos d'Unireverse) à Blake Hargreaves (de Dreamcatcher) et au batteur américain Nate Nelson (4 juin, Monument-National), ainsi que Snork (6 juin, parc Jean-Drapeau, dans le cadre du Piknic Électronik). Une question demeure, toutefois: où sont Hovatron, Lunice et KenLo Craqnuques, les trois étoiles montantes du moment?
À souligner /
– Les Murs du son, un documentaire de Martin Fournier sur le mythique complexe de locaux de répétition Cité 2000, prend l'affiche dès le 28 mai au Cinéma Parallèle.
– Elektrik Bones, l'"autre" groupe de Pierre-Philippe "Pilou" Côté (chanteur avec Champion), lance son album About Last Night le 3 juin au Studio du Musée Juste pour rire.
– Début de Thermal Times, une soirée mensuelle Arbutus Records au Divan Orange, le 28 mai: Grimes, Cresting et Agor (de Blue Hawaii) sont de la première édition.
– GIRL et Our Book and the Authors font chanter le Divan Orange le 1er juin.
Blooming Summer
(Arbutus)
Et hop, un autre grand coup (encore gratuit, à part ça, via le arbutusrecords.com) signé Arbutus! Projet impliquant Raphaelle Standell-Preston, de Braids (ainsi qu'un certain Agor), Blue Hawaii propose des mélodies éthérées parentes de celles de Braids, mais enrobées d'arrangements électro luxuriants plutôt que post-rock. Ceux-ci sont à saveur tantôt chillwave (Lilac), tantôt ambient (Castle of Clouds), tantôt carrément empruntés à New Order (excellente Dream Electrixra). Par son adresse à tirer beauté et efficacité pop de son virevoltage vocal, Standell-Preston n'est pas sans rappeler Björk, quoique dans un registre plus modeste. Une excellente première entaille, remarquable de délicatesse, de profondeur sonore et de dynamisme pop.