Hovatron: lenteur, quincaillerie et rêves de Rihanna
Musique

Hovatron: lenteur, quincaillerie et rêves de Rihanna

Philippe Aubin-Dionne, alias Hovatron: "Je préfère écouter mes 12 po de techno à 33 tours plutôt qu'à 45." Le beatmaker sera de la soirée Cocktail Club Soundsystem le 20 août au Club Lambi. MPC, synthés modulaires, séquences MIDI… Je ne comprends pas grand-chose à ce que Philippe Aubin-Dionne me raconte. Mais je comprends que c'est un petit maudine. C'est qu'il a 20 ans, le bougre. Depuis deux ans, le diplômé des soirées Turbocrunk (ces séances de remix live menées par Megasoid, qui ont aussi lancé le non moins talentueux Lunice) aligne des productions top-niveau, qui n'ont rien à envier à celles des noms les plus cotés de l'électro-rap instrumental (Nosaj Thing, Flying Lotus, etc.). De ses premières mixtapes dispersées en ligne à sa plus récente, excellente, pour le compte du blogue néerlandais Lowriders Collective, en passant par son EP pour l'étiquette espagnole Lo-Fi Funk, Aubin-Dionne affiche depuis le début une touche bien personnelle. "Je pense que ça me vient d'un amour des sons de la techno, mais aussi d'une frustration du fait que c'est une musique qui va trop vite. Je préfère écouter mes 12 po de techno à 33 tours plutôt qu'à 45, témoigne-t-il. Au départ, mon envie était aussi de pousser plus loin ce que j'adore chez Timbaland, Justin Timberlake… Je trouve que depuis six, sept ans, il y a des productions incroyables qui se font, en pop… L'idée, c'est d'aller y piger les moments les plus intéressants, en fait de synthés malades et de programmation de drum."

Si même ses sets de DJ à Turbocrunk étaient pimentés d'additions live (des restes de ses cinq années de guitare blues-jazz, durant lesquelles il s'est ferré en improvisation, selon lui), les derniers mois l'ont vu hausser la mise avec des prestations presque entièrement improvisées, faites au moyen des mêmes machines qu'il utilise en studio, et non au laptop. "À force de mieux connaître mon équipement, je me suis dit: coudonc, de un, ces trucs-là sonnent vraiment bien, et de deux, ils laissent place à plus d'improvisation. La plupart de mes synthés n'ont aucun préréglage; je n'ai donc aucune façon de sauver mes sons." Résultat: chaque concert est pleinement différent du précédent.

Un album? Il n'est pas pressé, ni sûr d'en avoir envie. "Il faudrait que je me trouve soit un rappeur ou une chanteuse avec qui je pourrais faire un album un peu à la Spank Rock. Faire le statement de l'album solo, je ne sais pas… Peut-être que je ne suis pas prêt, ou alors qu'il me manque un concept", souligne-t-il, ajoutant qu'il préférerait produire pour d'autres. "Quand je lance des remix de Rihanna sur Internet, c'est parce que je rêve de faire de vraies productions pour Rihanna!"

En attendant, deux EP de Hovatron (sans Rihanna) devraient paraître d'ici la fin de l'année sous l'étiquette du blogue Lowriders Collective. On le retrouve live le 20 août au Club Lambi, dans le cadre de la soirée Cocktail Club Soundsystem, ainsi que le 27 au Warehouse, lors d'une sorte de réunion des soirées Turbocrunk, avec Megasoid(!), Lunice, Ango, Grand Mal et Seb Diamond.

À souligner /

Grosse Distorsion, formé de deux membres des Appendices, jouera quelques nouvelles chansons des deux groupes le 22 août au Quai des Brumes dans le cadre des dimanches Déplogue, dès 17 h.

Organ Mood

Grands Projets

(Indépendant)

Duo formé de l'artiste visuel Mathieu Jacques et du musicien Christophe Lamarche (ex-Sexy Boy, aussi membre de Man Machine), Organ Mood livre un premier album dense, assurément pas fait pour toutes les oreilles. Si des traces des collaborations de Lamarche avec We Are Wolves (pour qui il est sonorisateur et réalisateur) sont audibles sur Modulor, les cinq autres (longs) titres de Grands Projets sont dominés par des visées krautrock qui rapprochent davantage Organ Mood de Unireverse, Citofono et autres spationautes locaux (quoique Les Peuples rappelle beaucoup Animal Collective). Synthés goûteux, savamment étagés, répétitivité induisant une sorte de transe… Les fans du genre trouveront assurément ici une destination invitante. Le 20 août à la Sala Rossa.