Musique

FME 2010: l’intimité en grand

L'une des belles découvertes du dernier Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue: les Revenants. En concert le 16 septembre à la Sala Rossa. Photo Olivier LalandeDimanche soir, sur le parvis de l'Agora des arts – une ancienne église transformée en salle de spectacle, l'une des belles de Rouyn-Noranda -, je lance à Sandy Boutin à la blague que la seule façon d'étendre son festival, à ce stade, serait de changer de ville. L'organisation a beau rouler en grande partie sur le travail de bénévoles, la capitale de l'Abitibi déborde littéralement durant le Festival de musique émergente (FME). La huitième édition du Festival, qui se déroulait du 2 au 5 septembre, a attiré le nombre record de 17 000 entrées (dans une municipalité de 41 000 habitants), et on l'a senti: la plupart de ses 41 événements affichaient archi-complet.

Mais évidemment, le FME sans Rouyn ne serait plus le FME. Outre sa programmation triée sur le volet, le charme du Festival dépend encore largement de la chaleur de ses lieux, de ses habitants. C'est l'intimité en grand, mais c'est l'intimité quand même.

Les valeurs sûres, pour la plupart, n'ont pas déçu: les Vulgaires Machins et La Descente du Coude ont tiré le maximum de la seule belle soirée (météorologiquement parlant) du Festival, lors du concert d'ouverture, avec des prestations toniques, punchées, induisant sur le parterre plus d'un "trash en rond" (une spécialité du coin, paraît-il). Le triplé We Are Wolves/Jesuslesfilles/The Peelies, au Petit Théâtre, a fait danser comme prévu. Fred Fortin, qui était de la première édition du Festival, en 2003, a livré au Cabaret de la dernière chance un set old-school à souhait, un véritable retour aux sources en trio, relevé de versions allongées, jammées et pimentées de longs solos d'Olivier Langevin, lors duquel furent ressuscités deux titres de Gros Mené. Misteur Valaire, le groupe de toutes les occasions, s'est acquitté avec brio de sa tâche de tête d'affiche de la nuit électro, à l'Agora des arts… Moins de jazz, plus de beat. Pierre Lapointe, en concert de clôture, a apaisé les oreilles plus sensibles avec un concert au piano solo élégant et bien senti, allégé par son badinage caractéristique.

Bien qu'ils n'aient pas établi le contact espéré avec les mélomanes locaux, qui ont progressivement déserté l'Agora des arts avant la fin du concert du groupe (contrairement à Bateau noir, en première partie, fort bien reçu), les Besnard Lakes ont donné l'un des moments forts du Festival avec leur haute voltige rock psychédélique. Tant pis pour les quelques problèmes techniques qui ont ralenti l'ascension et l'attitude discutable du guitariste Richard White dans l'adversité (il a carrément déserté la scène après la seconde panne de sono).

Seule Gigi French, très attendue puisque son ancien groupe, The Hot Springs, était bien connu dans le coin, a laissé une première impression douteuse. Sans doute en proie à l'esprit, euh, festif du FME, elle a livré une prestation erratique, décousue, indigne de son talent.

Côté découvertes, ou "relève de la relève", on retient le lancement d'album de la jeune chanteuse Chantal Archambault, en 5 à 7 d'ouverture. Une native du coin solidement appuyée par Dany Placard et Michel-Olivier Gasse de Caloon Saloon. Les Revenants, également composés de Rouynorandiens d'origine, chauffent presque les fesses des Sadies avec leur mélange de country francisé et de rockabilly, trempé de reverb. Le Carabine, un autre groupe local, s'avère efficace dans le genre rock instrumental sans basse, façon Explosions in the Sky/Mogwai. Puisse-t-il s'amener à Montréal bientôt! Enfin, le quatuor montréalais Trung Hoa, composé de deux ex-membres de Bionic, était un choix idéal pour ouvrir le spectacle des Melvins, au Petit Théâtre.

N'oublions pas les invités internationaux: les susmentionnés Sadies et Melvins, les dubbeurs français de High Tone, le barde folk américain Howe Gelb et l'étrange combo français GaBLé, tous responsables d'autant de moments forts.

Bref, une autre édition bien remplie et réussie, qui valait amplement les heures de voiture et l'important déficit de sommeil dont chaque Montréalais sur place doit encore souffrir présentement.

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Caloon Saloon

Buckshot

(Indépendant)

C'est fou, tout le progrès accompli par le quatuor local depuis quelques années. Jadis un groupe de reprises, Caloon Saloon a développé un son bien à lui, quelque part entre le country, le bluegrass, le ragtime et le doo-wop, bien déployé sur ce premier album à travers neuf pièces originales et deux reprises (l'une d'Urbain Desbois et l'autre de WD-40, en duo avec Felicity Hamer). La réalisation de Dany Placard est un peu mince, mais pas les mélodies ni les arrangements bien authentiques de six-cordes, de banjo, de lap-steel, de piano et de percussions ragtime. Avec son chant et ses textes sobres, Michel-Olivier Gasse prouve à nouveau que le folklore du pays de l'oncle Sam peut bien se faire en français. Un premier effort poli, mais habile. Le 14 septembre au Cheval Blanc.