Inaugurer un blogue le Vendredi Saint, quelle drôle d'idée. À trois heures moins quart, en plus. On me prêtera sans doute des intentions, voire des convictions.
En fait, des contingences fort pragmatiques ont présidé à ce choix. Elles importent peu. On se demandera plutôt ce que je viens faire ici, alors que je pilote déjà un blogue ailleurs. Je n'ai pas de réponse toute prête. La vie se construit souvent sur de telles indécisions. (Quel ennui mortel, si l'on savait clairement pourquoi on agit.)
On a eu la délicatesse de ne m'imposer aucun programme précis. J'entends toutefois tenir une ligne éditoriale un brin plus spécifique que sur mon blogue précédent. On l'aura compris : je parlerai de littérature. Au sens large, bien entendu. Un blogue oblong, pour ainsi dire, et centrifuge. Qui nous mènera ailleurs.
D'ailleurs, il fait soleil et le thermomètre indique 16° celcius. Si on me cherche, je suis dehors.
Je suis bien heureux d’apprendre votre arrivée sur le site de Voir, alors même que je m’atelle à la lecture de Nikolski que je trouve passionnante. Vous avez certainement l’art de construire de belles phrases imprégnées de magnifiques métaphores.
Par ailleurs, la structure complexe du livre fait en sorte qu’un enchevêtrement d’histoires qui se recoupent me rappelle quelque peu le cubisme littéraire, dont m’entretenait jadis l’écrivain Alain Fortaich, qui faisait votre éloge sur le site de Voir récemment.
Là s’arrête mon analyse, alors que je n’ai qu’une cinquantaine de pages de lues.
Comme il pleut dehors, je ‘installe dans une bonne chaise et je me remets à la lecture de votre premier livre.
À la prochaine.
Il faut bien commencer quelque part. Cette phrase a plusieurs sens. Elle répond à votre première «inscription» (est-ce que c’est comme ça qu’on appelle ça dans le langage blogue que je ne connais pas encore ?), elle me correspond parce que c’est la première fois que je réponds à un blogue (je n’en ai toujours pas moi-même mais ça ne tardera sûrement pas, même si j’ai généralement horreur des choses qui sont à la mode… Black Label, anyone ?)… et je vois même un lien avec l’heure et le jour du début de votre blogue. À quelques minutes de la mort du Christ, la naissance d’un nouveau blogue.
Pourquoi mon titre, «Une petite pause» ? Je suis en pleine écriture moi-même en ce moment. J’écris une nouvelle pour enfants (ma septième) qui sera publiée dans un recueil en janvier prochain avec mes collègues écrivains pour la jeunesse, membres de l’Association des écrivains pour la jeunesse. Quand j’écris, j’ai besoin, à tout moment, de sortir de mon histoire, d’aller me promener, de faire autre chose. Parfois physiquement, parfois virtuellement. Votre blogue aura été ma sortie virtuelle, ici.
Je retournerai dans quelques minutes dans l’univers de Charlotte, mon personnage dans cette nouvelle, mon nouveau bébé, et je saurai que je peux revenir ici une fois de temps en temps pour «entendre parler» de littérature. Merci, monsieur Nicolas ! Je saluerai Charlotte et sa gang de votre part…
C’est beau un nouveau blog, mais faut s’y mettre! Quand je travaille 9h / jour sans libération conditionnelle sauf pour les jours fériés, puis que je vois que monsieur sort se promener parce qu’il fait 16 degC dès la première entrée du blog, il en a de la chance!
J’aurais voulu être un artiiiiiissssse!
Écrire est une mise à mort, monsieur Dickner, vous le savez bien. On écrit pour le salut de cet être que l’on est, que l’on fragmente, jour après jour, dans les personnages que l’on s’invente et qui réunis devraient nous résoudre; un peu à la manière de vos romans.
En ce vendredi saint vous relancez l’image qui ceint l’écrivain et le poète. Par exemple, Lautréamont dès le début de son livre : Les chants de Maldoror nous présente la naissance répugnante d’un poète. Nelligan ajoute à ce constat sa « honte d’être poète ». Quant à Daphnée Azoulay, dans son recueil Tout près de la nuit, elle évoque cette inquiétante étrangeté que dégage les poètes : « Ma mère me trouve bizarre/Je m’endors les yeux plein de larmes/Comme quand j’oublie que je pleure ».
Aujourd’hui, c’est votre mise à mort; c’est faire étalage de votre individualité sur la place pudique! C’est être confronté à la critique (crisis : mettre en crise) quotidienne plus qu’à l’argument. Cela peut vous occasionnez des remises en question.
Vraiment, est-ce votre chemin de croix qui s’entame ou celui de Damas ? Je vous souhaite plutôt celui de Compostelle.