Patrick Lemay s'interroge : « ça ne fait pas chier les auteurs, les bibliothèques? »
Plusieurs auteurs, plusieurs réponses.
En ce qui me concerne, je suis en faveur des bibliothèques. Pour d'innombrables raisons. D'abord, les épinettes se font rares, il convient de maximiser l'utilisation du livre. La bibliothèque est l'un des instruments les plus élégants, efficaces et modernes que l'humanité se soit donné pour partager le savoir. L'imprimerie, à côté, ressemble à de l'industrie lourde.
Donc, les bibliothèques : oui. En tant qu'auteur, j'estime toutefois qu'un programme de compensation devrait exister pour l'utilisation publique des livres. Un tel programme existe déjà, mais il est sous financé depuis le début.
En fait, pour 91% des auteurs, c’est-à-dire ceux qui ne vivent pas de leur plume, le DPP est habituellement le seul revenu qu’ils perçoivent en une année, les droits d’auteur étant minime (10% sur le prix du livre qui se détaille à 20$ donne un substantiel 2 dollars à son auteur). Ainsi, il faut comprendre qu’à chaque fois que vous commandez un livre à votre bibliothécaire, cela accroît les revenus d’un auteur.
Cependant, pour les 9% des auteurs qui vivent de leur plume, ils sont restreints dans leurs redevances car celles-ci sont majorées.
En fait, la problématique n’est pas tant que les bibliothèques possèdent ou non un livre mais plutôt la reconnaissance du statut de l’écrivain. François Weyergans, récipiendaire du Gongourt, confiait à Guy A. Lepage lors de l’émission Tout le monde en parle, qu’il n’avait pas payé son loyer depuis un an et demi et que son propriétaire attendait un succès… Un écrivain de chez nous pourrait-il faire de même?