Bref retour sur mon analogie entre la pétanque et la littérature. Sylvain Pichette rétorque:
« Habituellement, la pétanque se joue en équipe alors que la littérature s'écrit seul (…). »
Permettez que je m'ostine encore un brin.
La littérature ne s'écrit pas toute seule. Un manuscrit peut certes constituer le fait d'un individu isolé — encore que l'affaire me semble hautement discutable –, mais la littérature est un appareil social complexe, qui se construit avec des auteurs, des éditeurs, des imprimeurs, des journalistes, des libraires, des lecteurs, des gérants d'estrade, des parasites, des mécènes et des badauds indifférents qui passent par là, les mains dans le dos, le nez en l'air.
Bref, dix mille chefs-d'oeuvre dans dix mille tiroirs ne font pas une littérature. Ces manuscrits doivent se retrouver sur la place publique pour appartenir à la littérature, et cette place publique ressemble fort à une allée de pétanque.
Peut-être pas une allée de pétanque québécoise, souvent un peu isolée, mais certainement une allée de pétanque marseillaise, pour ainsi dire idéale, c'est-à-dire bien entourée, cérémonieuse, propice à l'éloquence.