Pierre Foglia nous fait part, ce matin, de son enthousiasme pour la technologie, que nuance une inquiétude : cesserons-nous un jour de lire, ou à tout le moins de lire inutilement. Gratuitement. De lire pour lire.
Je trouve cette inquiétude très saine, sans pour autant la partager.
Ni le texte, ni la lecture ne disparaîtront – pas à brève échéance, en tout cas –, parce qu'en dépit de ce que prétendent certains progressistes, le texte demeure un outil de communication souvent beaucoup plus efficace que, par exemple, la vidéo.
À ce propos, le texte le plus intéressant que j’aie lu au cours de la dernière année n’est pas Is Google Making Us Stupid de Nicholas Carr, mais plutôt ces quelques feuillets de Mandy Brown intitulés In Defense of Readers. Le propos est moins pétaradant que celui de Carr, certes, mais plus fertile.
Quant à savoir si la lecture gratuite disparaîtra, ça ne m’inquiète que très modérément. Je crois que cette peur procède moins d’une menace réelle que d’une idéalisation du passé. Vraiment, les gens lisaient mieux ou davantage autrefois ? Je suis sceptique.
En fait, je suis tellement sceptique que j’aurais tendance à croire le contraire – et un récent passage par la salle des microfilms de la Bibliothèque nationale a renforcé cette conviction.
Je vous reparlerai de microfilms un de ces quatre, tiens, quand j’aurai un peu de temps pour mettre tout ça en forme.
Vous avez parfaitement raison Mr Dickner. Historien en formation, je suis toujours surpris par cette nostalgie galopante qui habite nos contemporains. Des Invasions barbares d’Arcand à « Mes Aieux », on retrouve un récit idéalisé d’un passé oü la saine érudition et les valeurs familiales pures régnaient.
Pourtant, il faut souligner que derrière cet écran d’amnésie nostalgique se cache l’analphabétisme d’une large part de la population, le travail des enfants et un système d’éducation supérieur trop souvent sclérosé.
Puisque je consacre la majeur partie de mon temps à consulter lettres et journaux du XIXe siècle, je peux vous confirmer que nous sommes souvent loin de Balzac et Rousseau; surtout en ce qui concerne la politique beaucoup plus virulente à l’époque. Finalement, en ce qui concerne les microfilms, je ne peux que me réjouir de l’arrivée de l’informatique. Consulter des vieux journaux devient de plus en plus facile !
L’écrit, le texte, disparaître!? Non!!!
La tendance est plutôt que de plus en plus de gens écrivent, même ceux qui le savent plus ou moins… 😉 Pas de mal là-dedans: « c’est en forgeant… »
Je parierais même que les historiens du XXIIe siècle découvriront que la qualité des textes écrits s’est beaucoup améliorée avec les années par rapport à la rhétorique du discours (attention, je parle des textes d’aujourd’hui qui seront encore lus dans 100 ans). Ah! je les imagine en train de rigoler en visionnant les différents débats des « cheufs » et en écoutant certains commentateurs sportifs (rires). Par contre, il y a beaucoup de textes bien écrits.
Ouais! Mais pour ça il faudrait que ces futurs historiens aient profité de « meilleurs exemples » d’éducation, une éducation que les « cheufs » auraient « encouragée ». Ça c’est un autre débat…
Je suis tout à fait d’accord avec vous en ce qui concerne le pourcentage de personnes « lettrées », aujourd’hui par rapport à il y a 100 ou 200 ans. De la règle 20/80 nous sommes sûrement passé à 80/20. 😉
Voici ma réponse à Pierre Foglia :
Le web ne réduit pas la capacité à lire, il l’augmente, contrairement aux dires du chroniqueur Pierre Foglia du quotidien montréalais La Presse dans sa chronique du 23 juin 2009.
http://manuscritdepot.com/internet-litteraire/actualite.294.htm