Lewis Furey : Théâtral revenant
Figure méconnue de la chanson québécoise, Lewis Furey défend avec modestie l’importance de son répertoire en présentant Selected Songs Recital.
Si une justice régnait sur la jungle musicale, la chanson Hustler’s Tango de Lewis Furey, méphistophélique extrait de son premier album paru en 1975, logerait au panthéon des plus enivrants hymnes aux perverses créatures de la nuit, quelque part entre Walk on the Wild Side de Lou Reed (à qui Furey est sempiternellement comparé) et I’m Waiting for the Mandu Velvet Underground. Que le Montréalais ait déserté la scène pendant 30 ans, pour mieux s’investir entre autres dans la création de musiques de films ou de disques pour sa compagne et égérie Carole Laure, aura sans doute contribué à ce que les charmes griffus et théâtraux de ses incursions chansonnières dans la ruelle crade de l’existence ne demeurent le précieux secret que d’une poignée de fanas.
Il y a trois ans, Lewis Furey remontait enfin sur les planches pour Selected Songs Recital, voyage à travers son répertoire et celui de ses mentors porté aux nues par la presse française. « Le théâtre musical, c’est ce que j’ai d’abord écouté tout jeune: L’Opéra de quat’sous, Porky and Bess, West Side Story, you know. Quand j’ai découvert la pop, c’est aussi ce qui m’intéressait. À la fameuse question « Êtes-vous plus Beatles ou plus Stones? », je répondais « Stones » parce qu’ils créaient des personnages. Hustler’s Tango, c’est un peu ma réponse à Sympathy for the Devil. »
Loin de s’arroger toute la lumière des projecteurs, Furey requiert un investissement total de son trio de jeunes musiciens, surnommé The Conservatory Conspiracy (en référence à leur formation au Conservatoire de musique de Montréal). Parmi eux, son fils, Tomas Furey, et Pierre-Philippe Côté (Pilou), charismatique multi-instrumentiste aperçu aux côtés de Champion, à qui le sexagénaire cède carrément le micro sur quelques morceaux. « Il chante comme un Dieu. Je me retiens de ne pas lui laisser chanter tout le spectacle. C’est lui qui me dit: « Non, c’est toi qui dois la faire, celle-là! » »
Qu’on se le tienne pour dit, ce retour sur scène marque la réouverture de la petite usine à chansons de Furey. « Avoir des rendez-vous avec le public fait que j’écris deux fois plus. J’en ai écrit cinq nouvelles depuis Noël dernier, et j’essaie présentement d’en finir une sixième, a summer song, pour les prochains spectacles. »
À Québec
Le 15 décembre
Au Grand Théâtre