Obsolescence programmée, de Nans Bortuzzo : immersion dans la tourmente
Il est musicien, vidéaste, photographe et maintenant artiste du spectacle: Nans Bortuzzo réunit tous ses talents dans le spectacle Obsolescence programmée, une exploration vidéo-immersive des tourments d’une femme désorientée.
Quiconque fréquente le théâtre ou la danse à Montréal a déjà aperçu le nom de Nans Bortuzzo dans un programme de soirée, comme concepteur sonore ou comme vidéaste, parfois comme photographe de scène. L’étendue de ses activités est vaste et son travail est ainsi parfaitement inclassable. Son spectacle Obsolescence programmée, sans surprises, est au confluent des genres et des disciplines: un peu danse, un peu théâtre, un peu installation interactive ou intermédiatique et un peu fabrique sonore.
«Je suis issu du Conservatoire de Toulouse, en jazz, dit-il, mais l’accessibilité actuelle des moyens technologiques m’a rapidement mené à expérimenter toutes sortes de choses. La vidéo est liée à la musique de manière très intime, à mes yeux, alors je me suis à filmer et monter tout naturellement, petit à petit, de manière autodidacte, et parce que dès mon arrivée à Montréal j’ai travaillé en conception sonore pour le spectacle vivant. De manière sensorielle, innée, j’ai toujours beaucoup aimé les musiques lorsqu’elles sont associées à des images.»
Son plaisir? Créer des environnements musicaux qui entrent en profonde interaction avec des images cinématographiques ou alors avec des images abstraites, dans un travail d’ambiances et d’atmosphères. Nans Bortuzzo invente en quelque sorte des micro-climats. Un travail aussi sensoriel que visuel.
OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE – Teaser 1 from Nans Bortuzzo on Vimeo.
Son spectacle propose d’entrer dans l’espace mental d’une femme désorientée, «au centre d’un tourbillon d’images et d’ambiances». «Je voulais explorer, poursuit-il, l’état psychologique d’un personnage, qui est travaillé de manière chorégraphique par des états de corps, souvent un corps contracté et tendu avec lequel le visuel interagit. On découvre peu à peu ce qui la tourmente, à travers une progression dramatique par petites touches. J’ai travaillé avec Virginie Brunelle et Catherine Gaudet, et même s’il n’y a pas de signature chorégraphique unique, on peut dire que Virginie a travaillé un langage plus dansé alors que Catherine a travaillé des états corporels.»
À cela s’ajoute une narration aérienne par une voix hors-champ. «Les images nous font naviguer dans des lieux qui semblent réels mais qui sont un peu indiscernables, par des fondus. Une fusion totale entre cinéma et spectacle vivant.»
Sur une scène inclinée, qui a la forme d’un écran de cinéma, la danseuse évolue à travers images et atmosphères. «Le projecteur au plafond projette sur la danseuse et sur l’écran, explique Bortuzzo. Des caméras infrarouges traitées par informatique repèrent la danseuse dans l’espace et permettent de faire en sorte que les visuels, parfois, soient le prolongement du corps. Le fait de repérer le corps permet aussi d’installer autour d’elle des environnements très précis, de la faire évoluer soudainement dans des lieux dans lesquels elle s’inscrit de manière très réaliste et très illusionniste.»
Une sorte de théâtre total, bien de son époque.
Jusqu’au 22 novembre au Théâtre La Chapelle
Crédit photo: Claudia Chan Tak