On me demande à la radio de jouer à un petit jeu de prédiction consistant à prédire ce qu’on dira en janvier 2013 qu’ont été les mots de 2012.
Pas facile.. Je suis comme Nostradamus dont nous parlent ses thuriféraires : meilleur en postdiction (dire après coup ce qui est advenu) qu’en prédiction!
Puisqu’il faut tout de même y aller et au risque d’avoir l’air penaud en 2013, je dirais que le mot conservateur (et sa famille sémantique) sera très présent en 2013. Au passage on parlera beaucoup de pragmatisme et de la non-pertinence de la distinction gauche-droite.
Une autre prédiction est que le mot autogestion ne sera, hélas, toujours pas très présent.
Et vous: quels mots pensez-vous que 2012 mettra à l’honneur?
(Au fait, je sais: ma prédiction est peut-être une manière de postdiction, la chose étant déjà quelque peu avérée…)
Insurrection. Post-anarchisme.
@Éric Dallaire
INSURRECTION, OUI! C’est éventuellement à l’ordre du jour, de nos jours.
LE POST-ANARCHISME: là, j’ai des doutes. La pensée libertaire ne va pas disparaître, à mon humble avis. Les libertaires vont devoir combattre, de manière pugnace, les «libertarians». Féroce sera éventuellement le combat et le choc des «libertés», réelles ou présumées.
JSB
Récession et crise économique?
C’est pas du jeu, Isabelle 🙂
Ça me fait penser à Chomsky qui, quand il doit donner le titre d’une conférence deux ans à l’avance, annonce: la crise actuelle au Moyen-Orient.
C’est plutôt ingénieux de la part de Chomsky 🙂
Mais bon, pragmatisme et conservatisme je suis d’accord alors.
Peines minimales
Désenchantement, désenchantement, désenchantement: la plupart des médias préfèrent parler de cynisme. Mais le désenchantement dont a beaucoup parlé le sociologue Max Weber il y a une centaine d’années me semble être le mot idoine. Mille excuses pour les partisans du cynisme.
Peut-être: coalition, alliance (???)
Indignation: ce mot et d’autres ayant à peu près le même sens vont continuer à être utilisés.
Transfuges: Ce n’est pas le temps des lilas. C’est le temps des transfuges.
Obama, Romney.
Etc.
Une expression que j’aimerais voir répandue un peu partout au Québec:
LE TEMPS DES CERISES.
JSB
Je pense qu’on parlera de plus en plus de permaculture, et de tous les modes de vie alternatifs. Du moins, je le souhaite!!
Autogestion car je pense que c’est la réponse la plus adaptée pour reprendre le pouvoir face au désordre institutionnalisé.
Je pense qu’il va falloir expliquer aux gens ce qu’est l’auto-gestion. Je n’en pas sûr à 100%, mais je crois qu’il n’y a pas beaucoup de personne au Québec qui sachent ce que cela implique, sans compter que la gauche à tendance à se tourner vers l’État comme acteur du changement et voit l’auto-gestion comme impossible. Pis faudra pas oublier ceux qui ne voudront rien savoir. Normand à raison, « auto-gestion » ne sera pas le mot de 2012.
Du côté états-unien:
I HAVE A DREAM va devenir «He had a dream»!
YES WE CAN va devenir «Sorry, I can’t»!
TEA PARTY: pas nécessairement à Boston mais dans LA BIBLE BELT (là où je vais souvent pour des raisons «familiales»).
ENFIN: LES CAROTTES SONT CUITES (?).
JSB
Allant de pair avec le «conservatisme» dont parle pertinemment Normand Baillargeon, je vois aussi poindre les deux mots suivants. On m’excusera de présenter mes humbles commentaires sur les calamités et saletés qui vont de pair avec une certaine «utilisation» de ces deux mots.
1) AVORTEMENT. Il y a le risque d’une limitation ou de la suppression du DROIT À L’AVORTEMENT.
Cela va de pair avec le fait que l’actuel PM est un drôle (pas comique) d’«AVORTON» qui a planifié l’AVORTEMENT du progressisme, du libéralisme dans le sens le plus positif du concept et l’avortement «jouissif» d’une société basée sur «UN CAPITALISME LÉGÈREMENT « APPRIVOISÉ » ET « UN TANTINET CIVILISÉ ». De toute façon, la grande maîtresse intellectuelle de Ti-Cul Harper, Margaret Thatcher a nié, pendant les années 80, l’existence de ce qu’on apelle une société: « there is no such thing as society ». AMEN! Je présenterai, plus tard, ce discours «surréel».
MAIS ATTENTION: il paraît que Mme Harper, habituellement très effacée, ne pardonnerait pas à son mari de toucher au droit à l’avortement.
2) LA PEINE DE MORT RÉTABLIE (PEUT-ÊTRE). Pour les «harper-riens» il faut se débarasser des criminels de toutes engeances. Pas de pardon! Pas de réhabilitation! Dans la même foulée, il faut contrôler les arts et la culture. Il faut donc rétablir LA MISE À MORT des oeuvres culturelles et artistiques lorsqu’elles sont «dissidentes», subversives, «baveuses» ou provocantes.
De toute façon il faut se méfier de toute oeuvre culturelle ou artistique.
JSB, sociologue des médias et vieux libertaire
Comme je me fais trop omniprésent, je me tais (éventuellement) et je me permets, encore une fois, de présenter la «philosophie» (?) de Margaret Thatcher , un des personnages majeurs du courant conservateur et destructeur:
«Epitaph for the eighties? ‘there isno such thing as society’
« I think we’ve been through a period where too many people have been given to understand that if they have a problem, it’s the government’s job to cope with it. ‘I have a problem, I’ll get a grant.’ ‘I’m homeless, the government must house me.’ They’re casting their problem on society. And, you know, there is no such thing as society. There are individual men and women, and there are families. And no government can do anything except through people, and people must look to themselves first. It’s our duty to look after ourselves and then, also to look after our neighbour. People have got the entitlements too much in mind, without the obligations. There’s no such thing as entitlement, unless someone has first met an obligation. »»
Prime minister Margaret Thatcher, talking to Women’s Own magazine, October 31 1987
Une expression sera également très populaire en 2012, surtout vers la fin de l’année: Fin du monde!
Même si c’est très fort probablement n’importe quoi, gageons que nous allons en entendre parler!
Quelque chose me dit que :
Action démocratique
Néo-démocratie
et État-Providence
seront passées de mode… à condition qu’on ne les défendent pas vigoureusement.
Bref, moi, je fais plutôt des prédictions conditionnelles. C’est plus prudent quand on veut conserver sa licence de prophète. 🙂
Allez. Je me lance.
Après indignation, j’ai l’impression -j’allais écrire l’espoir- que le mot de 2012 sera confiance.
J’espère en effet que nous pourrons remonter aux racines de l’indignation pour réfléchir sur ses causes avant de passer à un éventuel projet de reconstruction de la dignité.
La confiance… Peut-être la notion la plus essentielle de la civilisation humaine. L’indignation est le fruit d’une confiance dérobée, voire éteinte.
Et, conséquemment, l’expression « lien de confiance », déjà bien en vogue, devrait faire une remontée dans nos discours. C’est sur ces mots que je parierais mes billes pour 2012…
@+
S.