À Dessine-moi un dimanche, animé par Franco Nuovo sur les ondes de Radio-Canada, Xavier Brouillette et moi allons, cette semaine:
parler de John Rawls et de sa conception de la justice (Rawls est un des et peut-être même le plus important philosophe politique des 50 dernières années);
discuter du dernier livre de Jean-Claude Michéa;
distribuer symboliquement en cadeau des livres de philosophie à des personnes ou à des organismes;
et présenter nos candidats pour l’envié trophée de la Poutine d’or.
À dimanche.
Je ne suis pas certain de pouvoir écouter l’émission de dimanche pour une foultitude de raisons dont des raisons de santé. Mais je suis titillé et intéressé lorsque je lis que vous allez parler de Jean-Claude Mihéa.
J’ai lu un seul de ses livres «L’Enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, éditions Climats, 1999.». Mais quel livre! Lorsque j’enseignais encore, j’en parlais à mes étudiants et étudiantes. Et je m’en suis inspiré dans plusieurs de mes écrits.
JSB
C’est en effet un bien bon livre et que les enseignants apprécient tout particulièrement, il me semble.
Prompt rétablissement, mon cher!
J’espère que vous allez parler aussi d’Amartya Sen! Je préfère, et de loin, sa vision de la justice à celle de Rawls, même si ce dernier l’a fortement influencé!
Une autre fois, c’est certain, on parlera de Sen. Je pense mois aussi que ses capabilités sont quelque chose d’immense.
J’ai d’ailleurs écrit un texte sur Sen et ses capabilités, mais ne l’ai pas publié encore. Comme il s’agit d’un texte intemporel, pas directement lié à l’actualité, je le garde en réserve…
Intéressant. Je raconte de mémoire, mais, le saviez-vous, Rawls a co-animé un séminaire avec A. Sen et K. Arrow. Comme j’aurais aimé être là!
Rawls était un exemple absolument admirable de probité intellectuelle et de modestie.
Je connais un peu Rawls mais si je me compare à des érudits comme Baillargeon et Darwin, abyssale est mon ignorance. Alors, je me tais pour le moment.
Après avoir lu les propos de Darwin, je vais être ravi de prendre connaissance, si la vie et la santé l’autorisent, de l’oeuvre de A. Sen.
Si je reviens à Michéa et à son livre L’ENSEIGNEMENT DE L’IGNORANCE, il y a dans cet écrit une foultitude d’idées tonifiantes et brillantes.
Mais j’ai été éminemment surpris, il y a plusieurs années, de découvrir une «vérité» à laquelle j’avais souvent réfléchi. À la page 80 du livre (du moins dans la version que j’ai chez moi), Michéa parle de Jaime Semprun, qui dans L’ABÎME SE REPEUPLE, affirme que l’on pose souvent la question, surtout dans les milieux écologistes: «QUEL MONDE ALLONS-NOUS LAISSER À NOS ENFANTS». C’est là une intéressante question.
Mais, selon Semprun et Michéa, il faut aussi poser de toute urgence la question un peu déchirante: «À QUELS ENFANTS ALLONS-NOUS LAISSER LE MONDE».
Lorsque je donnais, dans un cégep, un cours intitulé DÉFIS SOCIAUX, je demandais à mes étudiants de me dire quelle était, selon eux, la signification d’une telle interrogation. Et nombreux étaient ceux et celles qui saisissaient très bien le sens du message. Il faut dire qu’avant cela ils avaient vu et discuté le film sur Chomsky, MANUFACTURING CONSENT. Et nous avions, de diverses manières, abordé souvent la question du sens critique et du formatage des cerveaux. En plus ils suivaient aussi des cours de philosophie. La plupart me répondaient que le monde serait laissé entre les mains de consommateurs narcissiques, égocentriques et nombrilistes. La plupart me répondaient que rares seraient les citoyens. Nous avions lu, quelques semaines avant, le court texte de John Saul: LE CITOYEN DANS UN CUL DE SAC.
Il y a aussi un livre de François Brune qui ne cesse de me réjouir et de me nourrir. Le titre: « LES MÉDIAS PENSENT COMME MOI! » FRAGMENTS DU DISCOURS ANONYME.
Normand Baillargeon aime beaucoup les sophismes. Dans le chapitre 10 de son livre, Brune présente trois sophismes. D’abord le sophisme de l’inéluctable. Ensuite le sophisme consistant à dire que toute évolution est un progrès. Et enfin le sophisme selon lequel la majorité a toujours raison.
Sur ce je me tais et je remercie Messieurs Baillargeon et Darwin de nourrir ma réflexion.
JSB
@ Normand
« le saviez-vous, Rawls a co-animé un séminaire avec A. Sen et K. Arrow»
Je savais qu’ils se connaissaient, se respectaient et s’étaient déjà rencontrés, mais pas plus.
@ Jean-Serge Baribeau
«si je me compare à des érudits comme Baillargeon et Darwin»
Vous me gênez, je suis loin des connaissances de Normand. C’est d’ailleurs lui qui m’a fait connaître Rawls. Je connaissais Sen surtout pour sa contribution à l’indice de progrès humain, mais ai simplement lu certains de ses bouquins par la suite, le personnage me semblant intéressant. Et, il l’est!
« je vais être ravi de prendre connaissance, si la vie et la santé l’autorisent, de l’oeuvre de A. Sen.»
Pour en prendre connaissance, je suggère «L’économie est une science morale», court livre de 120-130 pages contenant l’équivalent de deux de ses conférences. Pour du plus sérieux, et en lien avec l’oeuvre de Rawls, je suggère L’idée de justice (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Id%C3%A9e_de_justice).