À Dessine-moi un dimanche, animé par Franco Nuovo sur les ondes de Radio-Canada, Xavier Brouillette et moi allons, ce dimanche, vers 9 heures:
- Parler de torture, puisque cette semaine, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a soutenu que des renseignements obtenus par des agences étrangères en ayant recours à des mauvais traitements ou à la torture seraient exceptionnellement utilisables par nos services de sécurité si la vie humaine ou la sécurité publique étaient menacées. Or, dans le tumulte qui a suivi le 11 septembre, Alan Dershowitz (professeur à Harvard, cet avocat éminent a été impliqué dans plusieurs causes célèbres, dont le procès O.J. Simpson) avait soutenu que la torture était permissible en certains cas. Pour cela, il a ressorti un expérience de pensée proposée auparavant (par un romancier français, en pleine Guerre d’Algérie) et appelé : «la bombe sur le point d’exploser». Rappel de cette expérience de pensée et des nombreuses et vives réactions suscitées par elle chez les philosophes.
- Xavier de on côté va parler de: L’Art d’aimer, d’Erich Fromm.
Sans oublier les cadeaux philosophiques offerts à des personnes ou à des institutions; et le couronnement de la Poutine d’or de la semaine, remise au sophisme le plus remarquable qui aura été repéré par les collaborateurs ou des auditeurs ou auditrices de l’émission.
Au plaisir de vous y retrouver.
Douloureuse et souffrante est la question de la torture. Moi, ce qui m’a frappé il y a de nombreuses lunes, c’est l’existence d’écoles de torture à Panama et aux États-Unis, dans l’état de Virginie si je ne m’abuse.
Au Brésil et dans de nombreux pays la torture n’a plus nécessairement été un «outil» pour «faire parler» les opposants aux régimes. La torture est devenue UNE FAÇON «TERRORISTE» DE GOUVERNER en créant un climat de peur, de panique et d’anxiété. La torture est aussi devenue de plus en plus scientifique. Quelle horreur!
Je me permets de citer ici un extrait d’un article du Los Angles Times (16 mai 2009):
*****«Les victimes disent souvent qu’au début elles reprenaient espoir quand elles voyaient surgir la blouse blanche d’un médecin, lors des séances de torture. Sûrement le médecin allait demander l’arrêt des violences. Mais ils découvraient très vite que l’unique fonction du médecin était de s’assurer qu’ils étaient encore en suffisamment bon état pour survivre une nouvelle séance de chocs électriques.*****
Je vais assurément suivre ce fragment d’émission portant sur l’angoissant thème de la torture.
JSB
Vous pensez peut-être à l’infâme School of the Americas. (voir: http://www.soaw.org/)
Ignoble en effet…
La référence à la Guerre d’Algérie est tout à fait pertinente. C’est pendant la sinistre « Bataille d’Alger » (janvier-décembre 1957) qu’ont été « mises au point » les techniques de « contre-insurrection » (sic), plus tard exportées dans toute l’Amérique Latine. Dans certaines écoles militaires états-uniennes, les cours de « contre-insurrection » étaient assurés par d’anciens officiers français de la guerre d’Algérie.
Sur le sujet, un livre très utile a été publié : http://fr.wikipedia.org/wiki/Escadrons_de_la_mort,_l'%C3%A9cole_fran%C3%A7aise
Normand Baillargeon, intéressante fut votre présentation des diverses réactions face à l’horreur (c’est moi qui choisis le mot) de cette atrocité appelée TORTURE (ou «travail»)!
Il y a aussi la politique du déni! Je situe le débat. J’ai enseigné au niveau collégial (collèges classiques et cégeps) de 1966 à 2003 (j’ai quand même pris quelques années de pause ou de repos). Je suis une personne qui a été éminemment ravie d’enseigner et je pense que cela se décelait et se percevait. En effet, j’ai entretenu, dans les grandes lignes, d’excellents rapports avec la «gent estudiantine».
Un des événements les plus déchirants et les plus perturbants de ma «carrière» (drôle de mot) s’est déroulé entre 2001 et 2003. Dans un cours intitulé DÉFIS SOCIAUX ET CHANGEMENTS DES SOCIÉTÉS, j’ai parlé, un jour, des diverses dictatures et de l’horreur de la torture. J’ai présenté moult exemples et tout allait bien jusqu’au moment où j’ai abordé la question chilienne et la question du voilier appelé ESMERALDA.
Il y avait, dans une de mes classes, deux étudiants d’origine chilienne. L’un était plutôt taciturne. L’autre était un petit coq très loquace , plutôt insolent et très sûr de lui. Il venait régulièrement à mon bureau pour négocier ses notes et pour «causer» d’une manière assez «téteuse».
Lorsque j’ai parlé de la dictature au Chili et de la pratique de la torture, les deux zigotos se sont déchaînés et m’ont crié, à l’unisson, de ne pas salir leur pays. Ils ont hurlé (c’est le bon mot) que c’étaient les communistes qui faisaient croire que le merveilleux Pinochet, sauveteur de la nation, avait été un dictateur et un tortionnaire.
Ils m’ont rappelé à juste titre que j’avais toujours dit que différents points de vue pouvaient se contredire face à une problématique donnée. Je les ai donc laissé parler. Mais quand j’ai voulu reprendre la parole et présenter mon point de vue, ils se sont déchaînés malgré les cris des autres étudiants qui se disaient prêts à entendre le point de vue du professeur.
Finalement je les ai, en bon fasciste, enjoints de quitter la salle de classe et le plus coi des deux m’a lancé une pile de papiers contenant mes notes de cours et il a annoncé qu’il abandonnait ce cours «communiste». L’autre, obséquieux et «téteux», est venu me voir à de nombreuses reprises pour tenter de «calmer le jeu».
Finalement j’ai, pour la première fois, après de si longues années d’enseignement, exigé de la direction des services pédagogiques, que ces deux mecs ne se retrouvent jamais dans un autre de mes cours, plus avancé.
La direction a accepté ma demande. Mais, ô horreur, le plus baveux des deux s’est retrouvé, lors de la session suivante, dans la classe de Maria, une collègue d’origine chilienne, qui savait que plusieurs de ses amis et amies avaient été torturés. Elle s’était réfugié au Québec en 1974 et nous l’avions alors engagée comme prof de socio. Qui plus est Maria, un autre collègue et moi-même, nous avions préparé ensemble un cours sur l’histoire de la torture.
Finalement comme il y avait un troisième collègue qui donnait le même cours, le jeune obséquieux a été «accepté» dans le cours de ce collègue qui en a bavé.
Mon histoire est trop longue mais j’ai alors été frappé de plein fouet par le déni, par la négation, par le «brain-washing». Des jeunes nés dix ou quinze ans après le coup d’État de 1973 avaient appris à considérer Pinochet comme un héros et à nier l’existence de la torture.
Il y a là un sempiternel recommencement du REFUS DE LA MÉMOIRE! Triste, triste est encore mon âme…
JSB
Y a-t-il une façon simple de retrouver les « poutines d’or » ? Merci.
Bonjour,
On donne nos sources en ondes; et si vous avez manqué une référence, il est toujours possible (je pense) de réécouter l’émission sur le site de RC.
Cordialement