À Dessine-moi un dimanche, animé par Franco Nuovo sur les ondes de Radio-Canada, ce dimanche, vers 9 heures:
Xavier Brouillette va, l’occasion de la Soirée des Oscars, proposer une réflexion sur l’idée de gloire et de renommée.
De mon côté, je vais rappeler la réflexion de Henry David Thoreau (1817-1862) sur la désobéissance civile. Thoreau, qui appartient à ce mouvement philosophique américain qui prend racine à Concord (Mass.) appelé transcendantalisme, a en effet rédigé un ouvrage classique sur la question. J’évoquerai aussi les idées de Rawls sur cette même désobéissance civile.
Sans oublier les cadeaux philosophiques offerts à des personnes ou à des institutions; et le couronnement de la Poutine d’or de la semaine, qui est remise au sophisme le plus remarquable (!) qui aura été repéré par nous, mais aussi par les personnes collaborant à l’émission ou encore des auditeurs, auditrices — envoyez-moi vos sophismes préférés!
Mon favori est celui de la pente glissante («si ça continue, ils vont forcer toutes nos femmes à porter un turban!» (confusion volontaire, bien sûr…)), tout particulièrement utilisé dans le débat sur le port du voile!
Sitôt qu’on le connaît. on le repère assez souvent, celui-là, il me semble.
Je serai ravi d’écouter votre exposé sur la désobéissance civile, question essentielle qui reste d’actualité dans un pays dirigé de manière presquement totalitaire par des fanatiques qui n’ont eu que 39% du vote populaire. L’État est une institution troublante.
Je vais aussi écouter avec un grand intérêt les réflexions de Xavier Brouillette sur le rêve de gloire et de renommée. Au cours de ma longue «carrière» d’enseignant (37 ans), j’ai constaté que de nombreux jeunes souffrent d’un «panurgisme» considérable tout en entretenant des rêves de gloire et de «staritude». Ces personnes, passablement conformistes, veulent être comme les autres tout en souhaitant se détacher un jour du troupeau pour devenir des dieux ou des demi-dieux. Beaucoup de ces personnes vont éventuellement connaître LA CÉLÉBRIÈVETÉ comme le dit si bien l’auteur Jérôme Béglé.
Troublant est souvent l’idéal de gloire et de renommée. En 1990 il y a eu une série de meurtres et de viols. Le tout a commencé dans des boutiques de la rue Laurier. La première jeune fille violée et assassinée était la fille d’un de mes meilleurs amis, un anthropologue qui a vécu en Afrique pendant 25 ans.
Ce n’est qu’en 1995 qu’Agostino Ferreira, l’auteur de ces crimes, a été arrêté. Pendant toute la durée de son procès Ferreira était ravi de faire parler de lui dans les journaux. Même attitude de la part de sa mère. Ce n’est pas moi qui invente cela. C’est la procureure de la couronne qui a écrit, il y a quelques années, un article dans La Presse, article dans lequel elle était faisait part de son dégoût parce qu’«on» venait de réaliser un film sur Ferreira, film ne présentant que son point de vue à lui. Et la procureure soulignait que jamais elle n’avait vu, dans toute sa carrière, un être aussi assoiffé de célébrité. Et elle faisait le même commentaire en ce qui concerne la mère.
Tout cela pour dire, trop longuement, que les rêves de «staritude» m’intéressent au plus haut point.
JSB
Merci de ce stimulant commentaire.
Intéressantes considérations sur la fameuse et un peu confuse notion de DÉSOBÉISSANCE CIVILE.
Quand Nuovo suggère que bloquer la circulation sur le pont Jacques-Cartier, c’est peut-être de la désobéissance civile, je suis en total désaccord.
J’ai d’ailleurs «commis» le texte que voici, texte fort discutable, publié dans Cyberpresse:
«Publié le 24 février 2012 à 17h06 | Mis à jour le 24 février 2012 à 17h06
COMMENT SE METTRE À DOS LA POPULATION
Jean-Serge Baribeau
Sociologue des médias, l’auteur réside à Montréal.
Au moment où j’écris ces lignes, le jeudi 23 février 2012, entre 16h 00 et 16h 40, plusieurs centaines d’étudiants, plus smattes que les autres, ont décidé, une fois la manifestation «principale» terminée, de faire comme ça, sans coup férir et sans consultation avec les instances officielles, une deuxième manifestation consistant à bloquer le pont Jacques-Cartier en pleine heure de pointe.
Je pense déjà à l’amour effréné que vont éprouver les automobilistes retardés à l’égard de ces pauvres petits étudiants opprimés et quasiment affamés.
J’appuie de mille manières les revendications étudiantes. Mais ayant été militant étudiant au début des années 60 et ayant vu de nombreux mouvements étudiants lorsque j’ai enseigné au niveau collégial pendant 37 ans, je remarque des constantes qui me désolent, tant dans les mouvements étudiants que dans les mouvements de travailleurs ou dans divers mouvements se battant pour certaines causes, parfois très justes, comme la paix, par exemple.
Il arrive fréquemment que certains groupes, plus ou moins isolés et se prenant pour l’avant-garde de l’avant-garde décident de convaincre certains manifestants de les suivre pour poser divers gestes «révolutionnaires» et non prévus par les organisateurs officiels de la manifestation.
La plupart du temps ces actions «marginales» et hautement subversives consistent dans le fait de poser des gestes qui vont brasser l’apparente indifférence des citoyens «normaux» et «endormis». Le résultat est à chaque fois le même: ces avant-gardistes viennent de se mettre à dos une partie de la population, cette population dont ils ne cessent de réclamer l’appui inconditionnel et aveugle.
Enfin, l’histoire se répète, du moins dans une certaine mesure.»
ET VOILÀ!
Un petit souvenir. Lorsqu’il y a eu, en 1969, sauf erreur, la fameuse manifestation McGill Français, je participais, avec des étudiants, à un petit comité chargé de publiciser cette manifestation et chargé de convaincre de nombreux étudiants de participer à la manif. C’était à Longueuil. À un moment donné nous avons vu arriver, dans la salle où nous étions, Paul Rose, Jacques Rose et plusieurs de leurs amis.
Paul Rose, cet homme remarquable, soit dit en toute ironie, nous a alors expliqué que l’objectif était de faire beaucoup de provocation et d’éventuellement provoquer la mort de quelques manifestants, ce qui mettrait en lumière le côté répressif de l’État et de la police.
Nous étions horrifiés et les étudiants m’ont demandé de réagir. J’ai alors souligné que je ne jouais pas avec la vie des manifestants. Alors, ces braves gens, auxquels j’avais déjà été confrontés de manière hostile dans une autre occasion, m’ont expliqué que j’étais un petit bourgeois minable et qu’ils me reverraient éventuellement, un jour, pour me donner la leçon que je méritais.
LA QUESTION: ces zigotos hargneux et haineux étaient-ils des adeptes de la désobéissance civile?
Enfin, tout cela n’est pas simple et je ne prétends pas avoir, de manière dogmatique et indiscutable, toutes les réponses.
JSB