Mon plus récent livre, L’arche de Socrate. Petit Bestiaire Philosophique, sort en Europe ces jours-ci (il arrivera au Québec en août).
Je suis heureux et honoré que la couverture soit un magnifique cadeau de mon ami, le grand Siné.
Description du livre par l’éditeur:
De l’âne de Buridan au zèbre de Drestke, les animaux dans l’imaginaire et la pensée des philosophes Depuis toujours, des animaux surgissent dans la pensée et les écrits des philosophes, comme ils ont surgi des écrits et de la pensée des romanciers, des fabulistes et des poètes. Normand Baillargeon, l’auteur du Petit cours d’autodéfense intellectuelle, entreprend ici un premier repérage de la présence animale dans l’univers philosophique. On y découvre comment, tout au long de l’histoire des idées, des animaux ont servi de support ou d’inspiration à bon nombre de questions philosophiques sur la nature humaine, les droits des animaux, le déterminisme ou encore la mécanique quantique.
Dans ce petit bestiaire, le chat de Shrödinger côtoie les poulets de Singer, le scarabée de Wittgenstein et une trentaine d’autres animaux au coeur d’un parcours à la fois ludique et didactique.
Sommaire :
Les Abeilles de Mandeville – L’Âne de Buridan – Les Animaux-Machines de Descartes – Le Canard-Lapin de Wittgenstein – Le Chat de Nussbaum – Le Chat de Schrödinger – La Chauve-souris de Nagel – Le Cheval de Pfungst – Le Chien de Chrysippe – Le Chien de Regan – La Chouette de Hegel – Le Cochon de Mill – Le Cochon d’Adams et de Baggini – Les Corbeaux de Hempel – Les Cygnes de Popper – Les Dauphins de White – L’Écureuil de James – Le « Gavagai » de Quine – Les Grands Singes de Singer et Cavalieri – Le Léviathan de Hobbes – Les Loups de Freud – La Mouche de Wittgenstein – Les Moutons de Rabelais – Le Papillon de Lorenz – Les Poulets de Singer – Le Renard de Scruton – La Sauterelle de Suits – Le Scarabée de Wittgenstein – Le Singe de Terrace et Chomsky – La Tortue de Zénon – L’Unicorne de Kant – La Vache de Cohen – Le Zèbre de Dretske.
La couverture:
J’ai hâte de lire ce livre, mais je ne peux m’empêcher de commettre quelques petites remarques (qui se veulent constructives et non agressives).
D’abord… Euh… Rabelais n’était pas un philosophe… Juste un écrivain de fiction ! Un écrivain de génie, à mon sens, mais pas un « philosophe » au sens « technique » du terme.
Quant à inclure Freud dans la liste des philosophes, je préfère m’abstenir de commenter.
Si je peux me permettre (humblement !), voilà une proposition de livre qui me semblerait utile, car le besoin s’en fait à mon humble avis cruellement sentir :
Un livre qui expliquerait pourquoi on ne doit tenir aucun compte de bon nombre d’auteurs (contemporains ou vivants), bien qu’encensés de tous les côtés, car ils sont des dangers intellectuels. Un peu comme le livre de Sokal et Bricmont, mais en plus développé (ou, si l’on préfère, comme la « Société ouverte » de Popper, mais en traitant plus d’auteurs).
Je laisse à d’autres personnes plus compétentes que moi le soin de laisser la liste des auteurs à traiter, mais à l’instar de Sokal et Bricmont, je pense qu’il faudrait y inclure la quasi-totalité des « philosophes » français du XXè siècle.
(D’ailleurs, il serait intéressant de faire, un jour, une enquête historique et sociologique sur le pourquoi du fait suivant : comment la France est-elle devenue, au XXè siècle, un pays aussi foldingue et nuisible sur le plan de sa vie intellectuelle, après avoir produit des gens comme Voltaire, Rousseau, Diderot, d’Alembert, Helvétius, Bayle, Holbach, Condorcet…? Comment tomber aussi bas après avoir été si haut ?)
Salut, Rabelais, pour moi, est certes un écrivain, mais il a importance philosophique, en éducation. Et je ne voulais pas rater les fameux moutons! Quant à Freud, je pense qu’il est difficile d’être plus sévère que moi à son endroit: il est traité en conséquence dans le livre, l’Homme aux Loups étant une histoire scabreuse et scandaleuse, une histoire d’horreur. Bref, Freud est dans livre, mais pas encensé! J’espère que le livre vous plaira, notamment sur ce plan. En passant: j’ai eu le bonheur et le privilège d’avoir Bricmont comme relecteur.
Nous en reparlerons en août, j’espère!
Certainement!
Toujours aussi prolifique Normand. Je vais surveiller l’arrivée de ce livre au Québec.
Un angle d’attaque de la philosophie tout à fait prometteur.
Merci du bon mot, Régine.
Tu as tout de suite vu ce qui, à mes yeux (mais je peux me tromper…), devrait faire l’originalité du libre i.e. cet angle d’attaque pour vulgariser de la philo.
Cher Normand, votre texte m’a amené à fouiller et à retrouver ce bref «poème» de Voltaire, poème que vous connaissez sûrement mieux que votre humble serviteur :
Connaissez-vous cette histoire frivole ?
D’un certain âne illustre dans l’école?
Dans l’écurie on vint lui présenter
Pour son dîner deux mesures égales,
De même force, à pareils intervalles;
Des deux côtés l’âne se vit tenter
Également, et, dressant ses oreilles,
Juste au milieu des deux formes pareilles,
De l’équilibre accomplissant les lois,
Mourut de faim, de peur de faire un choix.
(Voltaire, La Pucelle d’Orléans, œuvre en 21 chants, chant XII, vers 16 et sq. Œuvres complètes de Voltaire, t. XI, Paris, 1784.)
Aussi, ayant eu une formation très thomiste lors de mon cours classique, je me suis rappelé le mépris de Saint Thomas d’Aquin lorsqu’il s’agissait des animaux, des «bêtes». Voici une citation qui en dit long :
*****«Or tous les animaux sont par nature soumis à l’homme. C’est une chose que l’on peut établir à partir de trois données. La première est l’ordre même de la nature : de même, en effet, que dans le genèse des choses on saisit un certain ordre selon lequel on passe de l’imparfait au parfait, car la matière est pour la forme et la forme la plus imparfaite pour celle qui est plus parfaite, de même en est-il aussi de l’usage qui est fait des choses de la nature, car les êtres plus imparfaits sont mis à la disposition des parfaits (…)
La deuxième donnée est l’ordre de la divine providence, laquelle gouverne toujours les inférieurs par les supérieurs. Aussi, comme l’homme est au-dessus des autres animaux, puisqu’il a été fait à l’image de Dieu, est-il convenable que les autres animaux soient soumis à sa conduite.
La troisième donnée consiste dans les propriétés respectives de l’homme et des autres animaux. Dans les autres animaux, en effet, on trouve au niveau de leur pouvoir naturel d’estimation une certaine participation de la prudence concernant quelques actes particuliers, tandis que dans l’homme on trouve une prudence universelle qui fournit le plan de tout ce qu’il y a à faire. Or tout ce qui est par participation est soumis à ce qui est par essence de façon universelle. Et ainsi il est clair que la sujétion des autres animaux à l’homme est naturelle.»*****
(Somme théologique, 1A, Q96 in Si les lions pouvaient parler, sous la Direction de Boris Cyrulnik)
Aussi, sans vouloir faire manger des couleuvres à qui que ce soit, je soutiens la thèse selon laquelle Obélix ne ferait pas «l’âne» même s’il y avait deux sangliers équidistants.
Aussi, il serait intéressant et jouissif de faire une expérience concernant deux conservateurs crasseux (et un peu «crosseurs»). Je pense à Charest (un conservateur chez les braves libéraux) et à Harper. L’idée serait de leur faire porter un bonnet d’âne et de les mettre dans la même pièce. On demanderait alors à diverses personnes de se placer dans la même position que l’âne de Buridan. Le choix serait-il difficile ?
En fait, je donne ma langue au chat lorsqu’il s’agit d’approfondir l’aspect philosophique. Je suis certain que le livre de Normand va me combler et m’éclairer.
Je m’amuse souvent beaucoup lorsque j’ai le temps de feuilleter et déguster un magnifique livre de Claude Duneton et Sylvie Claval. Le titre : LE BOUQUET DES EXPRESSIONS IMAGÉES.
J’ai donc parcouru le livre en vérifiant les expressions imagées et souvent fleuries qui font (ou ont fait) le charme, pas si discret que cela, de la langue française.
Il y a, dans cet ouvrage, une quantité pléthorique d’expressions, souvent ravissantes, concernant les animaux.
Ainsi les auteurs ont répertorié une expression concernant, encore une fois, les ânes : «au Moyen Âge, ceux qui mouraient déconfits ou excommuniés étaient jetés dans les champs ou à la voirie, comme des charognes. C’est ce qu’on appelait LA SÉPULTURE DES ÂNES.
Je termine donc ce commentaire trop long en espérant ne pas finir «gueux comme un rat d’église».
JSB
Beaucoup d’âneries que vous nous servez là, Monsieur Baribeau…
(Y’avait pas un âne d’église – comme dans la crèche – au lieu de ce rat final?)
Cher Claude Perrier, l’âne que suis occasionnellement a le plaisir de vous saluer!
JSB
Et je vous salue à mon tour avec plaisir!
(Et vous nêtes certainement pas un âne. Un «sage», plutôt…)
Le paragraphe de votre commentaire sur l’expérience avec les deux conservateurs m’a tirer de l’estomac un rire bien nourrit. J’ai « lollé », si l’on permet.
Si un âne te donne un coup de pied , ne lui rends pas .
( Socrate )
Bonne idée, Monsieur Baribeau!