Je me suis dis que ça nous changerait un peu des élections. Voici un work-in-progress, un chapitre de livre sur les téléséries en préparation. Si vous avez des suggestions pour l’améliorer, je suis preneur — d’aurtant que je ne suis pas physicien!
Si vous préférez, vous pouvez aussi m’écrire à: [email protected]
Les longs ****** encadrent des tableaux: je ne sais pas comment le repr0duire ici…
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« Qu’est-ce que en effet que le temps ? Qui saurait en donner avec aisance et brièveté une explication ? […]
Si personne ne me pose la question, je le sais ; si quelqu’un pose la question et que je veuille expliquer, je ne sais plus. »
Saint Augustin, Confessions, XI, 14, 17
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Nous sommes en 2149 et en raison des dérèglements écologiques devenus majeurs et incontrôlables et de la surpopulation, la Terre, où l’air devient est devenu irrespirable, est de moins en moins un endroit où il sera possible à des êtres humains de continuer à vivre. À cette date, en fait, l’espèce humaine doit reconnaître qu’elle est très sérieusement menacée dans son existence même.
Mais voici un lueur d’espoir : des scientifiques ayant réussi à créer un «portail» permettant à ceux et celles qui le franchissent de se retrouver 85 millions d’années plus tôt, en plein Crétacé, alors que la planète est dominée par les dinosaures, on décide d’y envoyer des personnes qui auront pour tâche de reconstruire la civilisation dans une colonie appelée Terra Nova.
Telle est la prémisse de la télésérie qui porte ce nom et qui nous pose une question scientifiquement et philosophiquement fascinante : est-il possible de voyager dans le temps?
Un des nos guides, pour tenter d’y voir clair, sera Kurt Gödel, un personnage extrêmement brillant mais aussi fort singulier et qui a avancé à ce sujet de très stimulantes et très intrigantes idées.
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Qui est Kurt Gödel?
De Kurt Gödel, le mathématicien John von Neumann, un homme en tous points qualifié pour formuler un tel jugement, aussi outrancier puisse-t-il sembler, a écrit : «Il est le plus grand logicien depuis Aristote».
Gödel est né à Brünn, en Austro-Hongrie (aujourd’hui Brno, Tchécoslovaquie) en 1906. Il est un enfant malade et fragile et sa santé et son alimentation resteront de vives préoccupations toute sa vie. Il souffrira aussi de dépression et de paranoïa.
Gödel étudie à l’Université de Vienne à compter de de 1924 et découvre, encore très jeune, deux théorèmes qui sont parmi les plus extraordinaires résultats de la logique et de mathématiques : le théorème de complétude (1929) et le théorème d’incomplétude (1931). De cette époque date sa fréquentation du célèbre Cercle de Vienne.
Devenu une célébrité mondiale en mathématiques, il enseigne à Vienne et aux Etats-Unis. Fuyant l’Europe à l’approche de la guerre, il finit sa carrière à l’Institue for Advanced Studies de Princeton, où il côtoie longtemps Albert Einstein, avec lequel il s’est lié d’amitié. Il se tourne durant ces années vers des problèmes de nature plus philosophique. Ses réflexions sur le voyage dans le temps date de cette époque : elles sont parues en 1949.
Gödel, à la fin de sa vie, refusait de s’alimenter par peur d’être empoisonné. Il est décédé le 14 janvier 1978 et son certificat de décès indique qu’il est mort «d’inanition en raison de troubles de la personnalité».
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En un sens, voyager dans le temps est un expérience banale et que nous faisons tous et toutes, nous qui filons vers le futur à la vitesse de 60 secondes par minute! Mais ce n’est pas là, bien entendu, ce que nous entendons par voyager dans le temps : nous aimerions pouvoir faire que font les personnages de Terra Nova, eux qui vont d’un présent à un passé lointain et, pour certains d’entre eux, de ce passé lointain à un futur lointain — quand ils ou elles reviennent à leur point de départ. Cela est-il possible?
On s’en étonnera peut-être, mais la réponse que notre science la plus avancée et la plus crédible donne cette question est oui, mais un oui, on va le voir, prononcé en même temps que de grandes nuances et de grandes qualifications.
Commençons par le cas du voyage dans le futur.
Retour vers le futur
Une des conséquences de la Théorie de la relativité restreinte (1905) d’Einstein est ce qu’on appelle la dilatation du temps. En termes très simples, le temps, loin d’être uniforme et le même pour tous les référentiels, s’écoule différemment selon la vitesse des référentiels. Plus précisément, la théorie prédit un ralentissement du temps relativement à un observateur pour un système se déplaçant à une vitesse approchant celle de la lumière, à proportion qu’il s’en approche. Le tableau qui suit replace en contexte cet effet relativiste selon un facteur dit de Lorentz, qui est en gros une mesure de cette proportion. Il montre qu’à des vitesses inférieures à 16 000 kilomètres par seconde (relativement à l’observateur), les effets relativistes sont à peine détectables. Par contre, si la vitesse relative d’un objet pouvait atteindre 299 792 kilomètres par seconde (la valeur exacte de c) , le facteur de Lorentz correspondant étant de 0 , le temps semblerait s’arrêter pour cet objet !
V (kilomètres/seconde) |
Facteur de Lorentz |
0 |
1 |
1,6 |
0.99999999997 |
16,0 |
0.999999997 |
161 |
0.9999997 |
1 609 |
0.99997 |
16 093 |
0.997 |
160 934 |
0.711 |
241, 401 |
0.350 |
189 681 |
0.063 |
299 792 |
0 |
La réalité du phénomène a été abondamment mise en évidence, par exemple en étudiant la désintégration radioactive des particules subatomiques produites dans la haute atmosphère et appelées Muons.
Mais c’est le physicien français Paul Langevin (1872-1946) qui lui a donné la plus éclairante des formulations en évoquant dans une expérience de pensée des jumeaux qui portent désormais son nom : les jumeaux de Langevin. En voici une version simplifiée qui vous fera comprendre ce que pourrait signifier voyager dans le futur.
Imaginez un vaisseau spatial capable de se délacer à la vitesse de O.8c relativement à la Terre. Il entreprend un voyage à vitesse uniforme qui le mène à 10 années lumières de la Terre — une année lumière étant la distance parcourue par la lumière en un an — là où il fait demi-tour et revient sur Terre. Sur ce vaisseau se trouve un des jumeaux Langevin; son frère, lui, reste sur la Terre. Pour ce dernier, son jumeau voyageur parcourt dix années lumières à la vitesse de 0.8c. Son trajet lui prend donc 12, 5 ans à l’aller et 12, 5 ans au retour, soit 25 ans. Le Jumeau resté sur Terre a donc 25 ans de plus au retour de son frère.
Mais le phénomène de la dilatation du temps fait que pour le jumeau à bord du vaisseau, la durée du voyage n’est pas la même : il dure en fait 7, 5 ans, à l’aller comme au retour, soit 15 ans au total. De sorte que si les jumeaux avaient 25 ans au moment du départ du vaisseau, lors de leurs retrouvailles l’un d’eux a 50 ans et l’autre 40. Ce dernier, on le voit, a bel et bien voyagé dans le temps.
Mais entre cette réalité théorique et un réel voyage dans le temps vers le futur accompli par un être humain, il y a un monde de difficultés dont la moindre n’est pas de construire un vaisseau capable d’aller à de telles vitesses. Jugez-en: en mettant à bord d’un avion faisant le tour de la Terre une horloge atomique, on a bien constaté, quand l’avion s’est posé, un ralentissement du temps indiqué sur l’horloge, qui a donc voyagé vers le futur. Mais ce ralentissement était de (quelque) … 300 nanosecondes!
Qu’en est-il du voyage vers l’avenir? Cette fois encore, les réponses, puisqu’il y en a plusieurs, sont étonnantes. La première a été donnée par Gödel.
Voyager vers l’avenir?
C’est vers la Relativité non pas Restreinte mais Générale qu’il nous faut à présent nous tourner pour envisager l’idée d’un voyage dans le passé. Ce que Gödel a montré, pour le dire très schématiquement, c’est que certaines solutions aux équations de la Relativité Générale rendent en effet possible de voyager dans le temps et même vers l’avenir. Ayant montré ces équations à Einstein, son ami à Princeton, ce dernier se dira très troublé par la possibilité qu’elles laissent apercevoir, comme Gödel lui-même en était aussi très troublé.
Ces solutions supposent cependant que l’univers soit en rotation : c’est en effet la condition pour qu’existent naturellement ces sortes de boucles qu’ils présuppose et qui permettraient des déplacements dans le temps. Or, l’univers est en expansion et pas en rotation.
D’autres solutions
Mais ce que Gödel avance laisse ouverte la possibilité que d’autres boucles soient empruntables ou que nous en créions nous-mêmes. Ces deux voies ont été empruntées.
En théorie, a suggéré Frank Tipler, une sorte de cylindre extrêmement massif et infiniment long, tournant sur lui-même, pourrait créer une boucle temporelle et donc servir de machine à voyager dans le temps.
En 1988, les physiciens Kip Thorne et Michael Morris ont publié dans une très sérieuse revue un texte intitulé : Wormholes, Times Machines and the Weak Energy Condition montrant que de la même manière qu’en empruntant un «trou de ver» on peut aller d’un point à un autre d’une pomme en parcourant moins d’espace qu’en s’y rendant en faisant le tour de la pomme, il existe dans l’univers de tels «trous de ver» par lesquels il semble théoriquement possible de voyager vers l’avenir.
L’astrophysicien J. Richard Gott a de son côté avancé en 1991 l’hypothèse d’un matériau de très haute densité appelé «cosmic string» ou «corde comique» qui pourrait servir à la fabrication d’une machine à voyager dans le temps
De troublants paradoxes
Cette possibilité de voyager dans le temps, outre les extraordinaires difficultés pratiques de sa réalisation, engendre de troublants paradoxes appelés «boucles causales». En voici quelques–uns.
Supposons que vous voyagez dans le temps et revenez à l’année 1965. Vous rencontrez alors Paul McCartney qui est en panne d’inspiration. Pour le consoler, vous lui offrez la chanson Yesterday, qu’il enregistre et qui devient un immense succès. Mais qui en est l’auteur?
Ou encore: vous remontez dans le temps jusqu’avant votre naissance. Mais en ce cas, à ce moment-là, vous existez ET vous n’existez pas.
Sans oublier que si vous remontez dans le temps à un moment antérieur à votre naissance, vous pourrez vous rencontrer vous-même et donc être en deux exemplaires et aussi en deux lieux différents.
Le romancier Barjavel a de son imaginé que vous remontiez dans le temps pour y tuer votre grand père : en ce cas vous devez exister pour commettre ce meurtre; mais vous ne pouvez pas exister s’il est commis.
Peut-on concilier ces paradoxes — et de très nombreux autres, dont raffolent les auteurs de science-fiction —avec la possibilité théorique de voyager vers le passé? Certains le pensent. Pour y parvenir, une interprétation de la Mécanique Quantique suggère qu’il existe des univers parallèles (des multivers) et que dans tel ou tel univers sont, ou non, réalisés divers scénarii.
Le grand physicien Stephen Hawkins (1942) a de son côté émis l’hypothèse d’une Agence de Protection du Temps, une métaphore qu’il utilise pour signifier que l’on ne peut modifier le passé ou faire quoi que ce soit qui le changerait de quelque manière, ce qui exclurait que puissent exister de telles «boucles temporelles».
Terra Nova a adopté comme convention narrative quelque chose qui ressemble à l’hypothèse des multivers.
Quoiqu’il en soit, on le voit donc : on aura de meilleures chances d’assurer notre avenir sur cette planète en la protègent dès aujourd’hui qu’en misant sur un retour au Crétacé rendu possible par la découverte d’un quelconque «portail temporel».
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Synopsis de la série
On le disait partout à l’approche de la rentrée télé de l’automne 2011 : Terra Nova, produit par Steven Spielberg, allait connaître un immense succès populaire.
Tout, en effet, le laissait présager, depuis la renommée du producteur jusqu’aux mirobolantes sommes engagées permettant notamment de spectaculaires effets spéciaux, sans oublier le sujet même abordé par la série où s’entrecroisent des thèmes renvoyant tantôt à Jurassic Park, tantôt à Avatar, tantôt aux problèmes écologiques et tantôt à la science fiction.
Hélas, il n’en fut rien et Terra Nova, qui raconte comme je l’ai dit les aventures d’un groupe d’humains tentant de survivre au Crétacé et d’y reconstruire une civilisation, a été un grand échec et la 20th Century Fox a mis fin à cette série basée sur une idée de Kelly Marcel dès la fin des 13 épisodes de la première saison.
Cette unique saison raconte les péripéties que vit la colonie qui, outre les éléments et les prédateurs, doit affronter des dissidents appelés sixters parce qu’ils ont fait partie du sixième groupe de personnes envoyé en exploration via le «portail» : ceux-ci tentent de «transférer» les ressources de la Terre d’autrefois à celle de 2149.
Intérêt philosophique : 2 /5
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Pour en savoir plus
Pour une premier contact avec l’hypothèse scientifique du voyage dans le temps, on pourra lire: DAVIS, P., Comment construire une machine à explorer le temps?, Collection Bulles de Sciences, Éditions EDP Sciences, Paris, 2007.
Le fameux théorème d’incomplétude (c’est le plus fameux des deux théorèmes évoqués plus haut) n’est pas facile à comprendre, même lorsqu’il est beaucoup simplifié — ce qui explique peut-être qu’on écrive tant de faussetés ou de confondantes approximations à son propos. On trouvera cependant un exposé accessible et fidèle dans : NAGEL, E. et al. Le théorème de Gödel, Collection Points Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1997.
Pour comprendre les idées de Gödel sur la relativité et la possibilité du voyage dans le temps qu’implique cette théorie, on pourra bien sûr lire Gödel lui-même. Les textes pertinents se trouvent dans : GÖDEL, Kurt, Collected Works. Volume II: Publications 1938-1974, Oxford University Press, New York, 1990.
Mais on appréciera sans doute aussi beaucoup l’aide apportée pour lire ces textes exigeants par Palle Yourgrau dans son : Gödel meets Einstein. Time Travel in the Gödel Universe, Open Court, Carus Publishing Company, Chicago and Lasalle Illinois, 1999.
Sur les paradoxes du voyage dans le temps, on lire avec profit: Lewis, D., «The Paradoxes of Time Travel», dans : Philosophical Papers, Oxford University Press, Oxford, 1986, vol. 2, pp. 67–80.
Notons finalement que l’encyclopédie Wikipédia propose une intéressante liste d’oeuvres littéraires où est exploitée l’idée de voyage dans le temps.
La série Continuum qui a passé cet été à Showcase en est aussi un excellent exemple de voyage dans le temps qui pose deux questions essentielles: est-ce que l’on peut vraiment changer l’avenir ou tout est déjà prévu d’avance et les voyageurs ne font que faire ce qui doit être fait. (paradoxe de l’écrivain ou « predestination paradoxe »)
Intéressant!
Voici quelques réflexions en vrac.
« Le temps, c’est le temps pendant lequel on vit. »
Source : Giono, Le poids du ciel.
La perception de chacun par rapport au temps et l’espace, je crois, est modulée par l’état de conscience (sensibilité) qu’on a de ces deux variables. Le philosophe Kant considérait le temps et l’espace comme étant les aprioris de la connaissance.
L’état de conscience est construit selon les événements vécus, l’éducation, etc. Par exemple, de bonnes connaissances en histoire changent complètement notre perception du temps. Quelques connaissances en anthropologie, en géologie et en paléontologie modifient aussi beaucoup notre perception du temps.
De nos jours, le marketing de consommation se construit sur la désuétude pour favoriser l’achat compulsif, dans certains cas, on nous amène à croire que ce qui était il y a un an est déjà vieux. Certains produits technologiques sont délibérément programmés pour ne pas durer plus d’un an.
En politique, on dit souvent que trois mois sont une éternité. Les événements politiques se succèdent à un rythme si rapide qu’on peine à suivre et classer tout ça dans notre tête.
L’étude de la philosophie, de l’histoire de l’humanité, de l’histoire de l’art et de la musique nous branche sur l’humain et le monde. Les objets créés, la succession des événements à travers l’Histoire, les interprétations qu’on en fait à l’aide des disciplines des sciences sociales, dont la sociologie, la psychologie, la démographie, l’histoire, et j’en passe, tout ce savoir nous branche sur un monde intériorisé qu’on pourrait qualifier d’esprit du temps.
L’esprit du temps nous fait en soi voyager, nous fait comprendre l’immense richesse des savoirs accumulés au cours des millénaires, et nous fait réaliser plus que jamais que nous ne sommes que de passage, que nous participons tous à un immense tissu social organique sur lequel nous avons plus où moins de contrôle. Ce tissu social planétaire évolue dans le temps, nous ne connaissons pas sa finalité, mais chaque individu a une conscience plus ou moins développée de sa propre finitude, la mort inéluctable, évoluant sur un tout autre registre. Cette conscience de la mort donne tout son sens à la vie.
Une éducation riche et diversifiée nous fait comprendre toute la beauté du monde qui nous entoure, ses forces et ses fragilités. L’éducation est un élément de sensibilisation extraordinaire, nous permettant, si je puis dire, de nous extraire de nous même, de moduler et changer à jamais nos perceptions du monde qui nous entoure, et nécessairement notre rapport aux autres.
Selon certaines estimations, on pense qu’il y aurait eu jusqu’à maintenant près de 100 milliards d’individus ayant vécu sur la Terre, ça en fait des gens ayant pu un jour où l’autre regarder les étoiles. Je pense que chaque nouveau-né se présente comme un univers en soi, un esprit et un monde intérieur à recréer et qui se recréer chaque fois. Certains naissent dans des conditions où ils n’auront jamais à se demander s’ils auront de quoi se nourrir, d’autres devront se battre quotidiennement très durement pour assurer leur survie, ces écarts de niveaux de vie, à mon sens, changent complètement l’état de conscience de chacun. Une vision intériorisée du monde est fortement influencée par les émotions et les pensées, ce qu’on vit dans nos tripes chaque jour.
« L’espace » des émotions peut être influencé par de nombreuses variables à la fois biochimiques au niveau du cerveau, par les valeurs inculquées, par diverses situations vécues, etc. Je crois que l’être humain, dans un même instant, ne peut pas vraiment ressentir à la fois une grande joie et une peine profonde. Les émotions peuvent être confuses, diffuses, violentes, légères, etc. On peut vivre une succession d’émotions différentes, laquelle rythme notre monde intérieur.
Le voyage dans le temps, nous le faisons chaque jour, par en avant. Et le temps qu’on prend pour s’arrêter et réfléchir à nos conditions existentielles nous aide parfois à mieux vivre le par en avant! Je souhaite à chaque être humain sur cette Terre le privilège d’être assez libre de contraintes biologiques, de ne pas trop souffrir de la faim, de la pauvreté et de la maladie, pour que leur esprit puisse se nourrir du temps des autres accumulés dans la très vaste et riche Histoire du monde, car à force de se pencher sur l’Histoire, on se sent imprégner de quelque chose de bien plus grand que nous, le sens de l’émerveillement et du mystère! On comprend que celui qui était là il y a 3000 ans n’était pas si différent de nous, dans son corps et dans son esprit.
Désolé, message publié deux fois par erreur! Est-ce que le Webmestre peut en retirer un!
Le temps, c’est simplement un nombre de vibrations atomique, c’est la différence de position XYZ dans l’univers. C’est une défaillance dans l’imaginaire humain d’imaginer être capable de « remonter » le temps, dû à la nature cyclique de la rotation terrestre autour du soleil. Quel est la différence entre un atome hydrogène intersidéral il y a deça 15 milliards d’années et aujourd’hui? Aucune.
Nous sommes propulsés dans l’univers, depuis un centre commun, dans des directions diverses et de façon prévisible, gouvernés par les lois gravitationnelles qui, pour le cas particulier de notre planète, orbite un astre de façon prévisible et cyclique – la vie s’étant donc adapté aux contraintes énergétiques solaires cycliques et saisonnales.
C’est curieux de voir que certaines personnes essayent d’imaginer de se « dépalcer » dans le temps et de « revenir » au point de « départ », comme si la durée du voyage n’avait aucun durée en temps en soit. C’est cute.
Monsieur Baillargeon, je ne sais pas si vous avez lu le livre de Stephen Hawking « The Grand Design ». Il fait de la vulgarisation scientifique où il expose les dernières théories où on est à la recherche de l’équation unificatrice qui résoudrait les conflits de la physique mécanique et de la physique quantique, au niveau des forces nucléaires fortes et faibles. Il mentionne la « M-Theory », celle où toutes les équations seraient intégrées ou unifiées. Il précise que selon cette théorie, l’espace aurait 10 dimensions, xyz, et 7 autres dimensions trop petites pour qu’on puisse les percevoir par observation directe. Plus on se dirige vers l’infiniment petit, plus il est difficile d’observer les phénomènes de la physique, car tout bouge à la moindre excitation du champ magnétique, face à ce problème bien connu, le phycisien Feynman a inventé des diagrammes portant son nom dans le but mieux expliquer les interactions quantiques. Monsieur Hawking ajoute qu’il est probable que selon cette théorie de tous les possibles, la M-Theory, que l’univers puisse combiner des variations de 10 exposant 500 espaces différents, chacun avec ses propres constantes et loi de la physique! 10 exposant 500! Ouf! Ce n’est pas évident en soi de rationaliser ce nombre tellement il est grand!
Essayons de rationaliser un peu : une personne de 95 ans vivra tout près de 3 milliards de secondes. On extrêmement loin des 10 exposant 500! 7 milliards d’humains vivant chacun 3 milliards de secondes donneraient 21 exposant 19! Cela étant dit, on ne trouve pas une constante ou une loi de la physique tous les jours, et si ce qu’avance monsieur Hawking s’avère, alors là, l’esprit humain n’a pas fini de chercher à expliquer l’Univers. Si 7 milliards d’humains, vivant chacun 95 ans, pendant 7 milliards d’années avaient l’incroyable faculté de trouver, de la naissance à la mort, une loi et une constante de la physique chaque seconde de leur vie, on obtiendrait 147 exposant 27 problèmes résolus! Ouf! Question : combien resterait-il de possibilités à résoudre sur 10 exposant 500!
Espérant ne pas avoir fait trop d’erreurs de calcul ici!
Comme le disait Woody Allen et possiblement emprunté à Kafka : « L’éternité, c’est long. Surtout vers la fin. »
Enstein disait quelque chose du genre : l’important n’est pas tant les réponses que les questions. Il faut toujours poser des questions.
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ternit%C3%A9
Pierre Bellefeuille : Marrant: je suis en train de le lire. Quels vulgarisateurs, lui et son co-auteur! Merci de rappeler ce livre.
La M-Theory incluerait les quatre forces en physique : l’interaction nucléaire forte, l’interaction électromagnétique, l’interaction nucléaire faible et la gravitation. http://fr.wikipedia.org/wiki/Interaction_élémentaire
Bonjour,
Comme M.Bellefeuille l’a dit précédemment, plusieurs théories existent à ce sujet, mais je crois que la plus sensée est celle des univers parallèles ou réalités alternatives. Dans le cas ou il y aurait effectivement possibilité de voyager dans le temps, il faudrait que ce retour dans le temps nous transporte dans une nouvelle dimension, dimension dans laquelle nous existons peut-être sans être la même entité (lire la théorie de Hugh Everett, très intéressant). Dans le cas contraire, nous aurions des problèmes de cohérence comme le démontre le romancier Barjavel et plusieurs physiciens.
John Gribbin en parle dans son livre le chat de schrödinger.
Le voyage dans le futur peut se démontrer en utilisant le paradoxe des jumeaux. Un des jumeaux reste sur la terre tandis que l’autre embarque dans une navette et traverse une grande distance à la vitesse de la lumière. Quand celui-ci retournera sur terre, il aura voyagé dans le futur, car il sera beaucoup plus jeune que l’autre. Il faut saisir la notion de référentiel pour s’apercevoir que le temps n’est pas plus lent pour chacun des jumeaux, mais que la vitesse du temps dans chaque référentiel n’est pas le même.
Un commentaire amusé (et peut-être pas amusant).
Si, un jour, on peut voyager dans le temps, ceux et celles qui ne cessent de dire que c’était mieux dans leur temps pourront enfin y retourner, dans leur temps, dans ce temps si vénéré et si célébré.
JSB
Très drôle Serge! En effet, nous sommes ainsi faits que nous souhaiterions parfois savoir des personnes faire un petit saut quantique vers un autre espace-temps. Jean Charest, ça vous dit quelque chose?! Hum!
Bonjour Normand. En effet beaucoup plus intéressant que les élections !
Je suis justement dans le Manifeste du Cercle de Vienne.
La première idée qui me vient est la notion de flux. Je pense à Morgalis et son livre The Quarrel between Invariance and Flux. Mais je regarde plus à fond les définitions avant de me commettre. Donne-t-on uniquement des réponses empiriques selon des théorèmes existants ou il y a place pour la fiction ?
Est-ce que ça vous dit quelque chose, les calculs d’improbabilités stochastiques statistiques sur les espaces à n dimensions?
Je me répèterai un peu ici, pour facilité la lecture de ce qui suit.
Ça m’est venu à l’esprit suivant la lecture du livre The Grand Design écrit par Stephen Hawking, dans lequel il avance l’idée selon une « M-Theory unificatrice des 4 grandes forces de la physique qu’en fait l’espace aurait 10 dimensions, xyz, plus 7 autres dimensions trop petites pour être observées directement. Il mentionne, qu’il est possible que l’Univers puisse contenir jusqu’à 10 exposant 500 espaces, chacun avec ses propres constantes et lois de la physique. Ahurissant, si ça s’avère!
Mais, le nombre 10 exposant 500 est tellement grand qu’il nous sera à jamais impossible de valider toutes les hypothèses ou encore d’en nommer ou découvrir toutes les variations, constantes et lois. Alors, face à l’infini, car c’est de cela qu’il s’agit, où cet Univers se recréé chaque seconde ou milliardième de seconde dans l’infiniment petit, certains pourraient y voir le chaos et le purement aléatoire constant! On peut se demander qu’est-ce qui organise tout ça? Car, après tout, à mon sens, tout ne semble pas probable, on doit donc éliminer des variables dans un Univers somme toute aléatoire, mais organisé, d’où l’idée des calculs d’improbabilités stochastiques (aléatoires) statistiques sur les espaces à n dimension, où finalement il y aurait plus d’improbabilité, réduisant du même coup le nombre de variables et la nature complexe de l’équation à résoudre. Reste à définir les critères d’improbabilité, ce qui n’est pas un mince problème en soi, et nous ramènera tout comme en sciences sociales dans les questions d’épistémologie et d’ontologie, les déterminants de la connaissance.
En passant, les quatre grandes forces de la physique sont : la gravitation, le magnétisme, les forces nucléaires faibles et les forces nucléaires fortes. Les équations de la physique mécanique cernent bien les forces nucléaires fortes, mais lorsqu’on se retrouve face à l’infiniment petit, toute excitation magnifique du champ d’observation fait tout bouger, et les équations de la physique mécanique n’arrivent pas à complètement résoudre les problèmes que pose la physique quantique de l’infiniment petit. La grande équation unificatrice reste à trouver, le Graal de la physique.
Voilà! C’est un sujet qui devrait bien paraître dans les discussions de salon, mettons! Hum! 🙂 Et, n’allez surtout pas croire que j’ai des compétences particulières en physique ou en mathématique, loin de là! Par contre, j’aime bien avoir des idées.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Infini
http://fr.wikipedia.org/wiki/Éternité
Einstein avait une réponse plus simple : « Dieu est un vertébré gazeux! »
Et plus pragmatiquement : aimer, c’est peut-être tout ce qui importe!
Et plus récemment, c’est la probable découverte du boson de Higgs au CERN qui permettra une avancée dans le sens d’une équation unificatrice.
Peut-être que je m’abuse ici, ce boson pourrait être l’élément empêcheur de tourner en rond, d’élaguer un bon nombre d’improbalités, ramenant le champ des possibles à quelque chose de gérable. Et si le boson de Higgs était la constante des constantes?!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Boson_de_Higgs
En ce qui a trait à pouvoir voyager dans le temps, où théoriquement on pourrait dépasser la vitesse de la lumière, ce voyage dans le temps ne sera pas pour nous, car avant même de nous approcher de cette vitesse notre corps serait réduit en poussière d’étoiles, et à la vitesse de la lumière ou plus, nous deviendrions pure énergie. E=MC2. Il y aurait longtemps que nous aurions perdu conscience du temps et de l’espace.
Se peut-il que certains poètes aient, à leur façon, «voyagé» dans le temps?
Je pense, par exemple, à Baudelaire:
***«J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans»***
Quant à Alfred de Musset, il était un peu confus:
***«Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux.»***
Et que dire du poème de Lamartine, LE LAC!
Quand on cause du voyage dans le temps, mes pensées vont d’abord en direction de certains poètes ou artistes. Je n’y peux rien. Avec le temps…
JSB
JE NE PEUX PAS M’EMPÊCHER DE PROPOSER LE BON VIEUX «POÈME» DE LAMARTINE.
Ce poème d’Alphonse de Lamartine lui a été inspiré par la femme qu’il aimait, Julie Charles, décédée peu de temps après d’une maladie.
*****LE LAC*****
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :
» Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
» Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
» Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.
» Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
Alphonse de Lamartine (1817)
ET UN PEU DE LÉO FERRÉ:
Avec le temps…
Avec le temps, va, tout s’en va
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l’on se sent floué par les années perdues, alors vraiment
Avec le temps on n’aime plus
Morale de ces prétentieuses propositions: le temps ne cessera jamais d’obséder les humains.
JSB
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Ceci devrait vous amuser. Le philosophe Alain citait: » Ô temps ! suspends ton vol, », et faisait répondre au Temps: «Je veux bien. Mais pendant combien de temps?»
Intéressant et amusant. Cela permet d’ouvrir certaines des portières (ou portes) de l’esprit, de la perception et de l’imaginaire. Merci!
JSB
Ah Le voyage dans le temps! Plus que tout autre, ce thème me fascine et soumet mes neurones à une forte ébullition.
C’est drôle que tu écrives sur le sujet, je suis en train d’écrire un roman qui aborde justement ce thème. Et hsitoire de me mettre dans le bain, je suis en train de me taper la version audio (mp3) du roman « La patrouille du temps » de Poul Anderson.
Pour répondre à ta question, pour moi, le temps, c’est une mesure du mouvement. On ne peut concevoir le temps sans mesurer un mouvement.
Pour ce qui est du paradoxe du grand-père, c’est un faux problème parce qu’une fois débarqué dans le passé, je ne suis plus dans le présent. J’échappe donc à la suite infini de causalité du présent. J’existe vraiment complètement dans le passé et me rattache donc à la suite infinie de causalité du passé à partir du point de mon insertion.
Ainsi, tout ce que je pourrais faire pour changer l’avenir, comme empêcher la naissance de ma mère par exemple, n’aurait aucune incidence sur moi puisque le lien de causalité avec le présent est rompu. C’est celui du passé qui m’affecte désormais puisque j’y suis.
par contre, si je choisi de retourner dans le présent après avoir empêché ma mère de naitre, je me rattacherais à nouveau au présent à partir du moment de ma réinsertion et tout le continuum d’événement ayant existé entre les modifications du passé et mon retour dans le présent ne m’affecte pas le moindre du monde puisque je n’y étais pas! :o)
Pour reprendre mon exemple précédent, une fois que j’ai empêché la naissance de ma mère et que je retourne dans le présent, je serai toujours bien vivant puisque j’y serai retourné APRÈS les modifications historiques qui n’ont donc pas pu me toucher.
C’est un peu comme un ruban de Moebius. Je me suis détaché de celui du présent pour m’attacher à celui du passé et j’ai ensuite quitté celui du passé pour revenir au présent.
Je pense que c’est le concept d’univers parallèles ou de multivers auquel tu référais.
Mon problème pour expliquer la possibilité pratique de voyager dans le temps c’est l’énergie nécessaire à générer pour y arriver ou alors trouver une façon de jouer avec la gravité sans qu’il en coûte une masse colossale d’énergie.
L’énergie nécessaire au fonctionnement de la machine, on pourrait toujours envisager que la dite machine soit mise en marche par un mécanisme à l’échelle nanométrique. Dans l’infiniment petit, tout mécanisme ne requiers que très peu d’énergie à faire fonctionner.
Je dois creuser cette question.