Je me prépare aujourd’hui à aller vivre cette étrange et singulière expérience conçue par la compagnie insanë et à laquelle j’ai accepté de participer: être enfermé durant deux jours dans une sorte de cage de verre placée dans un lieu public (à la Place des Arts, juste devant la Salle Wilfrid-Pelletier) pour y écrire un texte sur un sujet qu’on nous donnera au dernier moment. Mes deux compagnons pour cette aventure — Guillaume Corbeil auteur, et Laurent K. Blais, blogueur — et moi même avons réagi à ce projet pour la caméra d’ARTV.
Nous sommes lundi et l’événement commence donc demain, à 8 heures. Il se poursuit jusqu’à 23 heures, reprend le lendemain à 7 heures et se termine à 20 heures, moment où on lira nos textes — ou du moins des extraits de nos textes.
Pour l’heure, je me demande ce que je devrais emporter pour occuper cet espace et le rendre habitable et surtout propice à l’écriture. Je me demande aussi quel sujet on va nous donner: je penche pour quelque chose du côté du sens de l’écriture, du rapport aux mots ou encore de la volonté de rejoindre un certain public: mais je sais d’expérience que je suis bien mauvais prophète. Je me demande aussi combien de pages je pourrai produire dans ces conditions et l’effet qu’elles auront plus généralement sur mon écriture.
Et puis, je dois le dire, moi qui n’aime pas les foules, qui ne fais pour ainsi dire jamais de conférences notamment pour cette raison, je m’inquiète un peu de ce qui m’attend, avec ces gens qui passeront et qui pourront lire en direct, sur un écran, ce que nous écrivons.
J’emporte donc: un gourde pour l’eau; Prévert en Pléiade (indispensable, Prévert, tout le temps); un Ipad; un ukulele, plus discret qu’une guitare, mais j’aurais dû demander un piano ou un clavier; des stylos et du papier; de quoi grignoter. J’ai demandé un divan et il devrait être là, afin de pouvoir écrire couché, comme j’ai l’habitude de le faire. Quoi amener d’autre? J’y réfléchis.
Des idées?
Je posterai sans doute pas mal de billets au cours des deux ou trois prochains jours et vous raconterai tout …
… et un raton laveur
… et le raton laveur
Un connaisseur: bravo et bienvenue dans le club!
Que voilà une étonnante et étrange expérience, Monsieur Baillargeon!
Mais, une fois la surprise passée, la question pressante qui se pose ma paraît incontournable: pourquoi?
Que cherche-t-on à prouver ici?
Voilà qui serait, à mon avis, de loin plus intéressant à savoir que de lire peu-importe-ce-qui-pourrait-sortir-de-vos-verrières…
M. Perrier, Il faudra demander à la compagnie de théâtre ce qu’elle attend de tout ça. De mon côté, je suis surtout curieux de voir ce qui va se passer.
C’est le genre de performance-multidisciplinaire d’artistes que l’on voit ici et là depuis un bon bout de temps. L’idée c’est de créer un événement qui attire les médias qui parleront de l’événement. L’effet est plus significatif quand il s’agit de personnes connues. Si l’on faisait l’inventaires des performances d’artistes dans le monde occidental on pourrait trouver de nombreuses expériences similaires qui animent les curieux, étudiants et critiques artistiques et littéraires. Certains philosophes pourront également y trouver leur compte.
Le plus important, le primordial, quand on est en prison et qu’on écrit n’est pas tellement de savoir ce qu’on écrira. C’est de savoir que quelqu’un nous lira. Que quelqu’un attendra avec impatience de nous lire, chaque jour ou du moins le plus souvent possible.
C’est ce « quelqu’un » qui fait qu’on écrit,qu’on a envie d’écrire, qu’on peut écrire.
Pour le reste c’est à chacun de dompter sa plume d’oie…
Mais quelle bon idée, je trouve!
* quelle bonne idée, disais-je péniblement…
Il y a des chefs d’œuvre de la philosophie qui ont été écrits en prison, comme « Consolation de la philosophie » de Boèce. Courage M, Baillargeon!
Puisqu’il est question d’écrire les carnets du prisonnier, une petite matraque (n°6, portative et discrète) pourrait enjoliver les heures creuses.
Aussi, apporter n’importe quoi d’oulipien me paraît intellectuellement stimulant, non?
Des écouteurs, s’il y a de la musique sur l’iPad.
Un ou deux vieux journaux, il y a tant de nouvelles inspirantes qui reviennent au goût du jour!
Un dictionnaire, évidemment (il y a en un bon, sur votre iPad?).
Un autre dictionnaire, pour ne pas oublier qu’ils ne s’entendent pas toujours.
Une lime cachée dans un pain, c’est classique.
Des sables mouvants, pour ne pas oublier la mer.
L’idée n’est pas neuve. Jadis, Georges Simenon s’était déjà engagé à participer à une aventure analogue, avant que le projet ne fasse patate. Plus près de nous, je n’en suis pas sûr, mais crois qu’Yves Thériault a eu lui aussi la même idée (mais une courte recherche Google a fait chou blanc).
Source : http://data.zestory.com/pls/zestory/p_fiche?i_sid=&i_id_fiche=587726&i_lang=33
apporte des rideaux.
s’ils veulent pas, alors amène du papier, un crayon et une gomme à effacer.
ce sera ainsi encore plus intéressant de t’observer.
Un livre illustré sur les animaux en attendant entre deux éclairs de génisse. Le féminin de génie, rarement employée.
Je ne suis pas connaisseuse, pourquoi faudrait-il apporter un raton-laveur?
Prévert a inventé un genre de poème dit «inventaire», accumulation cocasse de choses éparses. On dit d’ailleurs aujourd’hui , dans la langue courante, un inventaire à la Prévert. Or dans ce poème, Inventaire, revient comme un leitmotif amusant: et un raton-laveur.