La nuit a été très courte et nous somes tous revenus ici pour être mis en cage à 7 heures.
Je suis un peu sur Internet ce que font mes compagnons (ici), là où mon propre texte, que j’ai commencé à transcrire, apparaît aussi, en direct.
Le logiciel avec lequel nous écrivons nous pose des problèmes d’adaptation; surtout, il nous est extrêmement difficile de revenir loin en arrière dans un texte: il faut donc être certain de ne pas se tromper avant de passer à la phrase suivante.
Des gens passent et nous regardent; certains s’arrêtent. Mais pour ma part, je ne me sens pas trop dérangé par leur présence.
Le sujet donné (Mon opinion ne vaut rien) me convenait et rejoint des préoccupations que j’ai depuis longtemps. Le fait d’être ainsi enfermé est en fait stimulant, force à se concentrer sur son travail et limite les distractions. On nous apporte même à manger — et on mange très bien. Moine et auteur, ce devait être chouette!
J’ai 58 paragraphes à transcrire,c e qui sera long. Et une conclusion à rédiger, vers la finde la journée, à 20 heures.
La Presse a consacré un texte à l’événement; il est signé par Éric Clément, qui a montré un réel et fort apprécié intérêt pour cette aventure. C’est votre serviteur sur la photo…
Le projet © à la Place des Arts m’inspire ceci.
Le « nous » (en grec) d’Aristote me semble une belle avenue afin de trouver un possible pont ou une rivière reliant la vérité et l’opinion. Une identité, une contiguïté au sens du philosophe David Hume. Le point nodal présent entre vérité et opinion ne pourrait-il qu’être une série d’événements qui sont connectées ensemble et rien d’autre. Il n’y a pas l’idée d’une opinion ni l’idée de la vérité; il n’y aurait que le constat des séries d’événements qui sont connectées et perceptibles relatées comme des opinions ou comme des vérités (selon une proportion, degré d’une qualité quelconque, ressemblance ou non, contraire à quelque chose ou non). Pourquoi je parle de cela, parce que la raison a la capacité d’expérimenter une autre voie si je puis dire. Subtil mais possible. Mais je peux me tromper si vous me le permettez.
Je termine avec un clin d’œil : moine et ukulélé. Un petit concert vers 10h00 et je passe vous rencontrer.
Mais… dites-nous très franchement Monsieur Baillargeon: l’expérience vous a-t-elle plu? Franchement, dites-nous.
Et surtout, pourquoi.
(Ici, à l’extérieur de la cage, on tourne en rond…)
*Même question que Claude Perrier.
Nota : c’est le brouillon qui est apparu ci-haut (je testais le Wi-Fi). Rien de sérieux dans l’Océan internet.
JE SUIS CERTAIN, NORMAND, QUE VOUS AVEZ LU ET RELU CE SPLENDIDE POÈME:
Pour faire le portrait d’un oiseau. (Prévert Jacques)
Extrait de poésie (Paroles) Jacques Prévert)
Pour faire le portrait d’un oiseau
Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger …
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
M. Baribeau: je connais Prévert par coeur, c’est dire. Et le hasard veut que vous les postiez alors que je rédige un document pour un concours Prévert qui si tiendra dans un Cégep, document dans lequel je cite ce texte, magnifique en effet, qui est un peu l’art poétique de Prévert.
Merci de me faire connaître et apprécier Prévert. Contemplatif, réel.
Cher Normand, je suis aussi un «prévertiste» convaincu. Je suis ravi de constater que nous partageons les plaisirs «prévertis» et, peut-être pervertis, soit dit de manière à la fois sérieuse et humoristique. Mais je constate, à ma courte honte, que je ne connais pas Prévert par coeur, mécréant que je suis
Mais pendant une longue période de ma vie j’ai connu, par coeur de nombreux poèmes de Baudelaire, Rimbaud, Verlaine et Léo Ferré.
Je me demande si vous avez l’impression d’être actuellement dans une cage.
Espérons qu’un oiseau vous apportera bientôt une «plume» (ou un ordinateur), ce qui est essentiel pour une personne comme vous, qui écrit tant de textes et de livres, lesquels sont toujours stimulants, roboratifs et toniques.
Intéressante est l’expérience à laquelle vous participez maintenant.
AU PLAISIR!
JSB
Comme vous, Monsieur Baribeau, je suis un inconditionnel de Baudelaire.
De ce poète j’ai, dans la Pléiade sur beau papier bible, toutes ses oeuvres. Y compris ses correspondances et ses traductions de Poe.
Par contre Prévert… rien du tout.
Comme quoi on ne peut pas tout avoir dans la vie, n’est-ce pas?