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Dewey et la démocratie

Ce matin, on trouve dans Le Devoir une lettre ouverte de M. Saulnier, ex-directeur général de l’information à Radio-Canada, qui rappelle comment, ces temps-ci, «il n’existe […] plus aucune société, en Europe comme en Amérique, où la population n’exprime pas son ras-le-bol à l’égard des tares du système démocratique». M. Saulnier suggère un cours sur la démocratie pour résoudre ce problème.

J’ai la chance d’enseigner John Dewey aux futures enseignantes, aux futurs enseignants. Et Dewey, comme on sait, est non seulement un immense penseur de l’éducation, mais aussi un immense penseur de la démocratie: en fait, il n’est pas excessif de dire qu’il a voulu penser et aider à implanter l’école que demande une société démocratique. Or, il y a chez lui une riche idée qui ne manque jamais de faire réagir en classe et que je trouve particulièrement éclairante. Voici.

Dewey cherche, indispensable question préalable, à dire ce qu’est la démocratie. Or, s’il est vrai qu’on la définit souvent par des choses comme des institutions, le droit de vote, un mode de gouvernement,etc. Dewey suggère, ce qui peut surprendre au premier abord,  que la démocratie est surtout un mode de vie associatif caractérisé par ce que les membres ainsi réunis d’une part ont en commun et partagent des intérêts et d’autre part entretiennent des relations avec d’autres associations. À proportion que ces deux traits sont présents, le mode de vie est démocratique, évolue organiquement  et est en mesure de faire face à des situations nouvelles, dit Dewey.

Pensez à présent à nos sociétés en appliquant ces deux critères. Demandez-vous par exemple avec qui les membres de nos classes dominantes entretiennent des liens riches et nombreux. Et des tas d’autres questions de ce genre.

Les réponses sont fichtrement éclairantes, il me semble….