[Texte rédigé à sa demande pour le Centre de formation communautaire de la Mauricie. Paru dans Par la bande, no4, 2012]
Quel rôle jouent les médias dans la perception des mouvements citoyens (par exemple communautaires, étudiants, de défense de droits des minorités, des personnes bénéficiaires de l’aide sociale, de groupes de femmes, de défense des personnes pauvres, etc.) et des revendications qu’ils défendent? C’est la question qu’on m’a demandé de traiter ici. Je le fais d’autant plus volontiers que je suis persuadé que c’est une question d’une grande importance.
Je suggère que pour y répondre nous partions de la réponse qui sera probablement acceptée par presque tout le monde à la question préalable que voici : quel devrait être le rôle des médias dans la perception des mouvements citoyens et des revendications qu’ils défendent?
Un idéal de conversation démocratique
À cette question, et je pense que cela ne peut être vraiment controversé, on devrait répondre que les médias, étant un instrument majeur de la conversation démocratique sur des enjeux collectivement jugés importants et qui concernent le bien commun , devraient présenter de la manière la plus objective possible la ou les voix que présente(nt) ces mouvements et permettre de débattre des idées, préoccupations, revendications qu’ils font entendre.
Notez bien que répondre ainsi, ce n’est pas dire que la tâche à accomplir est facile, loin de là. Il y a par exemple un grand nombre de voix à faire entendre dans la conversation démocratique, elles-mêmes regroupées en associations de toutes sortes afin de leur donner plus de portée : comment pondérer la place et l’importance de chacune est un vrai problème. De plus, comme on sait, les personnes qui ont pour métier de faire entendre toutes ces voix et d’expliquer et de tenter d’apprécier ce qu’elles disent ont elles-mêmes des préférences et doivent s’efforcer que celles-ci ne teintent pas leur propos : cela non plus n’est pas un mince problème.
Mais par-delà ces difficultés, réelles, répondre comme je le propose à la question posée, c’est bien indiquer le sens du travail que devraient accomplir les médias dans nos sociétés, l’idéal qu’ils doivent viser : enrichir et alimenter la conversation démocratique dans le respect des participantes et participants, c’est-à-dire, en droit, tout le monde. Les médias devraient donc, au fond, être des outils de démocratie délibérative à l’usage des citoyens, des outils par lesquels on s’informe et on débat sur le bien commun. C’est la raison même de leur existence, c’est pour cela qu’ils ont été conçus et créés il y a longtemps déjà au sein des démocraties et que leur liberté, la liberté de la presse et la liberté d’expression dont elle est proche parent, sont si précieuses et importantes.
Revenons à notre question initiale. Rapporté à cet idéal, que penser du rôle que jouent, dans les faits, ici et maintenant, les médias dans la perception des mouvements citoyens et des revendications qu’ils défendent?
Le rôle propagandiste des médias
Selon moi, la réponse à cette question est que, pour l’essentiel et en apportant ensuite de nombreuses nuances et exceptions qui s’imposent, les grands médias de masse où la majorité d’entre nous puisons nos informations et nous outillons pour participer à la conversation démocratique font un travail qui est à ce point biaisé en faveur d’une partie des citoyens qu’il n’est pas injuste de le qualifier de propagandiste.
Il n’est pas difficile non plus de dire qui est cette partie des citoyens en faveur de laquelle les grands médias de masse sont biaisés : c’est celles des possédants. Et cela n’est pas trop difficile à comprendre non plus : car ce sont justement eux qui possèdent ces grands médias.
En bout de piste, qu’il s’agisse de commerce, de libre-échange, d’accords internationaux, de globalisation de l’économie, de la décision d’entrer ou non en guerre, de politique internationale et nationale, de questions relevant du bien commun, de la santé, de l’écologie ou de l’éducation, au fil des ans, avec une constance aussi prévisible que remarquable, les grands médias corporatistes ont, sur chacun de ces sujets et sur mille autres aussi cruciaux, tendu à exposer, à défendre et à propager le point de vue des élites qui possèdent ces mêmes médias et des élites politiques qui les servent. Les grands médias, en ce sens, comme l’écrivent Herman et Chomsky, «servent à mobiliser des appuis en faveur des intérêts particuliers qui dominent les activités de l’État et celles du secteur privé; leurs choix, insistances et omissions peuvent être au mieux compris — et parfois même compris de manière exemplaire et avec une clarté saisissante — lorsqu’ils sont analysés en ces termes».
Cela n’est pas étonnant. Mais cela reste dramatique pour la santé de la démocratie et celle de la conversation démocratique. Considérez ces exemples récents.
La hausse des frais de scolarité a dans les grands médias tendu à être d’emblée et presque sans réserve présentée comme nécessaire et souhaitable, et leurs opposants comme des gens sans véritable argumentaire, égoïstes, voire dangereux. Le langage utilisé pour décrire la lutte étudiante a été notable. C’est ainsi qu’on a soudainement, contre l’expérience des cinq dernières décennies, argué qu’il ne pouvait s’agir d’une grève étudiante, mais simplement d’un boycott de cours de la part des étudiantes et étudiants. Le mot a fait fureur et a été partout repris. Pour les partisans de la hausse — le Gouvernement, les recteurs, une certaine élite intellectuelle et médiatique, etc. — cela revenait à parler des événements en cours en des termes individualistes et économiques, qui sont ceux d’une relation marchande : les étudiants boycottent leurs cours, refusent de s’acquitter de leurs droits de scolarité et de payer leur juste part; pour les adversaires de la hausse, il s’agissait plutôt d’une grève, menée au nom du bien commun et par laquelle on refuse de payer des frais de scolarité en exigeant leur gel, voire la gratuité scolaire.
Ou considérez en ce moment le débat sur la hausse minime annoncée des impôts des personnes les plus fortunées. Là encore, il y a eu dans les grands médias une véritable levée de boucliers pour s’y opposer — souvent de la part des mêmes personnes qui approuvaient la hausse dramatiquement élevée, elle, des frais de scolarité. Et là encore, les omissions, présentations partielles et biaisées ont été remarquables. Par exemple, on ne propose pas comme on le dit trop souvent de hausser les impôts des gens qui ont un revenu de plus de 130 000$, mais bien ceux des gens qui ont un revenu imposable de plus de 130 000 $, ce qui est fort différent.
Ou encore considérez ce rapport tout chaud de l’Union of Concerned Scientists, aux États-Unis, sur la manière dont Fox, une chaîne de télévision très populaire et The Wall Street Journal présentent le réchauffement climatique, dont la prise en compte dans l’économie serait dommageable aux entreprises. En gros, les données rapportées dans ces deux médias sont très massivement fausses et donnent à entendre que le réchauffement climatique, un des grands drames contemporains qui pourrait bien faire des dizaines de millions de morts très bientôt, est un canular inventé par des scientifiques en mal de financement.
De ce point de vue, il me semble que poser la question du rôle que jouent les médias dans la perception des mouvements citoyens et des revendications qu’ils défendent c’est y répondre. Ces mouvements, encore une fois typiquement et sauf exception, sont ou absents, ou sous-représentés dans les grands médias et leurs voix sont aussi peu audibles que leurs revendications sont (honnêtement ou équitablement) présentées.
Cet état de fait est plus que triste : il est dramatique pour la conversation démocratique. Et cela nous renvoie à deux autres questions, l’une plus théorique : pourquoi en est-il ainsi?; la deuxième, pratique et urgente : que faire?
Je pense avoir une assez bonne idée de la réponse à la première question. La deuxième est plus délicate, mais je vous dirai ce que je pense, ne serait-ce que pour lancer la discussion — et convaincu que vous pourrez améliorer ma réponse.
Pourquoi il en est ainsi
Je rappellerai deux raisons qui l’expliquent en grande partie.
La première est le très fort substrat propagandiste qui caractérise nos sociétés et qui amène une certaine élite à penser que les enjeux sont trop complexes pour être compris par la foule des gens, qui ne pourrait, dit-on accéder à l’indispensable expertise que cela demande. Ce substrat propagandiste nourrit aujourd’hui toute une industrie multimilliardaire et par laquelle ceux et celles qui se décrivent comme la «minorité intelligente» offrent à la populace ces «illusions nécessaires» au bon fonctionnement de nos sociétés. Il alimente aussi les empires médiatiques qui sont, littéralement, mais j’y reviendrai, un peu partout dans le monde, la propriété quasi-exclusive de ces institutions dominantes que sont les entreprises. J’aime à rappeler à ce sujet que l’aujourd’hui gigantesque industrie des relations publiques est largement issue de la Commission Creel, mise sur pied aux Etats-Unis pour amener une population largement pacifiste à accepter d’entrer en guerre : là sont pour l’essentiel nés et le projet politique de la propagande de masse dans son incarnation moderne, et nombre de ses techniques. Or Creel était un journaliste et donc un intellectuel et bon nombre d’autres intellectuels, de journalistes, d’universitaires et de chercheurs, prirent une grande part à l’entreprise.
Une part de notre production médiatique relève assez directement de la conception de la conversation démocratique à la base de cet idéal propagandiste, dans lequel les gens sont invités à s’occuper d’autre chose pendant que la «minorité intelligente» résout les problèmes réels et importants. Dans 1984, G. Orwell parle, et on croirait qu’il décrit une part de notre univers médiatique actuel que vous n’aurez aucun mal à identifier, de ces «journaux stupides qui ne traitaient presque entièrement que de sport, de crime et d’astrologie, de petits romans à cinq francs, des films juteux de sexualité, des chansons sentimentales composées par des moyens entièrement mécaniques sur un genre de kaléidoscope spécial appelé versificateur».
La deuxième raison a été mise en évidence par ce qu’on appelé «le modèle propagandiste des médias», développé par Ed Herman et Noam Chomsky. En gros, les auteurs montrent que la représentation partielle et intéressée du monde que produisent les grands médias de masse est exactement celle qu’on peut attendre de ce qu’ils sont : des entreprises, vouées à faire des profits, en vendant des lecteurs, des spectateurs ou des auditeurs à des annonceurs, ayant une relation de connivence idéologique avec des gens qui partagent leur vision du monde et une aversion envers ceux et celles qui ne la partagent pas.
Ces deux réponses, conjointement, aident beaucoup à comprendre pourquoi nos grands médias «servent à mobiliser des appuis en faveur des intérêts particuliers qui dominent les activités de l’État et celles du secteur privé et pourquoi « leurs choix, insistances et omissions peuvent être au mieux compris — et parfois même compris de manière exemplaire et avec une clarté saisissante — lorsqu’ils sont analysés en ces termes.»
Que peut-on faire devant cela ? Je terminerai en donnant quelques éléments de réponse, lancés en vrac.
Que peut-on faire?
- En un sens, pour commencer, continuer à faire ce que nous faisons déjà et qui fonctionne, parfois, en nous efforçant de le faire de mieux en mieux: militer, informer, mobiliser.
- Dans notre rapport aux médias, apprendre à les lire de manière critique, en apprenant qui ils sont, d’où ils parlent, en étant alerte aux mots, aux chiffres, aux arguments qu’ils avancent. C’est avec l’ambition de contribuer à cette tâche que j’ai prôné et encouragé l’exercice de l’autodéfense intellectuelle
- Se renseigner à d’autres sources que les grands médias. Il y en a en effet moins connus, plus difficiles à trouver, des médias alternatifs, des médias indépendants, des médias ayant d’autres perspectives sur le monde, d’autres modalités d’existence que l’entreprise ou de finalité que le profit.
- À ce propos, se rappeler que Le Devoir et Radio-Canada offrent, parmi les grands médias, des sons de cloche différents, à entendre même si c’est pour les critiquer.
- Participer à des groupes de réflexion ou d’action, où cette entreprise de penser de manière critique qui ne peut s’exercer pleinement si on reste seul a des chances de donner des résultats importants.
- Créer ses propres médias : alternatifs, communautaires, étudiants où faire entendre d’autres voix.
- Finalement, Internet, Facebook et diverses autres possibilités ouvertes par les médias électroniques sont des outils de changement qu’il est important de considérer, d’autant qu’ils transforment la dynamique entre la population (particulièrement la portion moins médiatisée de la population) et les médias. Ils sont des lieux de partage de réflexion, d’examen critique de la production des grands médias, de diffusion d’informations alternatives et de points de vue différents qui, en certains cas au moins, forcent les médias traditionnels à se transformer quelque peu.
Quoiqu’il en soit, les combats à mener pour faire en sorte que les mouvements sociaux et leurs revendications soient entendus ne sont ni faciles ni gagnés d’avance, plus encore si ces mouvements sont marginaux ou expriment des revendications de gens sociologiquement, économiquement ou politiquement faibles et peu ou mal organisés.
Mais vous le savez aussi : nous n’avons guère de choix que de le poursuivre avec lucidité et détermination et en nous rappelant que nous avons fait depuis des années de réelles et importantes percées.
Normand Baillargeon
UQAM
«mais bien ceux des gens qui ont un revenu imposable de plus de 130 000 $, ce qui est fort différent.»
En effet. Avec les données fiscales de 2009, j’ai calculé qu’en moyenne, les gens qui ont un revenu imposable de 130 000 $ ont un revenu total d’environ 150 000 $.
J’ajouterai qu’une bonne utilisation des techniques de recherche historique ferait en sorte de bien s’informer. L’auteur mentionne que l’on connait mieux les enjeux quand on connait l’identité des informateurs ainsi que le pourquoi de leur déamrches, je ne peux que seconder. L’enseignement de l’histoire devrait faire partie d’un tronc commun à tous les niveaux d’enseignement.
Monsieur Baillargeon,
J’aimerais beaucoup avoir votre force de raisonnement, de réflexion. A défaut, je vous écoute le dimanche et j’achéte vos livres. J’ai , à plusieurs reprises, parler de vos chroniques à l’un de mes petits-fils, carré-rouge , gazé, matraqué, poivré et arrêté. Votre chronique sur la désobéissace civile l’a fait plonger dans votre camp et aujourd’hui c’est lui qui m’envoie votre texte suite à un débat que nous eûmes sur les deux chroniques sur la brutalité policière de Marie-Claude Lortie.
Continuez, vous nous donnez de l’intelligence et vous contribuez à ce que les choses s’améliorent avec les générations….
J’ai voulu envoyer un courriel concernant l’article de Normand Baillargeon. J’apprends que c’est un doublon, Or c’est la première fois que je le fais. Curieux et frustrant!
Monsieur Baillargeon,
Je suis une vieille croûte de 73 ans, membre de votre fan club. L’un de mes petits-fils, carré-rouge gazé, poivré, matraqué et arrêté l’est devenu aussi. Nous vous écoutons le dimanche, lisons vos chroniques et achetons vos livres.
Je sens que vous contribuez à ce que les choses s’améliorent avec les générations…….C’est votre chronique sur la désobéissance civile, un dimanche, qui fut le point de départ pour Emmanuel. Aujourd’hui, c’est lui qui m’envoie votre article, suite à un débat sur les chroniques de Marie-Claude Lortie sur la brutalité policière…Persévérez, c’est prometteur.
Quel chouette témoignage que le vôtres. Amitiés,Normand
Ce n’est pas mon propos de discuter de l’attachement réel des médias non traditionnels au bien commun, par delà les intérêts particuliers, bien qu’il me semble y avoir une part d’angélisme à le suggérer. Par ailleurs, je ne suis pas du tout si sûr que nos médias traditionnels soient, objectivement, si résolument au service des intérêts particuliers de la droite. Il me semble que la couverture éditoriale des médias québécois est plutôt correcte, non qu’elle soit exempte de tout parti-pris – les médias alternatifs n’en sont pas exempts non plus – mais qu’on y trouve en abondance l’information et le commentaire nécessaire pour se faire une tête sur toute question d’actualité, à la condition d’exercer en chemin son sens critique. Cela tient, il me semble, au fait que les médias eux-mêmes sont traversés par les conflits idéologiques qui animent notre société. Bien sûr, il faut convenir que chez Gesca ou même à la SRC, ce sont les idées dominantes qui occupent en dernière instance la position dominante. Cette domination n’est cependant pas la posture statique d’une pensée unique mais l’état mouvant d’un rapport de forces entre employeur et employés, entre journalistes de diverses tendances. La tension entre des points de vue qui s’entrechoquent parfois dans la même édition du Devoir de La Presse, par exemple, qui doivent trouver moyen de coexister dans les salles de presse a pour effet de mettre en scène au plan des idées les débats sociaux et d’en favoriser une meilleure compréhension. Même si Radio-Canada est largement subventionnée par le gouvernement fédéral, qui voudrait lui assigner une vocation de promotion de l’unité canadienne, elle est littéralement «infestée» de séparatistes depuis fort longtemps (sans parler des anarchistes et des philosophes). Même le Journal de Montréal, qui n’était pas particulièrement sympathique à la cause étudiante, a débauché Michel Girard de La Presse… où sa défense de la gratuité scolaire avait pourtant été pas mal brillante. Nos médias traditionnels, loin d’occulter les intérêts de classe, trouvent même le moyen d’en faire un atout en vue de la fidélisation d’un lectorat aussi large que possible, qu’il soit de gauche ou de droite. Ce serait faire injure à Girard, à Barbe ou à Normand de présumer qu’ils accepteraient par leur présence de cautionner en la dissimulant une vocation de propagande et d’abrutissement de la population. Nos médias traditionnels sont un des lieux privilégié de la lutte des classes idéologique. Il faut se réjouir que ces gens persistent à s’inscrire dans ce mouvement plutôt que de se confiner à ces médias, sociaux ou autres, même de gauche, trop expressément voués à une orientation idéologique déterminée et où il est souvent bien difficile de faire entendre, ne serait-ce qu’au bénéfice de la conversation démocratique, une voix un peu discordante…
« …elle (radio-canada) est littéralement «infestée» de séparatistes depuis fort longtemps (sans parler des anarchistes et des philosophes). »
et c’est à ce moment précis que l’on te perd. non mais dis-moi un peu richard, quel mal y a-t-il à ce qu’un média soit infesté d’amants du savoir?!?
Bien d’accord avec Richard. Le dogmatisme, qu’il soit rouge ou blanc, c’est toujours le dogmatisme.
Le monde de M. Baillargeon est simple : une poignée de manipulateurs, ingénieurs conscients et connivents de l’Histoire, vs. la masse des dominés – dominés parce qu’ignorants des conditions de leur domination.
Illusion rassurante. Si c’était si simple, en serions-nous toujours là ?
@Edouard.
« Ceux qui prônent des méthodes totalitaires s’exposent à les voir un jour utilisées contre eux. »
Pour le reste, je ne suis pas sûr que tu ais bien compris le sens de mon commentaire.
Mon père disait: « Si tu veux savoir pour qui un homme travaille, regarde qui signe son chèque de paie. »
Je crois qu’à partir de ce constat, c’est un bon départ pour connaître l’engrenage…
Normand, vous dites que Le Devoir et Radio-Canada offrent un son de cloche différent, mais je trouve tout de même que la couverture internationale de Radio-Canada est horrible. Horrible.
Il est impossible de raisonner sur les conflits internationaux impliquant le Canada en regardant les nouvelles à Radio-Canada. Le biais pro-guerre, pro-occident et pro-Obama de Radio-Canada est renversant quand on s’informe vraiment.
J’ai pour preuve la couverture des conflits en Afghanistan, en Libye, au Mali et en Syrie.
Bien d’accord avec toi David,
et à tel point que, pour être bien informée au sujet de la question iaraëlo-palestinienne, je me suis abonnée au journal Haaretz, qui permet, dans ses pages, des reportages, analyses et commentaires de toutes allégences. De plus, on y trouve des papiers d’une longueur jamais atteinte dans nos journaux d’ici. Qu’est-ce à dire ? Souffririons-nous d’un déficit d’attention qui fait que les éditeurs n’osent pas nous nourrir de subtance intellectuelle trop copieuse…?
Étant entraîné dans un embrouillamini médical de haut niveau, je commente moins les analyses roboratives de Normand.
Moi, je pense à une courte phrase d’Ignacio Ramonet chaque fois qu’il est question des stratégies nécessaires pour bien s’informer.
*****«S’INFORMER FATIGUE»*****
Je me permets de citer ici un texte de Ramonet:
«S’informer fatigue
par Ignacio Ramonet, février 1996
Au Monde diplomatique , s’informer demeure une activité productive, impossible à réaliser sans effort et exigeant une véritable mobilisation intellectuelle. Une activité assez noble, en démocratie, pour que le citoyen consente à lui consacrer une part de son temps et de son attention. Si nos textes sont en général plus longs que ceux d’autres journaux et périodiques, c’est qu’il est souvent indispensable de rappeler les données fondamentales d’un problème, ses antécédents historiques, sa trame sociale et culturelle, son épaisseur économique, afin de mieux en saisir toute la complexité.
De plus en plus de lecteurs acceptent cette conception exigeante de l’information et sont sensibles à notre manière, sans doute imparfaite mais sobre, d’observer la marche du monde. Les notes de pied de page, qui enrichissent nos articles et permettent éventuellement d’en compléter et prolonger la lecture, ne semblent pas trop les rebuter. Au contraire, beaucoup y voient un gage d’honnêteté intellectuelle et un moyen d’enrichir leur documentation sur tel ou tel dossier.»
S’informer fatigue mais peut aussi entraîner de grands plaisirs. Du moins je le pense.
JSB
Note:
Depuis plusieurs jours je suis incapable de faire publier dans votre chronique les « Jacques Brassard et … » qui m’interesse beaucoup.
Je comprends que la moderation est faite par pierrejeanjacques ou son beau frere pour les chroniques ( mais c’est probablement a l’interne de la boite vu le nombre restreint de commentaire, peut etre meme des blogueurs ).
Je pense qu’on est capable de voir qu’il y a des blogueurs, moderateurs, et autres qui ont une certaine vision de ce que devrait etre un commentaire acceptable et qui encourage certaines pratiquent qui vont au dela de la netiquette, et aussi capable de voir qu’il y a dans le fond une inertie de la part meme des blogueurs qui me parlent de mobilisation, de liberte et de media.
Dans le fond le philosophe, l’homme qui me parle de mobilisation peut-il vraiment accepter meme si ce n’est pas lui meme qui le fait, une moderation qui va bien au dela de la netiquette pour ses chroniques. Ne se retrouve-t-il pas lui meme dans un paradoxe ….
Dans le fond ca illustre quoi sinon les difficulte meme dans un petit petit media pour l’internaute d’avoir une liberte d’expression et les difficultes meme pour ceux qui parlent de liberte de la faire vivre concretement dans le petit media …
Pour mon cas, ca illustre ce qui me semble une personnalisation de la moderation, la demesure et une utilisation probablement etroite et abusive des regles de la netiquette. J’y vois des cas de « malpractice » de moderation.
Je vais faire dans le sophisme mais je me demande bien comment on pourrait me faire croire a changer le monde, plus modestement le Quebec, ou meme simplement faire la politique soit disant autrement quand on peut meme pas changer ce qui me semble des mauvaises pratiques de moderation dans les chroniques et certains blogues dans un tres tres petit media … par de petit individus …
Le plus fascinant c’est que c’est probablement a moi qu’on va reprocher un crime d’hybris, une espece de demesure de relever a nouveau la difficulte de publier. On va me mettre dans les trolls, les hatters, les pas de vie, les tatas alors que dans le fond je pense que ces outils dont on dispose pour personnaliser la moderation font dans la demesure, la demesure c’est ne pas publier des textes qui a leur face meme respecte la netiquette.
—-
Voici mon texte …
(1) La validite scientfique …
Vaste debat …
« Excellente chronique, mais ceci n’est pas un argument. La validité scientifique ne s’établit pas par consensus. »
« La « preuve blindée » est du domaine des mathématiques (en géométrie par exemple) mais pas du domaine des la science de la nature. »
Je pense qu’il se dit ben des conneries et que ben du monde aurait interet a se perdre dans une bibliotheque de mathematiques.
Meme pour les mathematiques les consensus arrivent ici et la.
Il y a des preuves « simples » par contre pour certains resultats … ca prend du temps avant que les mathematiciens dans le domaine se mettent d’accord.
Parfois « se convaincre » d’un argument x entre A et B … c’est pas evident. Ensuite une preuve de centaines de page avec nombreuses techniques, des technicalites ici et la ….
C’est pas vrai que c’est « evident » … et oui le fait d’amettre comme ok une preuve en mathematique revient a cette idee de consensus et on fait appel a des « experts ».
—
(2)
« Les premiers héliocentristes étaient des dissidents qui ne faisaient pas le poids. »
Ben beau evoquer les premiers heliocentristes …
Ce qui me fascine moi c’est comment on fait des comparaisons boiteuses et des utilisations abusives de l’histoire des sciences.
On nous ramene ici dans une posture avant meme qu’on fasse veritablement de la science, de la philosophie des sciences et de l’epistemologie, avant meme que la distinction entre science et discussion de philosophe soit etablie …
On nous ramene a une epoque ou les discussions se faisait avant tout par debat philosophique vaseux ….
Un geux qui dit la terre est au centre pour whatever raison philosophique pis l’autre non pour whatever raison philosophique … sans qu’aucun des deux n’ait l’ampleur intellectuelle de verifier par la l’experimention …
Et donc .. dans le cas qui nous occupe … on parle de modele faisant intervenir equations differentielles non lineaire, methodes numeriques, physique, chimie, nombreux instruments de mesure etc …
C’est quoi l’ostie de rapport en ca … pis la posture de geux il y a x nombre d’annees qui pour x raison philosophique voulaient pas considerer telle ou telle idee ?
Et pour ceux qui se voient comme les Galile des temps modernes pis des incompris …. non vous etes pas des Galile des temps modernes ….
Le concept valeur-travail formalisé par Adam Smith fut enterré par Karl Marx, mort en 1883. Presque au même moment naissait la moissonneuse-batteuse industrielle, qui permettait de faire en quelques heures de travail l’équivalent de ce que 200 ouvriers accomplissaient auparavant dans une journée.
Tel que le dit le dicton, (Time is Money, « The Free-thinker, v.3 p.128, 1723, repris et popularisé par Franklin en 1748), le temps avait toujours dans la conscience des gens, mais cette valeur ne faisait plus partie du résultat économique. Le temps n’était plus une valeur ajouté mais une dépense nécessaire. Il était dorénavant possible « d’acheter » du temps. Claas n’avait probablement aucune idée de la révolution qui prit naissance du à son invention.
– Les fermiers ne pouvaient plus prendre le temps de moissonner et labourer.
Ça prendra deux décenies pour que Ford donne naissance au capitalisme du bien-être, misant à la fois sur l’optimisation industrielle (pour sauver du temps) et le bien être des travailleurs (qui sauveront aussi du temps grâce à l’automobile).
– Les ouvrier n’avaient plus le temps de construire: il fallait optimiser le temps par l’optimisation des chaines de montages.
L’electricité devint accessible au peuple en 1930, popularisant du même coup la machine à laver, vendus et achetés pour les économies de temps qu’elle offrait.
– Les gens n’avaient plus le temps pour les corvées.
Les voitures ont ensuite ammené les « drive-in », on pouvait maintenant manger rapidement sans même prendre le temps de sortir de la voiture. La nouriture surgelé, la pillule contraceptive, la calculatrice électrique (1960), l’ordinateur, l’internet, l’internet haute vitesse, l’internet très haute vitesse…
Nous avons maintenant accès à presque tout le savoir humain sans avoir besoin de sortir à la bibliothèque. Pourtant de plus en plus d’individus ressentent un manque de temps de plus en plus accentué. Plus nous sauvons du temps, moins nous en avons.
Quand c’est rendu qu’on voit des commentaires publiques se plaignant de la longueur d’un texte « À l’ère de Twitter et des microposts », il serait peut-etre bien de s’arrêter et de penser aux moyens à employer pour sensibiliser des gens qui arrêtent d’écouter un vidéo à 1min26 et se limitent à lire 1 paragraphe parcequ’ils n’ont pas le temps.
La triste réalité d’aujourd’hui est la suivante: Les gens n’ont plus le temps d’être libres.
À quoi bon diffuser des informations que seul les intellectuels écouteront. À quoi bon écrire des textes qui ne seront lut que partiellement. À quoi bon expliquer à des gens qui n’ont pas le temps de comprendre. Les gens ne se donnent même plus le temps de penser, nos politiciens non plus: ils laissent la tâches aux relationnistes et aux lobbyistes qui eux, ont compris à quel point l’opinion publique est occuppé à faire autre chose que de s’interressé.
La solution passe par la vulgarisation et la simplicité.