Le 21 mars étant la Journée Mondiale de la poésie, j’ai demandé à mon poète préféré, Jacques Prévert (1900-1977) de commenter le débat des chefs tenu hier au Québec. Voici son texte:
Vers la fin d’un discours extrêmement important
le grand homme d’État trébuchant
sur une belle phrase creuse
tombe dedans
et désemparé la bouche grande ouverte
haletant
montre les dents
et la carie dentaire de ses pacifiques raisonnements
met à vif le nerf de la guerre
la délicate question d’argent.
(Le discours sur la paix, dans: Paroles)
Eh bien, même Prévert qui y va d’un commentaire sur la politique! Bien trouvé, Monsieur Baillargeon.
Mon poète de prédilection, c’est Charles Baudelaire. Mais celui-ci ne s’est pas intéressé à la politique. Peut-être quelques allusions ici ou là dans sa volumineuse correspondance (publiée en deux tomes chez La Pléiade), mais sinon rien digne de mention.
Alors, je me tourne plutôt du côté de la formation britannique Cream (Eric Clapton, Jack Bruce et Ginger Baker) en vous proposant un extrait des paroles (répétitions en moins) de leur chanson «Politician». Parue en 1968 sur leur album double «Wheels of Fire».
POLITICIAN
Hey now baby, get into my big black car
I want to just show you what my politics are
I’m a political man and I practice what I preach
So don’t deny me baby, not while you’re in my reach
I support the left, though I’m leaning to the right
But I’m just not there when it’s coming to a fight
Pour qui comprend bien la langue anglaise et sait lire entre les lignes, ces mots dénotent d’un très grand cynisme à l’égard de la politique. Notamment ce «show you what my politics are» indiquant que quelqu’un court le risque de se faire f****er illico en montant à bord, et sans négliger non plus le caractère bassement opportuniste et électoraliste qu’évoque «I support the left, though I’m leaning to the right».
Espérons malgré tout que nos politiciens ne soient pas aussi roublards, quoiqu’à en voir aller certains… c’est loin d’être facile d’être optimiste et confiant.