En France, climat de peur autour d'un film racontant la vie d'un skinhead
Cinéma

En France, climat de peur autour d’un film racontant la vie d’un skinhead

L’auteur-compositeur-interprète et réalisateur français Diastème se désole: 50 avant-premières de son film Un Français auraient été annulées et la sortie du film est menacée par des exploitants apeurés par ce long métrage racontant la vie d’un skinhead.

En suivant Marco (Alban Lenoir) sur une durée de 30 ans, le film de Diastème montre la violence et la colère contre les Arabes qui habitent et nourrissent les gestes de ce skinhead mais aussi son choix d’abandonner la rage et de manifester son regret, déterminé à devenir quelqu’un de bien. On pense évidemment à American History X, de Tony Kaye, qui a un scénario similaire et dans lequel brillait le comédien Edward Norton (nommé aux Oscars). Mais dans Un Français, comme le soulignent Les Inrocks, « les grands moments de l’histoire de l’extrême droite en France sont traités, des affrontements entre punks et skinheads dans les années 80 jusqu’à la récente Manif pour Tous. »

Diastème (Patrick Asté)
Diastème (Patrick Asté)

Sur son blogue, Diastème (Patrick Asté) relate ses discussions avec sa coproductrice Marielle Douigou, laquelle lui aurait annoncé que « les 50 avant-premières du film devant avoir lieu dans 50 villes sont annulées parce que certains exploitants ne veulent pas le film parce qu’ils ont peur ». Elle aurait ajouté que «plus de 100 salles prévues pour la sortie du film se transforment en moins de 50.»

Le communiqué officiel émis plus tard par la boîte de productions Mars Films nuance un peu ces propos mais affirme le refus de plusieurs exploitants d’héberger des avant-premières. « Un grand nombre de cinémas ont été contactés pour organiser des avant-premières suivies de débats en présence d’associations locales. La plupart n’ont pas donné suite à cette proposition. La raison officielle: complexité de mettre en place un événement aussi particulier, nécessitant des précautions de sécurité, alors que toute la profession préparait son départ pour le festival de Cannes. »

Mars Films précise aussi que « la sortie initiale prévue autour d’une centaine de copies a été ramenée à 60 afin d’optimiser au mieux chaque copie et de valoriser chaque salle diffusant le film ».

Or, il demeure que le film fait l’objet, depuis plusieurs semaines, d’une « spectaculaire campagne de haine sur les réseaux sociaux, attisée par des commentaires violents, agressifs, menaçants, autour de sa bande-annonce ».

« À l’heure où j’écris ces lignes, poursuit Diastème sur son blogue, je me sens un peu abattu. J’ai raconté l’histoire d’un homme qui se débarrasse de la violence et de la haine en lui. C’est un film de paix. Un film de cinéma. Et ce que je reçois, depuis quelques semaines, n’est que violence et haine, guerre, et ce n’est pas du cinéma… »

Une histoire à suivre.

Aucune date de sortie du film n’a encore été annoncée pour le Québec.