Québec Exquis! : la capitale se fait gastronomique
Jusqu’au 29 avril, le festival culinaire prend d’assaut Québec. Une 8e édition autour de la thématique des vins du Languedoc, et quelques nouveautés annoncées…
Avril est le troisième mois le plus difficile au niveau touristique. C’est un peu pour renverser la tendance et briser la monotonie de cette période entre-deux saisons que Québec Exquis! propose deux semaines de gastronomie et de festivités entre la sloche et les premiers bourgeons. «On veut devenir à avril ce que le Carnaval de Québec est à l’hiver, indique Vincent Lafortune, président du festival. On offre un printemps gastronomique, une saison haute dédiée à la gastronomie, à l’art de vivre, aux producteurs… Pour découvrir Québec sous son jour le plus savoureux.»
Du côté des restos, le festival culinaire a cette année agrandi son offre, qui passe de 20 à 25 établissements participants – mais pas plus, pour garder uniquement des restaurants soigneusement sélectionnés. «On a une liste d’attente depuis plusieurs années! s’exclame Vincent. On joue autant sur du bistro que du gastro, et dans tous les secteurs de la ville. Mais on vise uniquement la restauration qui a à cœur les produits locaux.» De la rue Saint-Jean à la réserve de Wendake, les établissements participants couvrent ainsi l’ensemble de la ville.
Avec des menus à 20$ le midi et 40 et 50$ le soir, Québec Exquis! permet à tous les portefeuilles de s’offrir une sortie au resto – une nouvelle catégorie à 60$ le soir a été ajoutée cette année pour inclure les plus grands restaurants, comme L’Initiale. Chaque chef est jumelé avec un producteur agroalimentaire de la région dont il doit mettre le produit en avant dans son menu. Côté boissons, des accords entre les plats et les vins du Languedoc sont mis au point par les sommeliers des restaurants participants.
Pour digérer entre deux restos, une quinzaine d’activités est prévue: marchés, programmation culinaire au cinéma Le Clap, etc. «On est très inclusifs dans la nouvelle formule, il n’y a pas que des restos. Ça nous permet aussi de rejoindre des gens qui ne seraient pas venus jusque Québec. Le lien chef-producteur est le cœur du festival, mais on vient lui ajouter tout ce qu’il faut pour que quelqu’un qui aime boire et manger se sente interpellé, qu’il vienne de l’Ontario, de Montréal ou du Saguenay…»
Pour faciliter la vie aux gourmands venus d’ailleurs, la programmation est cette année concentrée sur les deux week-ends. Le Grand Festin prévoit ainsi un souper sur une longue table accueillant 150 convives, tandis que des démonstrations culinaires du chef exécutif du Fairmont Le Reine Elizabeth auront lieu au Marché Éphémère du Vieux-Port. Si les fins de semaine sont très animées, les autres jours ne sont pas en reste dans la programmation, pour «défier la réalité de Québec» et montrer qu’ «on peut sortir même le mardi!»
Bref, le festival de la capitale se taille tranquillement une place parmi les grands événements culinaires de la province. Il était d’ailleurs nominé dans la catégorie «Événement gastronomique de l’année» à la première édition du gala Les Lauriers de la Gastronomie québécoise, qui a eu lieu ce lundi. Sous son slogan de «une expérience gourmande unique», Québec Exquis! vise environ 30 000 participants cette année, soit 5 000 de plus qu’en 2017… Avril sera définitivement gastronomique.
Trois idées restos :
Chez Boulay
Le chef Arnaud Marchand travaille pour le festival avec les canneberges de Nutra-Fruit. Il propose en entrée un ceviche de pétoncle de la Gaspésie, avec sauce vierge à l’huile de pépin de canneberge et poireau. La texture des pétoncles, si douces en bouche, est réveillée par un craquant de pétoncle à la canneberge…
Le plat est un magret de canard – laqué à la canneberge bien sûr. Une salade tiède de légumes rôtis à la racine de céleri sauvage accompagne la viande, le tout arrosé de jus de canard à la sauge. Le chef vient ici utiliser son produit associé, la canneberge, sous toutes ses déclinaisons. Un plat qui reflète bien la cuisine boréale du bistro.
Le dessert, dans une (très) légère note sucrée, termine sur un brownie au chocolat noir 65% et à la canneberge, confit de canneberge, mousse au chocolat blanc 34 % et thé des bois. Une jolie création tout en douceur…
Le Champlain
Jumelé à la Laiterie de Charlevoix, Stéphane Modat s’en est donné à cœur joie. Après une mise en bouche au choix du chef, on commence par une succulente entrée de truite de mer confite au petit-lait. Une crème froide de cresson colore joliment l’assiette, tandis que le fondant de la truite est contrasté par le croustillant de pépites de tomme… Un régal.
S’ensuit une joue de bœuf dont la cuisson 24 heures au jus lui confère une tendreté incomparable. Cette belle pièce de viande s’accompagne d’une purée de panais rôtie et fumée liée à la tomme fraîche, relevé par le goût prononcé d’un ragoût de pleurotes. Copieux et gourmand!
On termine le repas avec une mousse de lait entier réduit, compote aux pommes caramélisées, sorbet au cacao et millet soufflé au chocolat. Le tout accompagné par les accords du sommelier Zsombor Mezey. L’occasion de découvrir à prix d’ami ce resto digne du château qui l’abrite…
Le Tournebroche
Cette rôtisserie haut-de-gamme qui a à cœur d’utiliser les produits locaux est associée pour le festival à la Famille Migneron et ses succulents fromages. On commence ainsi par un fondant à la tomme d’Elles, avant de poursuivre sur une originale soupe à l’oignon déconstruite…
L’ancien chef du Patriarche propose comme plat principal est une longe de porc grillée, avec arancini aux champignons et fromage Le Secret de Maurice (tandis qu’on se régale le midi avec un parmentier de poulet bio, avec bien sûr fromage Migneron de Charlevoix). Fondants, les fromages viennent ajouter de gourmandes saveurs aux plats.
En dessert, on a adoré ce clin d’œil au S’Mores, avec guimauve maison au citron, sauce au chocolat et… Ciel de Charlevoix! Les produits fromagés sont bien mis à l’honneur, de l’entrée jusqu’au dessert. Une belle adresse de la rue Saint-Jean à découvrir midi ou soir.