Cinéma

Cinéma québécois: L’âge de la performance

Le dernier des 13 épisodes de la série documentaire Cinéma québécois, de Georges Privet, sera diffusé ce mercredi soir. Intitulé L'âge de la performance, cet épisode abordera la dichotomie qui s'accentue depuis une dizaine d'années entre le cinéma dit commercial et les films d'auteur:

Reconnu
depuis ses débuts comme une forme d'expression essentiellement culturelle et
identitaire, notre cinéma a vécu ces dernières années un changement de cap
majeur en passant à l'âge de la performance commerciale. Si les acteurs du
milieu cinématographique se réjouissent unanimement de la popularité récente de
notre cinéma, la plupart s'entendent aussi pour reconnaître que les politiques
axées sur le box-office ont des effets pervers. Les ressources financières
allouées aux films d'auteur diminuent alors que le nombre de postulants à la
réalisation explose avec la multiplication des écoles de cinéma. Résultat : des
cinéastes chevronnés et de nouveaux cinéastes prometteurs font la file dans
l'espoir d'un ticket pour une éventuelle réalisation dans deux, trois ou… cinq
ans. La continuité dans l'exercice du métier n'existe plus. Or, le but de
l'existence n'est pas d'avoir des millions et de diriger cinquante personnes,
c'est de faire un film, de construire une œuvre, dit le cinéaste Bernard
Émond.

Dans cette
optique de performance commerciale, les stratégies de distribution et de mise en
marché constituent l'élément clef pour la sélection des films à produire. Le
pouvoir est donc passé aux mains des gros distributeurs qui, à coups de
campagnes de promotion agressives et coûteuses, ont réussi à faire la conquête
d'écrans monopolisés depuis toujours par les Américains. Bravo! Mais il y a un
prix à payer pour cette réussite. C'est celui de l'uniformisation. Nos films,
portés par des vedettes populaires vite surexposées, sont de plus en plus
calqués sur les films de genres hollywoodiens familiers du grand public,
thrillers, films d'action, comédies romantiques. Sur le plan financier, les
investissements à la mise en marché sont tellement élevés que les recettes aux
guichets peinent à les couvrir, si bien que, toutes proportions gardées, les
petits films retourneraient plus d'argent aux institutions de financement que
les films à gros budgets.

L'équilibre reste donc
à créer entre les pôles culturels et commerciaux de notre cinéma. L'audace,
l'imagination, le risque et la continuité doivent être encouragés, à défaut de
quoi notre cinéma, figé dans des formules éprouvées, perdra toute spécificité.
Diversité et qualité sont les clefs du succès.

 21h, à Télé-Québec.  cinemaquebecois.telequebec.tv