C'est aujourd'hui, à 20h à l'eXcentris, que sera présenté la version restaurée et numérisée en HD par Éléphant du film Le Party du regretté Pierre Falardeau, tourné il y a 20 ans au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul avec entre autres Charlotte Laurier, Jean L'Italien et Alexis Martin, qui seront sur place ce soir.
Autres suggestions pour ce mardi 19 octobre:
– Shit Year de Cam Archer, avec Ellen Barkin dans le rôle d'une actrice déchue (19h au Quartier Latin; aussi le 20 à 15h15).
– Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, Grand Prix du Jury à Cannes et représentant de la France aux Oscars (19h30 au Cinéma Impérial).
– Burn Out the Day, une comédie dramatique réalisée et interprétée par Cinqué Lee (le frère de Spike) et Sean Bohary, qui est mort peu après le tournage (19h15 à l'exCentris; aussi le 21 à 17h30).
Au fond, Pierre, c’était un esthète, un « songé » qui avait étudié à l’université. Il était ethnologue de formation, je crois. Ses idées politiques, sa conception même de la culture, de l’Histoire m’horripilaient. Son « Octobre » est un film de propagande digne de l’ex-URSS.
Pourtant j’aimais Pierre et son absence crée un grand vide où vont s’engouffrer un tas d’intellos assez confus, surtout dans nos médias imprimés.
Pourquoi je l’aime? Parce qu’il est le plus américain des intellos d’ici, ne serait-ce que par sa parlure, son style qui n’emprunte rien à la mère patrie. Son Elvis Gratton, c’est lui ,Pierre Falardeau, à son corps défendant, je l’ai rencontré en Floride, qui s’en va sur la plage avec son drapeau du Québec comme parasol, qui se met en criss parce que le restaurant où il va déjeuner à Fort Lauderdale a pas « Le Journal de Montréal », Cet Elvis Gratton-là, qui a voté OUI à 60% dans les régions, qui carbure au western et à la moto-neige , c’est exactement le même qui s’engueule avec son char, dans je me souviens pas quel film.
Falardeau c’était surtout un homme de grande culture, admirateur de Leonard Da Vinci et de Camus, qui sentait mieux que quiconque la fragilité de notre présence ici, en Amérique du Nord, sans doute parce qu’il ne se voyait pas vivre ailleurs, d’où sa colère constante , chez un homme qui vivait difficilement cette rupture avec l’Europe.
L’artiste est disparu, mais son urgence demeure, plus que jamais insupportable…