Propos recueillis au TIFF : Les fins ouvertes de Farhadi
Cinéma

Propos recueillis au TIFF : Les fins ouvertes de Farhadi

Prix du jury oecuménique et prix d’interprétation féminine pour Bérénice Bejo à Cannes, Le passé d’Asghar Farhadi laisse, à l’instar d’Une séparation, le spectateur devant une fin ouverte qui le hantera longtemps.

Deux ans après Une séparation, Asghar Farhadi propose une fois de plus un récit en apparence assez classique, celui d’une femme (Bérénice Bejo, dans le plus grand rôle de sa carrière) demandant le divorce à son mari (Ali Mosaffa) afin de refaire sa vie avec un autre homme (Tahar Rahim), qu’il complexifie au fur et à mesure que les personnages dévoilent des pans de vérité et des secrets du passé.

Dès que le générique de fin défile sur ce superbe plan final où le sort des personnages est laissé en suspens, comme c’était le cas dans Une séparation, on se dit immédiatement que l’on vient de voir un grand film…

« Ces deux finales sont d’une certaine façon assez similaire et en même temps très différentes. La similarité, c’est que les deux films se terminent au moment où une autre histoire va commencer. Une séparation se terminait sur un dilemme auquel devait faire face l’un des personnages; ce dilemme était très clair. Dans Le passé, le dilemme auquel fait face le personnage ne l’est pas vraiment. De plus, le spectateur est témoin de quelque chose que le personnage ne voit pas – c’est la première fois que je termine un film ainsi », explique le réalisateur rencontré au Festival International du Film de Toronto vendredi après-midi.

Bien que la scène finale du Passé nous hantera longtemps après la projection, on se dit pourtant bien vite que ce film-ci n’est pas à la hauteur du précédent. De fait, quelques revirements paraissent artificiels, voire mécaniques. Moins subtil qu’Une séparation, Le passé s’avère toutefois une fine exploration du mensonge et ses dommages collatéraux. Force est de reconnaître le grand talent de scénariste du cinéaste iranien qui tournait pour la première fois en France.

« Quand j’ai commencé à écrire des dialogues pour des personnages français, je craignais qu’ils ne soient pas crédibles. J’ai donc suivi mes instincts et une fois terminé, j’ai fait lire le scénario à des Français, dont Jean-Claude Carrière, qui m’a dit que c’était un scénario parfaitement français. Jean-Claude n’a fait que quelques modifications mineures. C’est à ce moment que j’ai compris que ce n’est pas la nationalité des gens qui déterminent qui ils sont, mais leur personnalité. »