Pourquoi le nouveau Ghostbusters sera meilleur que le premier
Avec une distribution féminine solide et efficace et une équipe de scénarisation du tonnerre, le nouveau Ghostbusters risque de devenir un classique Blockbuster.
La trame narrative principale de la série Ghostbusters, c’est le fait de chasser des spectres qui hantent encore notre monde. Et bien, chers cinéphiles nostalgiques, il nous faudra nous débarasser des fantômes déformés de notre enfance pour accepter ce simple fait: le nouveau Ghostbusters, avec une distribution féminine, dépassera, en termes de qualité et de revenus, son ancêtre masculin.
Histoire de filles
Tout d’abord, il faut défaire le mythe entourant la distribution originale. Si Bill Murray reste hilarant dans la mémoire collective, son personnage, dans le premier film de Ghostbusters, est un presqu’agresseur sexuel, dont les avances répétées envers un des seuls personnages féminins du film tient davantage du harcèlement que de la livraison comique. Mais ce genre de contenu était acceptable à l’époque. Regardez Austin Powers aujourd’hui même et vous sentirez probablement un léger malaise face à cette insistance crasse pour séduire un personnage féminin dont la profondeur est releguée au second plan au profit de blagues coquines qui la rendent unidimensionnelle.
Mais bon, reste qu’en termes de performances, Bill Murray est un maître d’humour. À celui-ci j’opposerai les très peu mémorables Dan Aykroyd, l’ordinaire Harold Ramis et l’impertinent Ernie Hudson. Notons que ce dernier, qui a remplacé un Eddy Murphy non-intéressé, s’est montré incapable de voir la pertinence d’une distribution féminine. Non pas que son sexisme paresseux soit un obstacle à une performance cinématographique, mais en même temps, tant mieux si on ne le voit pas au grand écran.
— Paul Feig (@paulfeig) 27 Janvier 2015
D’un autre coté, la distribution féminine est particulièrement solide. Melissa McCarthy risque de voler la vedette, tout simplement parce que la livraison comique de cette actrice est absolument impeccable, précise, et décroche le rire à coup sûr même dans les scènes moins intéressantes de ses nombreux films. Si Kate McKinnon est capable d’incarner l’esprit humoristique qui habite son habile imitation de Justin Bieber, elle crèvera inévitablement l’écran. Son incarnation de la pop-star canadienne n’est pas son seul crédit dans une présence remarquée à Saturday Night Live, mais elle prouve qu’elle est capable de tuer avec un regard, et ça risque de lui devenir utile sous peu.
Je dois avouer moins connaître Leslie Jones, mais Kristen Wiig s’avère un autre choix solide. Capable de briller dans une distribution entièrement féminine avec Bridesmaids (aux cotés de Melissa McCarthy), elle a également ajouté sa marque à Anchorman 2, The Secret Life of Walter Mitty et a interprété une jeune Lucille Bluth dans Arrested Development, en plus de sa présence à SNL et de ses nombreuses apparitions sonores dans différents films d’animation. Une force comique, donc, à considérer.
Tout le reste
Mais ce n’est pas uniquement un biais positif pour la distribution féminine qui devrait nous emballer, bien qu’une trame narrative féminine risque d’être assez rafraîchissante. Katie Dippold co-scénarise ce film avec Paul Feig (qui le réalise): elle a écrit plusieurs épisodes de Parks and Recreation, une des émissions à la fois les plus drôles et les plus touchantes à la télévision, et il a écrit de nombreux épisodes de Freaks and Geeks, en plus de réaliser des épisodes de Arrested Development et The Office: nos rires, somme toute, sont entre de bonnes mains.
Il faudra non seulement se défaire d’une nostalgie quasi sexiste envers l’ancienne distribution, mais il faudra aussi constater que Ghostbusters, ce n’était pas si bon. L’avez-vous vu récemment? Entre deux tentatives maladroites de séduire Sigourney Weaver, Bill Murray et sa bande ont droit à deux ou trois rebondissements qui mènent à une résolution rapide d’un conflit peu enlevant. Si ça divertissait auparavant, ça n’a plus la force narrative et efficace des blockbusters d’aujourd’hui, dont le rythme incessant risque de créer un manège bien amusant. Oui, dans votre enfance, les manèges étaient vraiment prenants, et effrayants. Mais revenez au parc d’attraction vingt ans plus tard et vous réaliserez que ce qui vous marquait tant était petit, et ordinaire, déformé par un petit cerveau enthousiaste avide de nouvelles expériences.
Le prochain Ghostbusters sera meilleur que le premier. Et ce n’est même pas parce que l’équipe, sur papier, assure et livre. C’est tout simplement parce que nous avons érigé en mythe légendaire un film correct.
Le film devrait sortir le 22 juillet 2016.